MGCS : La France souhaiterait impliquer l’Italie dans le projet de char de combat du futur

L’Italie n’a jamais fait mystère de sa volonté de rejoindre le MGCS [Main Ground Combat System / Système principal de combat terrestre] ainsi que le SCAF [Système de combat aérien du futur], deux programmes mis sur les rails par la France et l’Allemagne en juillet 2017. Seulement, ses attentes ont jusqu’à présent été déçues, malgré les indéniables savoir-faire de sa base industrielle et technologique de défense [BITD].

Depuis, dans le domaine de l’aviation de combat, Rome a rejoint le Global Combat Air Programme [GCAP], qui vise à développer un chasseur-bombardier de 6e génération dans le cadre d’une coopération avec le Royaume-Uni et le Japon.

Quant à l’armement terrestre, faute de mieux, le gouvernement transalpin a confirmé la modernisation d’une partie des chars Ariete C1 ainsi que son intention d’acquérir 125 Leopard 2A8 allemands. Pourtant, ces dernières années, et à plusieurs reprises, l’Italie a tenté de se faire une place au sein du programme MGCS, conduit sous la responsabilité de l’Allemagne. Vainement… car, tant pour Berlin que pour Paris, il n’était pas question d’accueillir de nouveaux partenaires dans ce projet dans l’immédiat.

Seulement, depuis que sa phase d’étude d’achitecture, dite « SADS Part 1 », a été lancée, le MGCS est embourbé. Si le rapprochement entre le français Nexter et l’Allemand Krauss-Maffei Wegmann au sein de KNDS devait simplifier le partage des tâches à 50-50, la venue de Rheinmetall, imposé à Paris par Berlin, l’a compliqué. En effet, les industriels impliqués n’arrivent pas à s’entendre sur certains points clés, comme par exemple l’armement principal du char de combat du futur devant être mis au point dans le cadre de ce programme.

Ce qui fait que, six ans après son lancement, celui-ci fait encore l’objet d’intenses tractations entre Paris et Berlin. En juillet, à l’issue de discussions « franches et décisives » avec Boris Pistorius, son homologue allemand, Sébastien Lecornu, le ministre français des Armées, a indiqué que les états-majors des deux pays allaient avoir à élaborer un « document de base » commun afin d’harmoniser leurs attentes au sujet du MGCS. Annonce suprenante… étant donné que l’on pensait que de tels travaux avaient déjà été menés…

« On veut le faire. Et on ne le fait pas que pour des raisons industrielles. On a besoin de définir un avenir à ce segment d’équipement militaire », avait alors assuré M. Lecornu. « Ni un nouveau Leclerc, ni un nouveau Léopard, le MGCS opère un saut technologique majeur qui sera en service jusqu’en 2070 », avait-il insisté.

Quoi qu’il en soit, et comme l’Allemagne le fit avec l’Espagne pour le SCAF, la France verrait finalement d’un très bon oeil une participation italienne au MGCS. C’est en effet ce qu’a révélé La Tribune, ce 24 août.

« La France et l’Italie sont récemment convenues de proposer à l’Allemagne d’inclure une participation italienne » dans le programme MGCS. « Pour la France, qui semble ne plus vouloir se faire marcher dessus par l’Allemagne […], ce serait à prendre ou à laisser », écrit l’hebdomadaire, pour qui un tel mouvement, s’il venait à se concrétiser, permettrait de « rééquilibrer » le rapport de force avec la partie allemande dans ce projet.

Une éventuelle participation italienne supposerait une implication d’Oto Melara, convoité par KNDS… et Rheinmetall. Ce dossier est suivi de très près par Guido Crosetto, le ministre italien de la Défense, dans la mesure où l’État transalpin est actionnaire à hauteur de 30% de la Leonardo, la maison mère.

Par ailleurs, le MGCS devant être un « système de systèmes » reposant sur un char de combat de nouvelle génération, il s’agit de mettre au point une architecture informatique, des robots terrestres, des drones, de nouveaux capteurs optroniques, etc. Et là, Leonardo a quelques arguments à faire valoir.

D’ailleurs, en marge du dernier salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget, en juin, M. Crosetto avait dit avoir eu une « longue conversation » avec M. Lecornu au sujet, notamment de la coopération en matière de défense. Or, déjà importante, celle-ci s’est accélérée au cours de ces dernières semaines, en particulier dans les domaines de la défense aérienne [avec le SAMP/T de nouvelle génération et les missiles ASTER] et des frégates de la classe Horizon.

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