L’Ukraine a mis en service les missiles de croisière SCALP fournis par la France

Le 11 juillet, lors de son arrivée à Vilnius [Lituanie] pour participer au sommet de l’Otan, le président Macron avait annoncé que la France livrerait à l’Ukraine des missiles de croisière SCALP [Système de croisière conventionnel autonome à longue portée].

« Nous avons décidé de livrer de nouveaux missiles permettant des frappes dans la profondeur à l’Ukraine. […] Je pense qu’aujourd’hui ce qui est important pour nous c’est d’envoyer un message de soutien à l’Ukraine, d’unité de l’Otan », avait-il fait valoir.

La France suivait ainsi le Royaume-Uni, qui avait pris une telle décision quelques semaines plus tôt. Les SCALP britanniques [appelés « Storm Shadow » outre-Manche] furent en effet très vite utilisés par des bombardiers tactiques Su-24MR « Fencer » ukrainiens.

Le SCALP est une « arme qui permet d’appuyer une percée, d’aller frapper des centres de commandement militaire, des intérêts stratégiques militaires russes, bien au-delà de la ligne de front », avait ensuite expliqué Sébastien Lecornu, le ministre des Armées.

Cependant, lors d’une audition réalisée au lendemain de cette annonce par la commission de la Défense, à l’Assemblée nationale, le général Jacques Langlade de Montgros, le Directeur du renseignement militaire [DRM], avait expliqué que si la livraison de SCALP traduisait une « évolution de l’appui de la France à l’Ukraine », elle ne constituait pas un « game changer ». « Cette capacité n’est pas destinée à frapper le sol russe » et « nous avons les moyens de vérifier que tel est bien le cas », avait-il dit.

Quoi qu’il en soit, la force aérienne ukrainienne a, semble-t-il, tiré les premiers SCALP livrés par la France. Ainsi, le 6 août, le ministère ukrainien de la Défense a publié une vidéo montrant le président Volodymyr Zelensky en train d’écrire un message sur l’un de ces missiles. À ce propos, celui-ci portait la mention « SCALP EG » écrite avec des lettres bleues, blanches et rouges, ainsi que l’insigne ukrainien avec une Tour Eiffel et une image associant la moitié d’un Su-24 Fencer à celle d’un Mirage 2000. Faudrait-il y voir un message caché?

Pour rappel, en France, seuls les Rafale et les Mirage 2000D [dont le nombre en dotation a été revu à la baisse à la faveur de la Loi de programmation militaire 2024-30] sont en mesure de mettre en oeuvre le SCALP.

Cela étant, le missile signé par le président Zelensky a-t-il été utilisé par la suite? Le ministère ukrainien de la Défense l’a suggéré, en faisant état de frappes contre deux ponts : l’un situé à Tchongar, en Crimée, l’autre près de Genitchesk, dans la partie occupée de la région de Kherson.

« La nuit dernière, des dizaines de missiles russes et de [drones] Shahed ont recherché des avions ukrainiens et des missiles Storm Shadow sur nos aérodromes. Mais ce n’est qu’aujourd’hui, à Tchongar et près de Genitchesk, que les Russes les ont enfin retrouvés », a-t-il ironisé.

Alors que leur contre-offensive peine à percer le solide dispositif défensif mis en place par l’armée russe, les forces ukrainiennes tentent actuellement de perturber l’approvisionnement de cette dernière. D’où les frappes contre les ponts situés dans les zones contrôlées par la Russie… ainsi que l’envoi de drones navals chargés d’explosifs contre les unités de la flotte russe de la mer Noire. Le navire de débarquement « Olenegorsky Gornyak » a ainsi été endommagé alors qu’il se trouvait à Novorossiisk [soit à plus de 600 km des côtes ukrainiennes] et un navire-citerne a été touché près du détroit de Kertch.

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