La Chine aurait testé un canon électro-magnétique d’une puissance jusqu’alors inégalée

En février 2018, des photographies diffusées via les réseaux sociaux suggérèrent que la marine chinoise était sur le point de tester un canon électromagnétique depuis le navire d’assaut amphibie Haysang Shan [voir photo ci-dessus], lequel avait été modifié à cette fin au chantier naval de Wuhan.

Un an plus tard, auprès de CNBC, le renseignement américain confirma non seulement cette information mais affirma que la Chine disposerait du canon électromagnétique le plus puissant du monde à l’horizon 2025… Et, selon la même source, ce programme chinois aurait démarré en 2011… avec des premiers essais réalisés trois ans plus tard.

« Entre 2015 et 2017, l’arme a été calibrée pour augmenter sa portée de tir. En décembre 2017, elle a installé à bord d’un navire de guerre et a été testée en mer, chose qu’aucun autre pays n’a accompli », avait alors résumé CNBC. Et il était alors estimé qu’elle était en mesure de toucher une cible située à 200 km de distance en quatre-vingt dix secondes. Et cela alors que le programme mené par l’US Navy pour se doter aussi d’un canon électromagnétique connaissait des difficultés… pour des raisons budgétaires.

Visiblement, le renseignement américain ne s’était pas trompé dans son évaluation. En effet, selon le quotidien South China Morning Post [SCMP, basé à Hong Kong, ndlr], la marine chinoise aurait testé le canon électromagnétique « le plus puissant du monde », c’est à dire ayant la capacité de propulser un projectile de 124 kg ayant atteint la vitesse de 700 km/h en moins de 0,05 seconde. Cependant, rien n’a été dit au sujet de sa portée, cette donnée étant confidentielle.

Ce canon électro-magnétique a « le potentiel de réaliser des avancées révolutionnaires en termes de vitesse, de portée, de puissance, de précision et de fiabilité », a fait valoir le professeur Guan Xiaocun, de l’université d’ingénierie navale de l’Armée populaire de libération [APL].

Pour rappel, le fonctionnement d’un canon électro-magnétique repose sur la force de Laplace, résultante de celle de Lorenz. Il s’agit de faire circuler un courant électrique très intense, couplé à un champ magnétique, entre deux rails conducteurs parallèles. Un projectile, également conducteur, placé entre ces derniers, va alors subir une forte accélération… permettant de le projeter à une distance pouvant aller jusqu’à 200 km.

Une arme de ce type présente l’avantage d’être économique [le coût d’un tir est dix fois moins élevé que celui d’un missile] et d’éviter de stocker des matières explosives bord d’un navire. Mais elle a aussi ses inconvénients, comme son gros besoin en énergie électrique et les contraintes physiques qu’elle subit à chaque tir. En outre, la capacité à guider le projectile vers sa cible constitue une autre difficulté.

D’autres pays ont lancé des travaux pour mettre au point une telle arme. Tel est le cas des États-Unis [qui semblent avoir mis leurs projets en sourdine], du Japon et de la France, via l’Institut de recherches franco-allemand de Saint-Louis [ISL]. Le développement d’une telle capacité fait d’ailleurs partie des priorités de la Loi de programmation militaire 2024-30… ainsi que de celles du Fonds européen de défense [FEDef], qui finance le projet THEMA [TecHnology for Electro-Magnetic Artillery].

« Plusieurs déclinaisons du canon électromagnétique peuvent être envisagées. Celle qui permettrait d’envoyer un projectile à plusieurs centaines de kilomètres avec une accélération de 100’000 G serait plutôt placée sur une plateforme navale » car « lorsqu’on a besoin d’un mur entier de condensateurs pour pouvoir stocker et libérer une grande quantité d’énergie de manière quasi instantanée – comme c’est le cas, d’une façon générale, pour les armes à énergie dirigée, qu’il s’agisse de lasers ou de systèmes électromagnétiques – cela suppose des infrastructures adaptées », avait par ailleurs expliqué Emmanuel Chiva, le Délégué général pour l’armement, lors d’une audition parlementaire, en 2022.

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