Le Commando parachutiste de l’Air n°30 sera bientôt doté de systèmes de drones tactiques légers

Les drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance], comme le MQ-9A Reaper et, demain, l’imposant EuroDrone, n’offrent pas toujours la flexibilité dont le Commandement des opérations spéciales [COS] a besoin pour les missions qui lui sont confiées. Aussi plaide-t-il, depuis maintenant six ans, pour obtenir des appareils plus légers, de type MAME [Moyenne Altitude Moyenne Endurance], afin de disposer de sa propre capacité ISR [renseignement, surveillance, reconnaissance].

Alors « patron » du COS, en 2017, l’amiral Laurent Isnard avait détaillé ce besoin lors d’une audition parlementaire. « Nous proposons de lancer […] un programme d’acquisition de drone MAME [100 kilomètres pour six heures de vol], disposant d’une charge de renseignement d’origine électromagnétique [ROEM] et capable d’emporter des armements de faible charge », avait-il expliqué aux députés.

À l’époque, l’amiral Isnard voulait en obtenir rapidement afin « d’acquérir une première expérience de ce type d’armes et d’en défricher les concepts d’emploi » afin de développer par la suite des appareils « plus autonomes, plus performants et à portée plus longue ». Seulement, les choses en restèrent là…

Ce dossier fut repris par son successeur, le général Éric Vidaud qui, quatre ans plus tard, exposa de nouveau les besoins du COS aux députés. Outre l’accent sur les munitions téléopérées [MTO] et les « développements capacitaires des essaims de drones, des drones de milieu [sous-marin et terrestre] et de drones à changement de milieu », il avait encore insisté pour obtenir des drones MAME, censés offrir « souplesse d’emploi et endurance » ainsi que « l’emport de doubles charges ».

Cela étant, il aura fallu attendre cette année pour que la Direction générale de l’armement [DGA] émette une demande d’informations pour un « système de drone tactique léger » [SDTL], en vue d’une commande potentielle portant sur 30 appareils. En outre, plusieurs industriels se sont mis en ordre de marche pour proposer des solutions, dont certaines ont été dévoilées lors de l’édition 2023 du salon SOFINS, dédié aux forces spéciales.

Ainsi, par exemple, EOS Technologie a développé le drone MAME « Endurance 900 » tandis que Survey Copter [filiale d’Airbus] mise sur le CAPA-X, un appareil « modulaire » pouvant effectuer des décollages et des atterrissages verticaux [VTOL] ou décoller depuis une piste courte [HTOL] et voler à 3000 mètres d’altitude, à la vitesse de 150 km/h.

De son côté, Thales a dit envisager une évolution de son Spy’Ranger, sur lequel repose le Système de mini-drones de renseignement [SMDR] de l’armée de Terre. « Une partie importante des recherches porte actuellement sur le type de propulsion le mieux adapté pour optimiser la portée et l’autonomie des drones, porteurs d’une charge utile encore plus importante », a-t-il récemment expliqué à ce sujet.

Quoi qu’il en soit, alors que la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 prévoit d’investir 2 milliards d’euros pour moderniser et renforcer leurs capacités, les forces spéciales françaises sont sur le point d’obtenir les drones MAME qu’elles réclament depuis longtemps.

En effet, spécialisé dans l’appui aérien rapproché, la reconnaissance de terrains sommaires en zones hostiles ou encore la recherche et sauvetage au combat, le Commando parachutiste de l’Air n°30 [CPA30] est l’unité référente de la Brigade des Forces Spéciales Air [BFSA] pour les petits drones de contact, « segment du projet SDTL-FS ».

Or, selon le dernier numéro du magazine spécialisé Air Fan, le CPA 30 soutient, à ce titre, « plusieurs plans d’innovation qui permettront l’utilisation de ces engins pour de nombreuses missions, comme la surveillance de points d’intérêt, la reconnaissance de terrains sommaires avec photogrammétrie, l’appui électronique, la levée de doute concernant un risque NRBC [nucléaire – radiologique – biologique – chimique] potentiel et le transport de poches de sang au plus près des zones d’accrochage ».

Aussi, le CPA 30 se verra donc confier « la mise en oeuvre du futur drone MAME/SDTL », dont les télépilotes, avance Air Fan, seront pour certains qualifiés SOGH [saut à ouverture à grande hauteur] pour le « déploiement aéroporté ».

« L’intégration du CPA 30 dans les opérations spéciales [depuis 2019, ndlr] répond à un véritable besoin opérationnel. L’enjeu est bien de mettre à la disposition, avec une empreinte la plus faible possible, des capacités spécialisées uniques ou complémentaires au sein de l’armée de l’Air & de l’Espace afin de pouvoir les intégrer à la manoeuvre aéroterrestre globale aux côtés d’acteurs interarmées, notamment dans le combat intensité », a résumé le commandant de cette unité, dans les pages du magazine.

Photo : archive – N’est pas représentative du drone MAME qui sera utilisé par le CPA 30

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3 contributions

  1. Faut tout lui expliquer. Mais a-t-il lu l'article ? dit :

    Avant que certains ne se lancent dans des commentaires malavisés sur la base de la seule photo d’illustration, insistons sur la toute dernière ligne de l’article :
    « Photo : archive – N’est pas représentative du drone MAME qui sera utilisé par le CPA 30 »

  2. Question dit :

    Du coup, est-ce le début de la fin pour les tireurs d’élite longue distance ?
    https://mars-attaque.blogspot.com/2021/05/recit-afghanistan-avril-2011-quand-les.html

  3. Jili dit :

    Il n’y a pas d’urgence et puis on n’en parle que depuis 2017. Ça avance normalement.