Le ministère japonais de la Défense demande une hausse de 13% de son budget pour le prochain exercice

Publié en juillet, le dernier Livre blanc japonais sur la défense a décrit un contexte sécuritaire qui s’est encore dégradé par rapport aux années précédentes, avec une menace nord-coréenne qualifiée de « plus grave que jamais », en raison notamment de la capacité présumée de Pyongyang à tirer des missiles balistiques pouvant emporter une tête nucléaire [ce qui n’a pas été démontré jusqu’à présent, ndlr]. En outre, le document a aussi souligné le rapprochement entre la Chine et la Russie, deux pays avec lesquels le Japon a des différends territoriaux.

Cela étant, depuis qu’il est revenu au pouvoir, en 2012, le Parti libéral démocrate japonais [PLD] a révisé en profondeur la politique de défense du pays, en n’hésitant pas à briser quelques tabous, comme en modifiant la Constitution, d’essence pacifiste, en y introduisant le concept d’autodéfense « collective » afin d’envisager éventuellement le déploiement des forces nippones sur un théâtre extérieur pour des opérations de guerre.

Dans le même temps, le PLD a aussi augmenté, de manière constante, les dépenses militaires. Et ce sera encore le cas pour le prochain exercice fiscal.

En effet, le ministère japonais de la Défense a demandé une enveloppe de 7’700 milliards de yen [48,53 milliards d’euros, soit 1,5 milliard de plus que le montant prévu pour le budget militaire français en 2024, ndlr]. Ce qui, s’il a gain de cause, représentera une hausse de 13% par rapport à celui qu’il obtenu cette année. Et comme c’est désormais le cas depuis 2012, les dépenses militaires japonaises devraient ainsi atteindre un nouveau record depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale.

Si elle est votée par le Parlement, cette hausse des crédits militaires permettra au ministère japonais de la Défense d’investir 5,67 milliards d’euros dans l’achat de munitions « complexes », 3,78 milliards dans le renforcement des capacités logistiques et 1,89 milliard dans l’achat de dix-sept hélicoptères de transport lourd. En outre, 2,51 milliards d’euros seront affectés à la construction de deux « destroyers » AEGIS pour améliorer la défense antimissile de l’archipel.

Il est aussi question de financer de nouvelles capacités, avec toutefois des montants plus « anecdotiques ». Ainsi, 64 milliards de yens [400 millions d’euros] seront prévus pour le développement du GCAP [Global Air Programme], qui doit déboucher sur un avion de combat de 6e génération mis au point avec le Royaume-Uni et l’Italie. Enfin, 470 millions d’euros financeront un projet mené conjointement avec les États-Unis pour développer un système de défense contre les missiles hypersoniques.

L’an passé, le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, avait confirmé une promesse faite durant les élections d’octobre 2021, à savoir qu’il doublerait les dépenses militaire du pays. Ainsi, il est question de porter le budget de la Défense à environ 67 milliards d’euros d’ici cinq ans, ce qui suppose un investissement total de 271 milliards d’euros durant cette période. Au passage, il s’était affranchi d’un autre tabou en affirmant vouloir une capacité de détruire des cibles militaires situées en territoire ennemi en cas d’attaque contre l’archipel.

Reste à voir comment les forces d’autodéfense japonaises pourront absorber une telle manne dans un délai aussi court… À ce sujet, le chef d’état-major interarmées américain, le général Mark Milley, a dit récemment n’avoir « aucun doute sur le fait qu’elles pourront rapidement croître en termes d’échelle, de taille, de portée et de compétences, très, très rapidement ».

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