En attendant de rejoindre l’Otan, la Suède signe un accord de défense avec les États-Unis

Remis en 2016 au gouvernement finlandais, un rapport estima que Stockholm et Helsinki devaient, le cas échéant, se coordonner en vue d’intégrer l’Otan. « L’adhésion de la Finlande sans la Suède engendrerait une situation stratégiquement délicate de poste avancé sans continuité territoriale » avec le reste de l’Alliance, avait-il expliqué. Inversement, un cavalier seul de la Suède était de nature à rendre la Finlande plus vulnérable et exposée face à la Russie.

Après le début de la guerre en Ukraine, comme convenu, ces deux pays ont entamé les démarches pour rejoindre l’Otan. Mais si la Finlande a rapidement obtenu satisfaction, la Suède doit encore patienter, la Hongrie et la Turquie faisant encore obstacle à sa candidature…

Et Helsinki se trouve désormais dans la position qu’il fallait éviter, comme l’a récemment souligné Antti Pelttari, le directeur du SUPÖ, le service de renseignement finlandais. « La menace d’espionnage ou d’opérations d’influence [russes] contre des infrastructures essentielles a augmenté » alors que Moscou se prépare »à prendre des mesures contre la Finlande », a-t-il dit.

Cela étant, même si elle n’est pas membre de l’Otan, la Suède a déjà noué de solides relations militaires, non seulement avec ses voisins, mais aussi avec le Royaume-Uni.

Ainsi, Stockholm a rejoint la « Force expéditionnaire commune » [Joint Expeditionary Force, JEF] qui, mise sur pied par Londres en 2014, réunit huit autres pays [Finlande, Danemark, Estonie, Islande, Lettonie, Lituanie, Pays-Bas, Norvège]. En outre, la Suède et le Royaume-Uni ont scellé, en 2022, des « assurances mutuelles en matière de sécurité ».

Par ailleurs, appartenant à l’Union européenne, le pays scandinave peut compter sur les vingt-six autres États membres, en vertu de l’article 42-7 du Traité de l’UE, lequel prévoit une assistance en cas d’agression armée. Cependant, ce concept ne va pas aussi loin que les garanties offertes par l’Otan, avec le principe de défense collective défini par l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord.

Quoi qu’il en soit, le 5 décembre, dans l’attente du bon vouloir de la Hongrie et de la Turquie, la Suède et les États-Unis ont signé leur premier accord de coopération en matière défense.

Le ministre suédois de la Défense, Pal Jonson, et son homologue américain Lloyd Austin, sont par ailleurs convenus « de l’importance d’un soutien solide et continu à l’Ukraine face à l’invasion illégale et à grande échelle de la Russie ». Et cela à un moment où Washington craint de manquer de financements pour appuyer Kiev dans les mois à venir.

Quant à l’accord signé, il établit les « conditions [permettant aux] forces américaines d’opérer en Suède », en définissant le « statut légal du personnel militaire américain et l’accès aux zones de déploiement ». Il prévoit également le « prépositionnement de matériel militaire ». Enfin, il évoque un « soutien militaire américain si la situation sécuritaire l’exige ».

« La détérioration de la situation sécuritaire en Europe est une conséquence de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Les conditions de la politique de sécurité suédoise ont donc fondamentalement changé et cela signifie que la Suède doit être en mesure d’agir rapidement face à une évolution complexe en matière de sécurité – individuellement et conjointement avec d’autres. La demande d’adhésion de la Suède à l’Otan ainsi que la conclusion d’un accord de défense avec les États-Unis doivent être considérées dans ce contexte », a expliqué le gouvernement suédois.

Désormais, il revient au Riksdag [Parlement suédois] de ratifier cet accord et de « décider des amendements constitutionnels. nécessaires à sa mise en œuvre ». Selon Stockholm, il pourrait entrer en vigueur dès 2024.