La Finlande va autoriser le déploiement de forces américaines sur son territoire

En 2016, face à l’intensification des activités militaires russes dans la région de la Baltique, la Finlande fit savoir qu’elle avait l’intention de signer un accord de coopération militaire avec les États-Unis, portant notamment sur le partage de l’information, la recherche et la formation.

À l’époque, Helsinki venait de publier un Livre blanc sur sa défense, lequel avait estimé que le « recours à la force militaire » par la Russie contre la Finlande ne pouvait « pas être exclu ». Pour autant, même si la question était posée, les autorités finlandaises n’envisageaient pas de rejoindre l’Otan, l’accent devant être d’abord mis sur le renforcement des coopérations militaires. D’où cet accord avec les États-Unis.

Depuis, afin de remplacer ses chasseurs-bombardiers F/A-18 Hornet de facture américaine, Helsinki a décidé de se procurer 64 F-35A auprès de Lockheed-Martin. Puis, suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, elle a entrepris les démarches pour intégrer l’Otan, de concert avec Stockholm.

Seulement, si la Finlande a rapidement été admise au sein de l’Alliance, la Suède attend toujours de l’être [et elle risque d’attendre encore pendant longtemps en raison du blocage de la Turquie et de la Hongrie]. Or, paradoxalement, cela met les Finlandais dans une position délicate…

« L’adhésion de la Finlande sans la Suède engendrerait une situation stratégiquement délicate de poste avancé sans continuité territoriale » avec le reste de l’Otan, avait en effet prévenu un rapport remis en 2016 au gouvernement finlandais. Pour rappel, la Finlande partage une frontière de plus de 1300 km avec la Russie…

Aussi, au-delà de son admission au sein de l’Otan, Helsinki entend encore renforcer sa coopération militaire avec Washington. Ce qui se traduira par la signature d’un nouvel accord bilatéral de « coopération en matière de défense » [DCA], prévue le 17 décembre prochain, à l’occasion d’une visite des ministres finlandais des Affaires étrangères et de la Défense, à savoir Elina Valtonen et Antti Häkkänen, aux États-Unis.

Concrètement, ce DCA permettra « le déploiement et l’entraînement des forces américaines » sur le sol finlandais, a expliqué Mme Valtonen. Mais pas seulement puisque ces dernières seront aussi autorisées à y stocker des équipements.

« Le DCA traite de questions pratiques telles que l’entrée des troupes, le prépositionnement du matériel et la fiscalité. Il précise les domaines sur lesquels se concentrera la coopération entre la Finlande et les États-Unis. À l’avenir, il permettra aux États-Unis d’utiliser le financement du Congrès pour d’éventuels investissements dans des infrastructures en Finlande », précise le ministère finlandais des Affaires étrangères. Et d’ajouter que ses dispositions « seront principalement basées sur l’accord de l’Otan relatif au statut des forces [NATO SOFA] ».

En outre, la même source estime que « l’adhésion de la Finlande à l’Otan ne diminuera pas l’importance de la coopération bilatérale avec les États-Unis » et que, « au contraire, elle ouvrira de nouvelles opportunités et favorisera la contribution de la Finlande à la défense collective » de l’Alliance.

Un tel accord sera vu d’un mauvais oeil à Moscou, qui avait par ailleurs annoncé des mesures « militaro-techniques » après l’admission de la Finlande au sein de l’Otan.

Récemment, le directeur du SUPÖ, le service du renseignement finlandais, a fait le constat que « la menace d’espionnage ou d’opérations d’influence [russes] contre des infrastructures essentielles [avait] augmenté » et que le Kremlin se préparait à « prendre des mesures contre la Finlande ».

Visiblement, la Russie mise sur des opérations de déstabilisation en provoquant une crise migratoire chez son voisin, en lui envoyant, via ses postes frontières [et même si elle s’en défend], des centaines de demandeurs d’asile venant notamment de Somalie, d’Irak et du Yémen. D’où la décision de la Finlande de fermer l’intégralité de sa frontière.