La DGSE mise sur le recrutement d’officiers sous contrat spécialistes pour préserver sa militarité
Depuis environ une quinzaine d’années, le nombre de militaires employés par la Direction générale de la sécurité extérieure [DGSE], qui relève du ministère des Armées, diminuent alors que, dans le même temps, ses effectifs ont constamment été revus à la hausse, la fonction « connaissance et anticipation » [en clair, le renseignement] ayant été mis au premier rang des priorités.
Ainsi, hors Service Action [SA], la DGSE comptait 29% de militaires dans ses rangs en 2008. Puis, cette proportion s’est lentement érodée durant les années suivantes, pour approcher désormais les 20%. Et cela, malgré plusieurs rapports parlementaires ayant mis en garde contre le risque d’une perte de la « militarité » de ce service de renseignement.
Lors d’une récente audition parlementaire, son directeur général, Bernard Émié, s’en était inquiété. « Lorsque j’ai pris mes fonctions, les militaires représentaient 25 % des effectifs, ils ne sont plus que 20 % aujourd’hui car les armées ne parviennent pas à mettre à notre disposition des personnels, non par manque de volonté mais par absence de ressources », avait-il déploré. Et d’ajouter : « Compte tenu de la hausse des effectifs, même si l’armée a maintenu son effort en valeur absolue, la composante militaire de la DGSE baisse. C’est un sujet de préoccupation car le service fait partie du ministère des Armées ».
Cette évolution est due à la combinaison d’au moins deux facteurs.
Les suppressions massives de postes au sein des armées, entre 2008 et 2014, ont ainsi réduit le vivier de recrutement de la DGSE, qui s’adressait aux sous-officiers possédant des qualifications particulièrement difficiles à trouver ailleurs que dans le monde militaire.
Dans le même temps, ayant besoin de compétences rares et de davantage d’ingénieurs, de mathématiciens et de techniciens pour ses spécialités techniques [cyber, chiffre, intelligence artificielle, big data, etc.], la DGSE a dû orienter son recrutement vers le monde civil.
Quoi qu’il en soit, la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 appelle à inverser cette tendance, ou, du moins, à la contenir. « La militarité des services de renseignement relevant du ministère de la Défense conduit à préserver un équilibre entre personnels militaires et personnels civils, notamment à la DGSE », indique-t-elle en effet, sans toutefois préciser où il fallait placer le « curseur ».
Alors qu’elle devra compter 5987 postes en 2024 [soit 264 de plus par rapport à cette année], la DGSE connaît toujours des difficultés pour son recrutement.
« Le constat de la pénurie de techniciens et d’ingénieurs cyber touche toutes les composantes des armées au même titre que le marché de l’emploi civil. Plusieurs problèmes sont soulevés : l’attractivité des rémunérations, le développement d’une concurrence entre services et l’évaporation des compétences », avancent en effet les sénateurs Pascal Allizard et Gisèle Jourda, rapporteurs pour avis sur le programme 144 « Environnement et prospective de la politique de défense ».
« Concernant la DGSE, il a été indiqué lors de l’audition qu’une politique de recrutement proactive [présence dans les écoles, sur les salons et les réseaux sociaux] portait ses fruits. Sur la fidélisation des personnels, des efforts importants ont été réalisés sur la rémunération [alignement sur la grille mise en place par la DINUM du ministère des Armées], sur la formation et la valorisation des parcours professionnels. Cette politique a permis de réduire significativement le nombre des démissions, y compris sur les métiers en tension », poursuivent-ils. Pour autant, cela ne répond pas à la préservation de sa militarité…
Aussi, se disant « attachée à la préservation de son double ADN civil et militaire », expliquent les rapporteurs, la DGSE a commencé à « mettre en pratique » la « solution du recrutement d’officiers sous contrat ». Et d’ajouter : « Cela renvoie à la question plus générale de la politique de recrutement des armées abordée dans le cadre du programme 212 « Soutien de la politique de défense ».
Cela étant, le processus de recrutement, qui s’adresse aux titulaires d’un diplôme de niveau minimum Bac +3, est assez long puisqu’il s’étend sur six à huit mois. Pour rejoindre la DGSE en tant qu’officier sous contrat spécialiste [OSC/S], il faut d’abord envoyer un curriculum vitae et une lettre de motivation à un Centre d’information et de recrutement des forces armées [CIRFA], qui les transmettra au service.
Le cas échéant, le candidat aura des entretiens avec un chargé de recrutement de la DGSE, qui aura à évaluer ses compétences et ses motivations. Puis il fera l’objet « d’études psychologique et de sécurité », avant de passer des tests d’aptitude militaire. Ces étapes franchies, il pourra signer un contrat d’engagement « correspondant à l’armée et à la fiche de poste DGSE choisies » et entamer sa formation militaire initiale dans une école d’officiers [Saint-Cyr Coëtquidan, École navale de Brest ou Salon-de-Provence].
La durée de cette dernière varie selon l’armée d’appartenance : elle est de douze semaines pour l’armée de Terre et l’armée de l’Air & de l’Espace alors qu’elle est de seulement trois semaines pour la Marine nationale.
Sur son site Internet, la DGSE précise que la durée du contrat d’OSC/S est de quatre à cinq ans. Mais celui-ci peut être « renouvelable jusqu’à vingt ans » [cela dépend de la gestion du personnel de l’armée d’appartenance, ndlr].
et pendant ce temps là, la DRSD recrute à tout va des MASTER sortis d’école pour remplacer des sous off … what else ?
La DRSD ne comprenant que des militaires, il est normal qu’elle essaye de recruter les meilleurs éléments possibles.
C’est bien sûr aussi le cas pour la DGSE, mais le problème est plutôt la répartition dans le service.
25% semblait idéal, car, si la présence militaire semble indispensable dans le service action notamment, pour ce qui est des missions de pénétration avec le maximum de discrétion et d’efficacité, des civils ( bien formés) me semblent indispensables.
Donc, revenir au ratio 25/75 me semble souhaitable, mais pas au-delà, pour les raisons que j’explique….
Ah bah oui…. c’est vrai, le militaire n’ayant jamais été civil de sa vie, la discrétion et l’efficacité il connaît pas….
Ce n’était peut-être pas le sens souhaité de votre post mais c’est ce qu’il transpire.
C’est dommage que les spécialistes doivent être des officiers sous contrat, sinon beaucoup de contributeurs nous quitteraient… Nous garderons le plaisir de les lire.
L’as de pique s’adapte :
« En 1986, le 44e régiment devient le corps support de la DGSE10 par changement d’appellation du 89e Bataillon des services. »
https://fr.wikipedia.org/wiki/44e_r%C3%A9giment_d%27infanterie
@ Philippe
L’amour, la chance, le havresac et la mort.
« Les quatre régiments étaient les seuls de France, appartenant à la même division, à avoir les deux citations. Et comme leur commandant, le général Philippot les appelait “mes as”, elle a pris le 16 septembre 1917 le nom de “division des as” », ajoute l’adjudant-chef Maryse.
« Les quatre chefs de corps ont alors demandé à leurs chefs d’approvisionnement de tirer les as, à Mourmelon. Le lieutenant du 44, qui n’était pas apprécié, n’a pas été invité. D’emblée, on lui a réservé le pique, écarté du jeu car il porte malheur, il est symbole de mort.
https://www.estrepublicain.fr/edition-belfort-hericourt-montbeliard/2017/11/30/un-jeu-de-cartes-a-l-origine-des-4-as
C’est donc le seul régiment (de réserve) qu’il reste à Paris.
Le 44 RI, lui est l’héritier du BCRA (c’était mon premier commentaire, mais l’autre est parti avant).
https://www.lopinion.fr/secret-defense/le-44e-ri-regiment-de-la-dgse-recevra-la-fourragere-de-lordre-de-la-liberation
Ce type de recrutement ne résoudra pas le problème Les recrutés partiront lorsqu’ils auront acquis de l’expérience et compris qu’ils font partie de la catégorie des consommables (generalement entre 35/40 ans maimum, à l’age qiu permet d’envisager relativement sereinement une deuxième *carriere » ailleurs)
Curieux, cette différence de durée de la formation militaire initiale entre les 3 armées … Peut-être que la Marine Nationale ayant plus l’habitude d’employer des « civils » dans ses « arsenaux » par exemple à moins besoin de « militarité » … Ou pire encore, cette « militarité » en décourage plus d’un ?
Belle démarche mais en diminuant peut être le curseur Bac+3 et moins de cravates! nos Armées trouverons de trés belles compétences sur notre territoire ! à l image de se que font les Armées US !
Merci Thank you merci a vous !
À l image de Ce que font les Armées US.
C’est pas avec des officiers sous contrat qui vont garder leur militarité. Ayant côtoyé cette population pendant 33 ans de carrière ce sont des civiles déguisés en militaires, ni plus ni moins.
C’est pas avec des pleurnicheuses de votre trempe qu’on va avancer. Ancien officier de carrière ayant côtoyé ad nauseam la population qui tient vos propos, ce sont des cégétistes aigris déguisés en militaire, ni plus ni moins.
Votre pseudo me rappelle un lieutenant apprécié qui portait ce surnom. Spire avant l’Anjou, peut-être ?
Pour avoir exercé en tant qu’ « OSC » les mêmes responsabilités que des officiers de carrière entre les années 70 et 90 (et avoir même servi de « tampon » pour éviter des ennuis à la carrière d’un d’entre eux) je modulerais vos propos et dirais que la proportion de c….et de gens biens était la même partout, avant de se dégrader avec l’apparition des carriéristes concomitamment à la disparition de ceux qui avaient connu l’Indochine et l’Algérie. (Problème d’éducation et de vécu probablement, l’esprit concours et le paraître n’étant pas à la mode auparavant….)
Le militaire moyen est un fonctionnaire qui piétine des pieds de 17h à 17h30 en attendant de quitter le service et râle quand on le lâche à 17h31. Donc des gens issues du civil privé ne feraient pas de mal.
« Le militaire moyen » Vous vous considérez au dessus du……….panier?
« qui piétine des pieds de 17h à 17h30 en attendant de quitter le service et râle quand on le lâche à 17h31 » On sent le vécu, des vieux souvenirs sans doute!
« Donc des gens issues du civil privé ne feraient pas de mal. » En règle générale milieu « civil » par opposition au milieu « militaire » est……………………. »privé » SSinon j’ai connu des militaires feignants comme pas possible et des civils qui en « voulaient » mais aussi…………………..l’inverse! Le monde est ainsi fait, il est……………………………complexe!
Les ……….. c’est quand vous …………. réfléchissez ? C’est ………. c*n……….
Vous êtes quand même sacrément dur voir même de mauvaise fois. Moi, ancien sous-officier pendant longtemps , j’en ai côtoyé de cette population d’OSC et des très très bien.
Ce n’est pas le cursus de son recrutement qui font les qualités d’un bonhomme (et d’une femme) mais sa personnalité, sa culture et son intelligence.
Des profiteurs il y en a dans toutes les catégories et vos propos ne donne pas une bonne image (hormis celle d’un aigris) de la nôtre de catégorie.
Bref, dommage que vous teniez des propos comme ceux là.
Je vous rejoins sur cette vision des choses. Dans des services sensibles l’importance que revêt l’attachement à son pays ne peut pas être assujettie à la seule qualité militaire du titulaire du poste…
N’a t on jamais vu des militaires traîtres à la Patrie ? Je pense que la pertinence du recrutement doit d’abord être fonction du « profil » du candidat…. malgré tout les valeurs morales portées par les Armées doivent rester à l’esprit de tous…
Si la recherche du gain est l’unique motivation alors autant passer son chemin..
Pour exprimer « et même », c’est l’adverbe voire (avec son e final) qui convient, mais jamais le verbe voir (qui n’a pas cette signification).
Vous êtes quand même sacrément dur, voire même de mauvaise foi.
De plus, l’expression « voire même » étant généralement considérée comme un pléonasme (qui signifierait « et même même »), il est recommandé d’employer « voire » seul.
Vous êtes quand même sacrément dur, voire de mauvaise foi.
La mauvaise fois, c’est quand on se trouve au mauvais endroit au mauvais moment.
Concernant la question de savoir si votre interlocuteur profère sciemment des contrevérités, c’est plutôt de mauvaise foi qu’il s’agit.
Il était une fois,
Dans la ville de Foix,
Une marchande de foie
Qui vendait du foie ;
Elle se dit : Ma foi,
C’est la dernière fois
Que je vends du foie
Dans la ville de Foix.
Un civil déguisé, des civils déguisés. Une civile déguisée, des civiles déguisées.
Quels sont les salaires ?
Ne confondons pas rémunération et salaire.
Les militaires ne touchent pas de salaire. Ils touchent une solde.
Les fonctionnaires civils ne touchent pas non plus de salaire. Ils touchent un traitement.
Seuls les personnes qui travaillent dans le privé touchent un salaire. Ce sont des salariés.
« Seuls les personnes qui travaillent dans le privé touchent un salaire. Ce sont des salariés. »
Mode tétracapilotractif en action : toutes les personnes travaillant de le privé ne sont pas salariés 🙂
Vous avez raison, j’ai fait une simplification abusive qui m’a conduit à omettre tous les travailleurs non salariés (TNS) du privé : travailleurs individuels indépendants (commerçants, artisans, professions libérales) et gérants majoritaires de sociétés.
Là où vous avez tort, c’est qu’on ne dit pas « tétracapilotractif ». C’est soit capillotracteur, soit tétratrichotomiste. Na !
Et tant que nous sommes en mode diptérosodomite, corrigeons notre orthographe :
Seules les personnes.
« Là où vous avez tort, c’est qu’on ne dit pas « tétracapilotractif ». C’est soit capillotracteur, soit tétratrichotomiste. Na ! »
C’est pourtant poétique de tirer les cheveux en quatre 😉
1/3 des gens du privé ne touche pas de salaire… le saviez vous ?
avec quel déroulé de carrière ?
12 semaines pour être officier – certes sous-contrat – de l’Armée de Terre.
Affligeant.
Les appelés faisaient bien 5 mois avant d’être bombardés aspi…
ce n’est pas un déroulé de carrière mais une formation les 12 semaines de l’EMAC
Ouvrez donc des centres de provinces vous trouverez beaucoup de volontaires : civils, militaires, anciens militaires.
Avec 4 mois de « formation » pour les OSC-S, on peut se demander en quoi ces personnels auraient une quelconque « militarité »
…ce qui ne permet pas, par ailleurs, de mettre en doute leurs aptitudes spécifiques acquises lors de leur formation initiale.
Un Bac +3 ou plus n’ira pas perdre son temps à la DGSE parce qu’il trouvera toujours mieux ailleurs, plutôt que de blâmer les chercheurs d ’emploi il faut peut-être voir du coté du recrutement qui met une barre trop haut et qui pleurniche que ça ne fonctionne pas alors que ses demandes sont irréaliste.
le marché de l’emploi c’est la loi de l’offre et la demande, il y a quantité de gens qui ont les capacités requise mais sans avoir le parcours traditionnelle demandé ici, si le but du recrutement c’est de collectionner les beaux cv des belles écoles, ça revient à recruter des gens formatés qui au final fonctionnent comme des militaires, à la pensée unique, et donc peu utile et facilement repérable selon un schéma prédéterminé, les rendant inefficace.
Quant à essayer de recruter des officiers, c’est le même pauvre palliatif face à une offre insuffisante par rapport à la demande. L’officier ne tardera pas à se rendre compte de l’absence de perspective de carrière et de montée en grade avec des taches peu valorisante, alors qu’en unité militaire il a une meilleurs carrière potentielle avec même des jackpots en intervention extérieur.
D’accord, bien formulé ! Pour la SA notamment et diverses structures comme la DT, rien à dire. Mais, hormis quelques exceptions notables, les militaires ne font pas de grands spécialistes en matière de recherche/opérations : OT, etc. Leurs problèmes selon moi : adaptibilité, flexibilité, propension – surtout les anciens – à privilégier la sécurité au détriment de la « performance ». Enfin, il faudra tout de même un jour qu’on leur dise (ordonne) de s’habiller un peu comme les cadres du civil. Au bureau, à la cafétéria, pourquoi pas ! Mais hors du XXe un peu d’élégance devrait être de rigueur, ne serait-ce que pour des raisons de sécurité. Comme chacun sait, les militaires à l’extérieur, surtout les officiers (!), sont aussi repérables que des « clodos » pourraient l’être dans les salons du Ritz.
Ce n’est pas avec des contrats d’officiers « jetables » qu’on fidélisera les meilleurs !
En plus de les retrouver à faire leur 5km le matin et sur la liste du top 10 des événements sportifs locaux.
Sans parler des soirées dans les ambassades ou du Lions club…
Dupont, Dupont et Dupont.
Et d’ajouter : « Cela renvoie à la question plus générale de la politique de recrutement des armées abordée dans le cadre du programme 212 « Soutien de la politique de défense ».
-> Je connaissais les militaires plus inspiré pour les noms de programme : L’agent 212 n’étant pas une référence absolue du monde du renseignement, a moins qu’ils pratiquent l’autodérision.