Après la livraison du 12e A330 MRTT à l’armée de l’Air, la fin de l’avion ravitailleur C-135FR est imminente

Au départ, il était question d’en commander 14… Puis, au gré des contraintes budgétaires, la « cible » fut ramenée à 12… avant d’être finalement relevée à 15… Le projet d’acquérir des avions ravitailleurs A330 MRTT pour remplacer notamment les C-135FR de l’armée de l’Air & de l’Espace [et plus précisément des Forces aériennes stratégiques] n’aura pas été épargné par les rebondissements depuis son lancement, il a y maintenant plus de dix ans.

Or, la capacité de ravitailler des avions en vol est indispensable non seulement pour la composante aéroportée de la dissuasion nucléaire mais aussi pour les projections de forces sur un théâtre d’opération extérieur. D’où l’importance de la moderniser et de la renforcer.

Quoi qu’il en soit, ce 21 septembre, la Direction générale de l’armement [DGA] a indiqué qu’elle venait de réceptionner et de livrer à l’armée de l’Air & de l’Espace le 12e et dernier A330 MRTT commandé auprès d’Airbus.

« Cette première série de 12 livraisons a été réalisée par Airbus en moins de 5 ans, depuis le premier livré en octobre 2018 jusqu’à aujourd’hui », a par ailleurs rappelé la DGA.

Pour rappel, les trois autres A330 MRTT prévus seront les trois A330-200 [dont deux d’occasion] qui, déjà exploités par l’AAE, doivent être convertis en avions ravitailleurs à partir de 2025.

Si les A330 MRTT remplacent aussi les A310 et A340 qui étaient alors utilisés pour le transport, la livraison du douzième exemplaire sonne surtout le glas pour le dernier C-135FR encore en service au sein de l’Escadron de ravitaillement en vol 4/31 « Sologne », basé à Istres.

« Le premier ravitailleur C-135 FR à avoir été retiré du service, en octobre 2020, totalisait quelque 36’000 heures de vol, servant dès les premières alertes de la dissuasion nucléaire française. Le dernier C-135FR nous quittera fin 2023, lorsque le douzième MRTT aura été livré à l’armée de l’Air et de l’Espace », avait en effet récemment indiqué le chef des opérations du 4/31 « Sologne ».

Les C-135FR auront été sollicités jusqu’au bout, les derniers encore opérationnels ayant pris part aux opérations dites de « réassurance » menées par l’Otan après le début de la guerre en Ukraine ainsi qu’aux missions liées à la dissuasion nucléaire et à la posture permanente de sûreté aérienne [PPS-A].

Pour rappel, la France avait acquis 12 C-135FR auprès de Boeing pour ravitailler en vol les Mirage IVA porteurs de la bombe nucléaire AN-11 [puis AN-22] à partir de 1964. Mais, au fil du temps, le coût de leur maintien en condition opérationnelle [MCO] s’était envolé.

Pour autant, si le dernier C-135FR s’apprête à faire son dernier tour de piste, le 4/31 Sologne devrait conserver ses trois KC-135RG pendant quelques temps encore. Acquis d’occasion en 1997 auprès de l’US Air Force, ces appareils ont été rénovés en 2014, avec l’intégration d’une nouvelle avionique, d’une antenne filaire haute fréquence et d’une interface RENO GATM [Global Air Trafic Management].

Photo : Armée de l’Air & de l’Espace