L’US Navy parle de réagir au « comportement agressif » de Pékin en mer de Chine méridionale

Depuis maintenant plusieurs années, les tensions entre Manille et Pékin sont récurrentes en mer de Chine méridionale, la souveraineté des Philippines sur certains îlots et atolls y étant contestée par les autorités chinoises, malgré un avis rendu en juillet 2016 par la Cour permanente d’arbitrage [CPA] de La Haye, selon lequel leurs revendications n’ont « aucun fondement juridique ».

Déjà, la Chine a mis la main sur le récif Mischief, situé dans l’archipel des Spratleys ainsi que sur celui de Scarborough, selon un mode opératoire consistant à déployer une flottille de navires de pêche, appartenant à sa milice maritime [PAFMM – People’s Armed Forces Maritime Militia], sous la protection de sa garde côtière. Ce qui, le temps passant, revient à pratiquer la politique du fait accompli.

Ces derniers mois, d’autres îlots philippins ont été visés de la sorte, dont Pag Asa [encore appelé « Thitu »] et Whitsun [ou Juan Felipe], ce qui a donné lieu à des incidents. Mais c’est le Second Thomas Shoal, un atoll situé à 200 km de l’île philippine de Palawan, qui fait actuellement l’objet de vives tensions entre Manille et Pékin.

Ainsi, début août, usant de canons à eau, la garde côtière chinoise a empêché le ravitaillement du détachement de marines philippins qui tient garnison sur le BRP Sierra Madre, un navire volontairement échoué sur cet atoll afin d’en assurer la garde. Pour la Chine, une telle action était légitime… puisqu’elle considére que le Second Thomas Shoal [qu’elle appelle « Re’nai »] lui appartient. En outre, depuis janvier 2021, ses gardes-côtes sont autorisés à utiliser « tous les moyens nécessaires », y compris les armes, afin d’écarter les navires étrangers naviguant dans les eaux « sous juridiction chinoise ».

Cet incident n’a pas manqué de faire réagir. Ainsi, l’Union européenne a exprimé son « inquiétude » tandis que Tokyo, Ottawa et Washington ont condamné des « agissements dangereux ». Et, justement, pour l’US Navy, le temps est venu d’y répondre. C’est en effet ce qu’a affirmé le vice-amiral Karl Thomas, le commandant de la Septième flotte des États-Unis, dans un entretien à l’agence Reuters.

Le « comportement agressif » de Pékin en mer de Chine méridionale doit être « contesté et contenu », a-t-il en effet déclaré, en prenant l’exemple de l’utilisation de canons à eau par les gardes-côtes chinois contre les navires philippines dans les environs du Second Thomas Shoal. « Il faut défier ces gens […] qui opèrent dans une zone grise. Quand ils prennent le dessus petit à petit et vous repoussent, vous vous devez [aussi] de les repousser et continuer à naviguer », a ajouté le vice-amiral Thomas.

En outre, il a dit être en relation étroite avec le vice-amiral Alberto Carlos, le commandant des forces philippines pour la mer de Chine méridionale. Il s’agit de « comprendre quels sont ses défis et de voir comment il est possible de l’aider », a confié l’officier américain. « Nous avons certaines des défis communs. Je veux donc mieux comprendre comment il envisage les opérations dont il est responsable », a-t-il insisté.

Cela étant, l’US Navy défie régulièrement son homologue chinoise quand elle mène des opérations dites FONOPs [Freedom of Navigation Operations], en envoyant des navires dans les eaux revendiquées par Pékin. Par ailleurs, Washington a également décidé de déployer des patrouilleurs de l’US Coast Guard dans le Pacifique occidental afin d’y mener des missions de surveillance des pêches… dans des secteurs fréquentés par les chalutiers chinois.

Pour rappel, la Septième flotte de la marine américaine dispose de 50 à 70 navires, de 150 avions et plus de 27’000 militaires. Sa zone d’opérations s’étend sur plus de 124 millions de kilomètres carrés.

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