Le Japon envisage d’armer ses avions de transport Kawasaki C-2 avec des missiles à longue portée

En 2014, l’entreprise française Turgis & Gaillard avait émis l’idée de permettre à des C-130H Hercules de tirer entre quatre et huit AASM [armements air-sol modulaires] « Hammer » grâce au système SSA-1101 Gerfaut. Il s’agissait de répondre à un besoin exprimé par le Commandement des opérations spéciales [COS], qui souhaitait alors disposer d’avions de transport tactiques pouvant « délivrer ponctuellement une munition de type missile », comme, par exemple, les AC-130J Ghostrider américains, lesquels ont la capacité de tirer des AGM-176 Griffin ou de larguer des bombes GBU-39.

Dans le même registre, en 2020, l’US Air Force lança le programme CLEAVER [pour Cargo Launch Expendable Air Vehicles with Extended Range], également connu sous le nom de « Rapid Dragon ». Cette fois, l’idée – qui n’était pas neuve puisqu’elle avait déjà été envisagée dans les années 1980 avec un Boeing B-747 – reposait sur le concept de « munitions palettisées » larguées par un avion de transport.

Des essais préliminaires furent effecutés avec un MC-130J Commando II et un C-17 Globemaster III. Quant aux munitions, il était alors question d’utiliser des missiles air-sol AGM-158 JASSM-ER [Joint air-to-surface standoff missile – Extended Range] conditionnés sur des palettes. Une démonstration de ce système a depuis été réalisée avec succès en novembre 2022, lors de l’exercice ATREUS 2022-4, en Norvège.

Mais, visiblement, une telle capacité intéresse beaucoup le ministère japonais de la Défense, au point que celui-ci envisage d’intégrer des missiles à longue portée… sur les avions de transport Kawasaki C-2 mis en oeuvre par ses forces aériennes d’autodéfense. C’est en effet ce qu’a révélé le quotidien Japan Times, le 6 août.

Doté de deux réacteurs General Electric CF6, le C-2 peut transporter une charge maximale de 37,6 tonnes sur une distance d’environ 4500 km, en volant à une vitesse de croisière de 890 km/h. Son autonomie peut atteindre 7600 km avec une charge de 20 tonnes.

Cet avion « peut transporter plus de missiles que la plupart des chasseurs-bombardiers et peut rester en vol plus longtemps », ont souligné des sources gouvernementales japonaises auprès de Japan Times.

Un tel concept permettrait ainsi d’augmenter significativement la puissance de feu des forces japonaises… qui seraient en mesure de saturer les défenses adverses en faisant décoller leurs C-2 chargés de missiles depuis plusieurs endroits.

Deux modèles de munitions sont envisagés pour ce projet : l’AGM-158 JASSM, d’une portée de 900 km, et une version aéroportée du missile anti-navire Type 12, laquelle est encore en cours de développement chez Mitsubishi Heavy Industries.

A priori, Tokyo entend développer son propre système : une enveloppe de 3,6 milliards de yens [soit 23 millions d’euros] a d’ailleurs été prévue à cette fin dans le budget 2023. « Le développement à grande échelle devrait commencer après la phase de la recherche technique, en 2024 », avance le quotidien nippon.

Actuellement, la force aérienne d’autodéfense japonaise dispose de 12 Kawasaki C-2, dont un est dédié aux missions de guerre électronique. Et neuf exemplaires supplémentaires doivent encore lui être livrés.

Photo : Hunini – CC BY-SA 4.0

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