Kiev congédie tous les responsables du recrutement de ses armées au nom de la lutte contre la corruption

Pour l’Ukraine, le soutien de ses partenaires de l’Otan est fondamental pour qu’elle puisse espérer prendre le dessus dans la guerre que lui fait la Russie. Et, par conséquent, il faut veiller à ce qu’il ne s’étiole pas au fil du temps, voire à éviter qu’il ne finisse par être contesté dans les pays qui fournissent une aide aux forces ukrainiennes.

D’où la lutte que mène Kiev contre la corruption. Avant la guerre, l’organisation non gouvernementale [ONG] Transparency International avait classé l’Ukraine au 122e rang [sur 180] de son classement mondial de la perception de la corruption. C’est dire l’ampleur de la tâche…

Aussi choquant que cela puisse paraître au regard du courage de leurs combattants envoyés en première ligne, les forces armées ukrainiennes ne sont pas épargnées par ce phénomène. Au début de cette année, la surfacturation de produits alimentaires destinées à leurs combattants [payés deux à trois plus cher par rapport aux prix du marché] a fait scandale, au point que le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiy Reznikov, a été à deux doigts d’être relevé de ses fonctions.

Mais, visiblement, la corruption concerne aussi les responsables régionaux chargés de la conscription et du recrutement de l’armée ukrainienne. Et, ce 11 août, le président Volodymyr Zelensky n’a pas fait dans la demi-mesure pour y mettre un terme puisqu’il a annoncé sa décision de tous les congédier.

Et cela alors que pas moins de 112 enquêtes criminelles ont été lancées après des inspections menées par les services de renseignement [SBU] et les organes de lutte contre la corruption. Le mois dernier, le colonel Ievguen Boryssov, un « commissaire » des armées chargé de la mobilisation, a été interpellé, après avoir été soupçonné de s’être offert une villa à Marbella [Espagne] pour 4 millions d’euros : en échange de pots-de-vin, il aurait donné à ses subordonnés des ordres pour « pistonner » ou exempter des individus appelés sous les drapeaux.

« Enrichissement illégal, blanchiment de fonds obtenus illégalement, profits illicites, transport illégal de l’autre côté de la frontière de conscrits. Notre solution : nous limogeons tous les commissaires militaires », a fait ainsi savoir le président ukrainien, via Telegram. « Il y a des abus dans diverses régions. Donetsk, Poltava, Vinnytsia, Odessa, Kiev », a-t-il dénoncé.

Et de demander au général Valeri Zaloujny, le commandant en chef des forces ukrainiennes, de remplacer les responsables mis à l’écart par des « gens qui savent qu’en temps de guerre, le cynisme et la corruption sont de la trahison », c’est à dire des militaires ayant connu l’épreuve du feu.

« Le système doit être piloté par […] des soldats qui sont passés par le front ou qui ne peuvent plus être dans les tranchées parce qu’il ont perdu leur santé ou un membre », a fait valoir M. Zelensky, qui a promis de punir les responsables du recrutement qui seront reconnus coupables de corruption. Quant aux autres, il les a invités à « aller au front » s’ils veulent « leurs galons et prouver leur dignité ».

Cette lutte contre la corruption est d’autant plus nécessaire qu’elle fait partie des conditions posées à Kiev par l’Union européenne [UE] pour maintenir son statut de candidat à l’adhésion. Et elle s’inscrit dans la perspective de la reconstruction des zones dévastées par les combats, une fois que la guerre sera terminée, le volume des investissements nécessaires ne pouvant qu’éveiller les appétits des moins scrupuleux.

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