Selon M. Lecornu, le groupe paramilitaire russe Wagner n’est pas derrière le coup d’État au Niger

Le coup d’État mené au Niger à l’instigation du général Abdourahamane Tchiani présente quelques similitudes avec ceux ayant précédemment eu lieu au Mali et au Burkina Faso, lesquels ont servi les intérêts de la Russie, via le groupe paramilitaire Wagner.

Ainsi, depuis quelques mois, une campagne de dénigrement est menée sur les réseaux sociaux contre la présence des forces françaises dans le pays. Et la junte désormais au pouvoir peut se prévaloir du soutien du mouvement M62 [encore appelé « Union sacrée pour la sauvegarde de la souveraineté et de la dignité du peuple »] qui, créé en août 2022, est ouvertement anti-français et pro-russe. C’est d’ailleurs à son appel que, la semaine passée, des manifestants s’en sont pris à l’ambassade de France, ce qui a ensuite incité Paris à lancer une brève opération d’évacuation de ses ressortissants [ainsi que ceux d’autres pays partenaires et alliés].

Enfin, comme il l’avait fait pour le Mali et le Burkina Faso, par ailleurs solidaires de la junte nigérienne, Evguéni Prigojine, le chef de Wagner, n’aura pas tardé à se féliciter du coup d’État au Niger…

Pour autant, à Washington, on dit n’avoir aucun élément pour dire que la Russie est derrière les événements survenus à Niamey. En tout cas, c’est ce qu’a affirmé John Kirby, le porte-parole du conseiller à la sécurité nationale à la Maison Blanche, le 1er août dernier. Cela étant, et alors que les États-Unis ont également déployé des forces au Niger, le renseignement américain n’a apparemment pas vu le coup venir…

Cela étant, en France, la Direction générale de la sécurité extérieure [DGSE] avait-elle détecté des « signaux » suggérant la possibilité d’un tel putsch? Selon le journaliste Georges Malbrunot [Le Figaro], elle aurait conseillé aux autorités françaises « d’installer des membres des forces spéciales au palais présidentiel à Niamey » quelques heures avant le coup d’État. Vainement…

« Des diplomates ont répondu : il y aura des émeutes en ville. [Le président] Macron n’est pas content de la DGSE car il n’a pas eu d’anticipation. Mais on l’avait prévenu en disant c’est cette nuit, mais il faut bouger », ont confié deux sources au grand reporter du Figaro. Cependant, celui-ci a ensuite relayé, via Twitter, un démenti du ministère des Armées.

Quoi qu’il en soit, dans un entretien à l’AFP, Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, a admis que la France savait que « la situation était fragile au Niger » et que le président élu, Mohamed Bazoum, pouvait être de nouveau la cible d’une « tentative de déstabilisation », comme cela avait été le cas avant son investiture.

« Ce qui peut surprendre, c’est que le déclencheur de ce coup d’État part avant tout d’un différend personnel », a poursuivi M. Lecornu, à propos du général Tchiani, qu’il a qualifié de « général de palais » qui « n’a jamais vraiment combattu ».

Quant à l’implication éventuelle de la Russie, le ministre a affirmé que « Wagner n’est pas à l’origine de ce coup d’État » mais que « de manière très opportuniste », le groupe paramilitaire russe « peut chercher à conforter cette junte qui tente de se mettre en place ». Et d’estimer que « trois drapeaux russes agités devant l’ambassade de France agrémentés de quelques slogans ne doivent ni nous intimider ni nous pousser à des conclusions hâtives comme certains le font avec facilité ».

Reste que « Wagner ne fait rien gratuitement » car il agit selon une « approche de prédation financière avec les charges qui vont avec », a continué M. Lecornu. « Wagner ensuite n’apporte aucune solution de sécurité et certainement pas en matière de lutte contre le terrorisme. Il faut regarder objectivement la situation malienne après le départ de Barkhane et de la MINUSMA [Mission des Nations unies au Mali, ndlr] : 40% du territoire malien sont hors de contrôle de l’Etat! », a-t-il fait observer.

A contrario, a-t-il soutenu, le partenariat de combat mis en place entre les forces françaises et nigériennes en 2019 pour lutter contre les groupes jihadistes avait jusqu’alors « commencé à produire des résultats importants notamment dans la zone dite des trois frontières ». Aussi, a-t-il fait valoir, ce « putsch vient fragiliser cette lutte contre le terrorisme dans une zone sahélienne où les groupes terroristes armés connaissent un regain d’activité. C’est une erreur de jugement grave qui va totalement à l’encontre des intérêts du pays ».

Photo : Mercenaires du groupe Wagner / Archive

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