L’École nationale des sous-officiers d’active s’apprête à accueillir de plus en plus d’élèves étrangers

Par le passé, la formation d’élèves officiers et sous-officiers dans les écoles militaires françaises était un moyen efficace pour la France d’asseoir son influence dans certains pays, notamment africains. Seulement, pour des économies de bouts de chandelles, ce levier a été négligé.

« Alors que la France prenait à sa charge les coûts de formation des futurs officiers africains, c’est désomais la Chine qui s’en occupe », avait ainsi déploré le général Denis Mercier, alors chef d’état-major de l’armée de l’Air & de l’Espace [CEMAAE], lors d’une audition parlementaire, en 2014. Et de prophétiser que « l’effet s’en fera sentir dans quelques années ». Et, au vu de la situation au Sahel, les faits lui ont donné raison…

Aussi, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, s’est dit résolu à corriger le tir à la faveur de la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30. On a « trop diminue » l’offre de formation aux pays partenaires et « je […] proposerai de multiplier par deux le nombre d’accueils des élèves pour les seuls pays africains avec lequels nous avons des accords de partenariat », avait-il dit, devant la commission des Affaires étrangères, à l’Assemblée nationale, en avril dernier.

« Je crois que, aujourd’hui, on est autour de 300 par an. Et donc, l’idée est d’arriver très vite à remonter pour avoir une cible, au moins pour commencer, à 600, ce qui me semble absolument clé. Et d’ailleurs en ne regardant pas que la cible des officiers parce que la cible des sous-officiers est tout aussi importante », avait ensuite soutenu le ministre.

Promulguée le 1er août, le LPM 2024-30 confirme l’ambition affichée par M. Lecornu. « Après une longue période de réduction du nombre de places dans ses écoles militaires, la France rompt avec cette tendance et va proposer aux pays partenaires, quel que soit leur continent d’appartenance, d’y inscrire en formation de nombreux cadres, officiers comme sous-officiers. Une attention particulière sera portée aux échanges d’officiers avec nos pays partenaires européens », avance en effet ce texte.

S’agissant de l’armée de Terre, l’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan comptait 90 élèves officiers internationaux [EOI], dont 55% d’Africains, au moment de l’examen du projet de LPM 2024-30 par le Parlement. En revanche, l’École nationale des sous-officiers d’active [ENSOA] de Saint-Maixent n’accueillait alors qu’une poignée de stagiaires étrangers. Mais cela va changer dans les mois qui viennent.

Déjà, en septembre, huit élèves sous-officiers originaires de Guinée, du Gabon, du Tchad, de Madagascar, du Congo et du Togo ont intégré la 368e promotion « Adjudant Mosic » de l’ENSOA. Ils « suivent le même programme de formation que leurs camarades issus du recrutement ‘semi-direct’ [recrutement interne] », a expliqué la Direction des ressources humaines de l’armée de Terre [DRHAT], le 12 octobre.

Et celle-ci de préciser que, au total, 14 élèves sous-officiers africains auront suivi une scolarité à l’ENSOA en 2023. Et il s’agit d’aller encore plus loin, avec l’objectif d’accueillir « 25 stagiaires étrangers par promotion de ‘semi-direct' » à partir de l’été 2024. Selon la DRHAT, « la formation pourrait également s’ouvrir à d’autres continents ». Et celle-ci de conclure : « Ce partage de compétences est l’illustration concrète du rapprochement de nos systèmes de formation qui permet de mieux se connaître et de contribuer à améliorer l’interopérabilité entre nos armées ».

Photo : ENSOA / Facebook

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40 contributions

  1. bullnar dit :

    de Guinee ? je croyais que d après le quai d Orsay le coup d’Etat militaire du 5 septembre 2021 mené par le colonel Mamady Doumbouya, chef du groupement des forces spéciales a été condamné par la France et l’Union européenne ? je suis heureux de voir que le Conseil national de transition (CNT) est donc désormais accepte et reconnu, je pense que certains de nos politiques devraient en etre informes car ce n’est manifestement pas l avis de certains; a moins que nous nous mettions enfin a la realpolitik ? ce serait une bonne nouvelle

  2. ADC dit :

    Je suis sceptique sur cette « influence » et cette formation.

    Signé un ancien de la 70ème promo Saint-Maixent

    • Yannus dit :

      Je suis d’accord avec vous si c’est pour se retrouver, au final, accusés de former des putschistes.
      La France n’a pas besoin d’avoir d’influence en Afrique. Elle ferait mieux de former des douaniers pour gérer les migrations.

    • Nimbus - parfois cumulo dit :

      Je partage votre scepticisme ! Faire cadeau de nos procédures et savoir-faire peut se retourner contre nous ( historiquement prouvé en Indo et Algérie ). Sans compter ceux qui ne retournent jamais au pays…

      • Besson , l'homme des sables dit :

        Cit :[ faire cadeau de nos procédures et savoir-faire peut se retourner contre nous ( historiquement prouvé en Indo et Algérie ). ]

        Si vous adorez les épopées et le souffle de l’Histoire alliés à la rigueur universitaire je ne peux que vous conseiller ce livre , malheureusement en Britiche : « The Commander: Fawzi al-Qawuqji and the Fight for Arab Independence 1914-1948″ de Laila Parsons .

        Je vous conseille aussi les livres de Michael Provence .

        Connu comme le  » Garibaldi Arabe  » Fawzi al-Qawuqji est un pur produit de Saint-Cyr qui a servi les Ottomans , les Allemands , les Français avant de servir la cause de la nation Arabe .
        Sa bio est parfaitement raccord avec l’actualité en plus.
        L’auteure y décrit de mémouâre cette suffisance Française , en particulier celle des militaires , à vouloir former des  » hommes indigènes nouveaux  » .

        En fait lorsque une formation militaire est dispensée il semble que dans le logiciel faisandé des formateurs il est impensable que les formés ne puissent pas évoluer et s’émanciper .

        https://www.youtube.com/watch?v=D5pxLzlL9Xk

    • Meiji dit :

      Tout a fait d’accord avec vous.

  3. Alfred dit :

    Faire des stages en France (ou ailleurs) n’a pas toujours eu que des avantages pour les militaires étrangers après leur retour au pays, car il leur fallait s’adapter aux changements intervenus (ou à venir à breve échéance) après leur retour au pays. Certains tchadiens l’ont payé au prix fort, pour être restés fidèles à Tombalbaye. Le fils d’Hamani Diori a eu plus de chance grace à sa disparition rapide des écrans. Tant et si bien qu’il n’était pas rare d’en croiser jusqu’au debut drs annees 90 qui préféraient enchainer les stages en Europe et aux USA plutôt que de retourner chez eux.

  4. jyb dit :

    c’est du soft power au carré mais le système est encore perfectible. il faut former les élèves français, qui ont tendance à garder la tête dans le guidon, à « travailler » avec leur camarades étrangers au delà du partage d’une rasket ou d’un trou de combat. ce sont des liens qui paient à long terme.

    • PK dit :

      Pareil dans le civil : il faut former les étudiants ET les renvoyer chez eux. Mais c’est bon de leur laisser un contact avec la France ensuite… pas toujours facile à mettre en place, mais c’est le rôle justement d’un ministères des affaires étrangères compétents (la défense pour les milis).

      Cela suppose « vendre (=valoriser) la France » à l’étranger en reconnaissant notre spécificité (langue, culture, économie, etc.). Tout le contraire de ce que font les gouvernants qui nous dirigent depuis des décennies…

      C’est un des aspects du « soft power » que l’on peut travailler sans trop que cela ne nous coûte et qui donne des résultats à moyen et long termes…

  5. Sempre en Davant dit :

    élèves officiers internationaux [EOI] ?!? Non EOE ils sont étrangers en France mais pas dans leur pays.

    Donnons leur la meilleure formation que nous pouvons leur donner mais au delà ne perdons pas de temps à psychoter sur nos rapports avec eux, leurs rapports avec nous, l’en soi, les rythmes, la mise en condition de l’objet, la matité, le modelé, … même dans le désordre c’est pas ce qui compte.
    Ce qui compte c’est la métamorphose en évitant la révolution. Le retour à la case départ. Un exemple d’échec là : https://www.youtube.com/watch?v=J0wR43KzthI

    Il faut qu’ils passent toutes les épreuves des gaulois et en plus qu’ils se trouvent une classe à eux pour la garder en partage. Pas juste la routine de la navigation Conflans – Honfleur.

    • jyb dit :

      &sempre en davant
      et en plus vous avez le permis eaux interieures…

    • vrai_chasseur dit :

      @sempre en Davant
      Oui c’est exactement ça.
      La bonne manière de créer un esprit de corps au sein d’une promo c’est de « faire ramper tout le monde dans la même boue » sans distinction ni privilège particuliers et sans se poser trop de questions : ça soude.
      Cet esprit se perpétue ensuite en liens informels entre individus, qu’ils soient français ou autres et qui vont fluidifier énormément les partenariats et coopérations militaires futures.
      Par ailleurs en Afrique la distinction doit être faite entre les officiers de l’armée régulière et les généraux putschistes capricieux, mégalomanes et politicards. Le cas du Niger où pas mal d’officiers de l’armée régulière nigérienne sont demandeurs et apprécient de travailler avec l’armée française, mais sont actuellement contraints au devoir de réserve, est emblématique.

  6. Thierry le plus ancien dit :

    Il y aura aussi une formation au coup d’Etat ?
    nan parce que bon, le dernier caporal qui est devenu chef d’état c’est Hitler, faudrait pas faire n’importe quoi non plus.

    L’Afrique a plus besoin d’être pacifié que d’avoir des gouvernements militarisés.

    C’est surtout les russes et non les chinois qui ont formés les militaires putshiste qui ont foutu la France hors d’Afrique par la peau des fesses. de toute façon avec l’arrogant et suffisant Macron fallait pas s’attendre à autre chose, même sans la Russie ou la Chine la France se serait fait viré quand même, surtout après ce qui s’est passé au Mali. les Russes n’ont eu qu’à ramasser ce que Macron a laissé tomber !

  7. MT dit :

    Tous rapport avec la fin de l’empire romain est fortuite…

    • Momo dit :

      C’est exact (même si c’est pas l’idée au départ) parce que maintenant nous sommes confrontés à un problème de dégénérescence, pas que de décadence.
      La deuxième peut se rattraper, pas la première ou alors avec des mesures drastiques ou des progrès scientifiques qui ne sont pas encore en vue.
      Si vous n’êtes pas convaincu de ce qui n’est plus une théorie, mais dont on parle encore peu, faites le comptes des gens autour de vous qui ont un problème génétique visible (y compris diabète et autres). Ensuite comptez les enfants de ces personnes. Faites le ratio de personnes qui vous semblent malheureusement pas au top avec celles qui vous semblent ok. A chacune des deux générations. Comparez. Attention le résultat ne vous parlera pas forcément si vous avez un tout petit échantillonnage. Avec quelques dizaines d’individus cela doit dans la plupart des cas vous interpeller.
      De plus dites vous bien que vous ne voyez pas forcément ceux qui sont pas en forme dans leur tête du fait de la génétique. Mais il y en a un bon nombre (les médecins le savent), on parle parfois de quelques cas gravissimes aux nouvelles « Il avait l’air très bien, on aurait jamais dit, etc…’.
      Vous avez compris, cela explique pas mal de bizarreries et est un peu préoccupant pour la suite.
      Nous verrons.

      • Mal de mer dit :

        Et vous préconisez quoi ? De revenir à la joyeuse époque où 50 % des nouveau-nés n’atteignaient pas l’âge d’un an ?
        Les générations étaient peut-être plus robustes, mais cela n’empêchait pas, parmi les adultes ayant survécu à la mortalité infantile, la présence d’un sacré paquet de psychopathes.

        • Momo dit :

          Aucune préconisation sauf d’accélérer la recherche en génétique mais cela ne dépend de vous c’est certain.
          Après si le constat vous dérange c’est bien navrant mais c’est comme ça.
          Vous devriez en être navré, normalement
          Suggestion : il y a un film sur le sujet qui s’appelle idiocracy, vous aimerez

      • mich dit :

        Vous faites de drôle d observation sur vos semblables dites moi , c est votre côté lanceur d alerte ?

        • Momo dit :

          Soyez certain que je n’en suis évidemment pas à l’origine même si j’ai pu vérifier plusieurs aspects techniques et pratiques de cette théorie. Hélas, je le déplore, elle se vérifie.

  8. vieux margi dit :

    En bref. On va former à St maix des sous officiers de pays qui après un coup d état nous mettrons dehors de leur pays, refusant notre aide, protection..?
    Merveilleux !!

  9. Lorniche dit :

    Je vous propose un exemple concret du taux de réussite de la formation des élèves-officiers africains par nos soins. Ma promo de Saint-Cyr comptait 17 Africains. Deux d’entre eux sont retournés dans leur pays à l’issue de leur scolarité. Les 15 autres ont démissionné immédiatement et sont devenus français par divers expédients. Sur mes deux camarades servant donc dans des armées de terre africaines, l’un a démissionné au grade de capitaine et l’autre est encore sous l’uniforme. Le retour sur investissement pour notre pays est extrêmement faible.

  10. LaMeuse dit :

    Combien de chefs actuels nigériens, burkinabés ou maliens sont passés par nos écoles d’officiers ou l’école de Guerre ? Le résultat est parlant.

    Orienter massivement nos échanges avec les européens et les nouveaux Otaniens, notamment les finlandais, serait bien plus pertinent.

  11. civis17 dit :

    Gageons que les prochains parrains de promo n’auront pas succombé ou même participé à des guerres dites coloniales

  12. vno dit :

    Pour la Marine et l’armée de l’air et de l’espace Monsieur Lagneau ?

  13. Baba solo dit :

    Accepter des élèves officiers d’origine africaine afin de mieux infiltrer nos armées et commanditer des coups d’état militaire à distance.C’est la nouvelle stratégie en couveuse, puisque nous sommes en période de révolution militaire en Afrique.

    • Pascal, (l'autre) dit :

      @Baba solo C’est vrai, certainement un aspect du grand complot mondial! Savez vous que les élèves officiers africains sont formés/cornaqués en France par les Illuminatis, les Skulls & Bones et vous savez pourquoi? Tout simplement piller vos ressources, J’ai bon?

      • Wa Terlou dit :

        Vous avez tout bon, Pascal. Tout bon. Mais n’allez pas vous en vanter. Ce n’était pas difficile à deviner.

        • Pascal, (l'autre) dit :

          « Mais n’allez pas vous en vanter. » Un pseudo « satisfecit » de votre part………………….j’espère que vous rigolez et de toute façon ce n’est pas le style de la maison, vous avez du confondre!
          « Ce n’était pas difficile à deviner. » C’est même pour cela que vous resservez le même plat à chacun de vos commentaires mais c’est tout à fait compréhensif venant de vos « facultés » d’analyse! On s’en rend compte en lisant la prose de @Baba solo! (qu’est ce que ce serait s’il était en patrouille!)

  14. speedbird101A dit :

    On peut savoir pourquoi que des Africains sont accueillis dans ces écoles et zéro asiatiques ??? ah ben oui c’est vrai on a perdu l’indo j’oubliais…

    • Bangkapi dit :

      Zéro asiatiques = faux.
      Bon sans certitudes je pense que c’est surtout du à la FRANCOPHONIE ET SES R2SEAUX;

      Ce n’est pas mon monde, mais il se fait que j’ai été invité une fois à un baptême de promo de St Cyr.
      Et j’y ai rencontré un élève vietnamien, un laotien et un thaïlandais.
      Mais c’est vrai que ces pays qui n’ont pas ou plus le français comme langue apprise à l’école envoient plutôt leurs stagiaires vers les USA et le RU.

    • Bangkapi dit :

      Et en complément à mon post précédent, l’Asie commençant au Bosphore , il y a des stagiaires du Moyen-Orient, de l’Orient
      et d’ Extrême-Orient.
      Pourquoi vous limiter à l’ancienne Indochine français ,

  15. Reality Checks dit :

    A mon humble avis, il vaudrait mieux que des élèves officiers français aillent se faire former en Afrique, plutôt que l’inverse, si l’objectif est d’avoir de bonne relations avec le continent.

    Tout simplement parce que le souci, ce n’est pas que les Africains ne comprennent pas la France. C’est même le contraire.

    Le souci, et donc le problème que vous avez à résoudre, c’est que les français ne comprennent rien à l’Afrique, même après y avoir servi pendant des années.
    Peut être que si la formation de certains officiers se faisait au moins en partie en véritable ‘immersion africaine’ ils sortiraient avec un regard et donc une approche différente.
    .
    On a d’excellentes écoles chez nous, mais les conditions d’admission ne sont peut être pas les plus adaptées pour des Français, compte tenu du curriculum.

    Je ne sais pas quels autres pays d’Afrique, qui vous sont aisément accessibles, ont des écoles de bonne facture, il doit y en avoir plusieurs, peut être que la Côte d’Ivoire ou le Sénégal pourraient faire partie du parcours de formation de vos officiers, pour éviter de refaire les choses qui ne vous ont pas réussi, objectivement.

    • jyb dit :

      @reality check
      c’est déjà le cas pour certaines écoles d’application…ok ce ne sont pas des formations stricto sensu mais des stages lourds
      à des formes spécifiques de combat.
      malheureusement si les cadres africains ( francophones et anglophones ) s’expatrient, ce n’est pas par simple curiosité intellectuelle, mais bien parce que l’enseignement academique militaire est bien plus complet et dense en france, au uk, aux usa ou en russie.
      les africains vont là ou sont les compétences et les moyens…tout comme les sapeurs français ont été en formation au uk parce que les brits ont eu ce qui se faisait de mieux pendant un temps en matière de genie.

  16. Khalid idriss dit :

    Oui intéressant

  17. Daniel Hérault dit :

    aberrant, vous formez des gens ennemis de la France, toujours les mêmes conneries.
    Depuis 60 ans on pratique cette politique qui va droit dans le mur.
    Ces pays se sont retournés contre la France.
    ADC retraite

  18. Linquiet dit :

    Questions : 1) Ces stagiaires africains rentreront-ils dans leur pays ? 2) Le niveau des cours sera-t-il adapté ? 3) L’opération sera-t-elle attractive pour nos candidats français à l’engagement ?