Le Pentagone a décidé de regrouper ses forces déployées au Niger sur la base aérienne d’Agadez

Au Niger, et contrairement à la France, les États-Unis sont plutôt ménagés par la junte qui a pris le pouvoir, le 26 juillet dernier. Et cela même s’ils réclament la libération de Mohamed Bazoum, le président légalement élu, et s’ils ont évacué le personnel « non essentiel » de leur ambassade à Niamey.

En réalité, la diplomatie américaine joue serré… en cherchant à concilier la défense des principes démocratiques avec la nécessité de maintenir les liens avec le Niger, pays qui tient une place essentielle dans le dispositif militaire des États-Unis en Afrique étant donné qu’il permet de garder un oeil sur les organisations jihadistes de la bande sahélo-saharienne, de surveiller la situation dans le sud de la Libye et de contrer éventuellement les menées du groupe paramilitaire russe Wagner.

Aussi, à Washington, et pour ne pas remettre en cause le soutien des États-Unis à Niamey, on se garde de qualifier le renversement du président Bazoum de coup d’État [que le renseignement américain n’a pas vu venir…]. Mais dans le même temps, on encourage les efforts diplomatiques en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel dans le pays tout en maintenant le dialogue avec les putschistes, dont certains ont fréquenté des écoles militaires américaines, comme le général Moussa Salaou Barmou, le nouveau chef d’état-major des forces nigériennes.

Ainsi, alors qu’elle s’apprêtait à faire connaître son intention d’expulser Sylvain Itté, l’ambassadeur de France au Niger, la junte a donné son agrément à Kathleen FitzGibbon, la nouvelle ambassadrice des États-Unis…

Quoi qu’il en soit, le 7 septembre, le Pentagone a annoncé qu’il allait regrouper ses forces présentes au Niger [environ 1100 militaires, ndlr] sur la base aérienne 201 d’Agadez, qu’il a réhabilitée à grands frais en y investissant plus de 110 millions de dollars, après avoir conclu un accord avec le gouvernement nigérien en 2014. Et, trois ans plus tard, celui-ci autorisa les forces américaines à y exploiter des drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance], notamment des MQ-9 Reaper et des MQ-1C Grey Eagle.

Le département de la Défense « repositionne une partie de son personnel et de ses moyens de la base aérienne 101 de Niamey vers la base aérienne 201 d’Agadez », a en effet déclaré Sabrina Singh, une porte-parole du Pentagone. « Il n’y a pas de menace immédiate pour notre personnel ni de violence sur le terrain » mais il s’agit d’une « mesure de précaution », a-t-elle ajouté, avant de préciser que le transfert était en cours et que « certains personnels non essentiels et sous-traitants » avaient déjà quitté le Niger.

Cette annonce du Pentagone a été faite peu après que Paris a admis avoir des contacts avec l’état-major nigérien au sujet d’un retrait « partiel » de ses forces déployées dans le pays. Forces qui sont réduites à l’inaction depuis le coup d’État… et dont le départ est réclamé par la junte.

Il n’y a « aucun lien » entre le regroupement des moyens militaires américains à Agadez et « ce que font les forces françaises en ce moment », a toutefois assuré Mme Singh, qui a par ailleurs dit espérer la poursuite des discussions afin de trouver une issue diplomatique à la situation au Niger.

En attendant, le « partenariat de combat » entre les forces françaises et nigériennes étant suspendu, la situation sécuritaire au Niger s’est encore dégradée, avec une dizaine d’attaques jihadistes recensées depuis le putsch. Celles-ci ont fait plus de 100 tués [dont au moins 54 civils et une cinquantaine de soldats nigériens], ce qui réprésente une hausse de plus de 50% des morts en un mois.

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