Artillerie : Bientôt des CAESAr pour l’armée arménienne?

S’étant mis en ordre de marche pour augmenter la cadence de production du CAESAr [Camion équipé d’un système d’artillerie de 155 mm], Nexter [ou KNDS France] a été en mesure de livrer à l’armée de Terre, avec de l’avance par rapport au calendrier initialement prévu, les six premiers des dix-huit exemplaires commandés en juillet 2022 pour remplacer ceux qui avaient été cédés à l’Ukraine.

Or, à propos, justement, de ce soutien accordé par la France à l’armée ukrainienne, les sénateurs Hugues Saury et Hélène Conway-Mouret estiment qu’il a été trop tardif, dans la mesure où il a été décidé après le déclenchement des hostilités par la Russie. Aussi ont-ils appelé, dans l’avis budgétaire sur le programme 146 « Équipement des forces » qu’ils viennent de remettre, de ne pas reproduire la même erreur à l’égard des « démocraties issues de l’ex-URSS » qui attendent une aide française pour renforcer leurs capacités militaires.

« Ne répétons pas les erreurs commises avec l’Ukraine, consistant à livrer tardivement des équipements qui sont immédiatement nécessaires et à réduire de manière dangereuse les stocks dont disposent nos propres armées », avait d’ailleurs insisté Mme Conway-Mouret, lors de l’examen de ce rapport par la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat, après avoir évoqué l’Arménie.

Cela étant, et alors que son intégrité territoriale est menacée par l’Azerbaïdjan, Erevan a déjà obtenu la promesse d’un soutien militaire de la part de Paris. Soutien qui se traduira par un appui à la « transformation » des forces armées arméniennes ainsi que par l’envoi, en Arménie, de détachements d’instruction opérationnelle [DTP] pour des formations dans les domaines du combat débarqué, du combat en montagne et du tir de précision. Un volet capacitaire est également prévu, notamment en matière de défense aérienne, avec la livraison de missiles sol-air Mistral 3.

Par ailleurs, initialement destinés à l’Ukraine, vingt-quatre véhicules blindés Bastion ont récemment été livrés par la France à l’armée arménienne. Et vingt-six autres devraient suivre prochainement, selon M. Saury et Mme Conway-Mouret.

Pour autant, les deux sénateurs estiment qu’il faudrait aller plus loin.

« Les autorités françaises ont engagé la livraison d’armes ‘défensives’ à l’Arménie. Cette distinction entre armes défensives et offensives est en réalité peu opérationnelle comme l’a démontré la guerre en Ukraine. Ne répétons pas les mêmes erreurs en livrant tardivement les équipements qui auraient été nécessaires dès le début. C’est pourquoi il faut répondre rapidement à l’ensemble des demandes des autorités arméniennes concernant notamment leur besoin en artillerie », écrivent-ils dans leur avis budgétaire.

Aussi recommandent-ils d’étudier, à cet égard et dans les « meilleurs délais », la livraison de CAESAr à l’armée arménienne, « compte tenu de l’efficacité de ce matériel et des nouvelles capacités de production de Nexter en 2024 ». Seulement, cette proposition risque d’être… trop tardive puisque Erevan a déjà commandé des obusiers automoteurs à roues MArG 155 de 155 mm auprès du groupe indien Bharat Forge Kalyani Group…

Quoi qu’il en soit, cette approche ne se limiterait pas à l’Arménie… mais aussi aux « ex-républiques soviétiques qui ont décidé de prendre leurs distances vis-à-vis de la Russie et de reconstruire leur outil de défense selon des standards compatibles avec l’Otan ». Tel est le cas de la Moldavie et de la Géorgie. Pour les deux rapporteurs, le « soutien que peut leur apporter la France » serait « fondamental pour asseoir leur indépendance ».