La disponibilité des hélicoptères d’attaque Tigre de l’ALAT a progressé significativement depuis 2020

Depuis 2020, le ministère des Armées ne communique plus les données relatives à la disponibilité technique opérationnelle [DTO] de l’ensemble des équipements qu’il met en oeuvre. Ce qui ne permet pas de mesurer les effets des réformes lancées en matière de Maintien en condition opérationnelle [MCO], en particulier dans le domaine aéronautique.

Ainsi, selon les derniers chiffres concernant les aéronefs de l’Aviation légère de l’armée de Terre [ALAT], les hélicoptères d’attaque et de reconnaissance Tigre affichaient une DTO moyenne d’environ 30%.

Or, en novembre 2019, l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement [OCCAr] a notifié à Airbus Helicopters un contrat de soutien global afin d’améliorer la disponibilité des Tigre mis en oeuvre par les forces françaises, allemandes et espagnoles.

Cela étant, s’agissant des appareils de l’ALAT, le contrat prévoit un taux de disponibilité des pièces de rechange pouvant aller jusqu’à 98% ainsi qu’une simplification de la logistique. L’industriel « se voit confier des responsabilités plus importantes et plus larges – telles que […] la gestion de bout en bout des pièces de rechange ou des réparations – qui se traduiront par un niveau de performance global plus élevé », avait expliqué l’OCCAr, à l’époque.

Visiblement, cette approche porte ses fruits. « La disponibilité des hélicoptères de reconnaissance et d’attaque poursuit son augmentation par rapport à 2021, essentiellement grâce au parc Tigre, qui continue de bénéficier des bons résultats du contrat de soutien global », est-il avancé dans la dernière édition du rapport annuel de performance [.pdf] publié par le ministère de l’Économie et des Finances.

Dans un entretien accordé à La Tribune, le commandant de la l’ALAT [COMALAT], le général Pierre Meyer, a donné la mesure de cette progression, que l’on peut qualifier de spectaculaire…

« Les efforts impulsés par le ministère ont payé. Le Tigre par exemple, grâce à la verticalisation du contrat de maintenance qui a responsabilisé l’industriel, atteint plus de 60 % de disponibilité. Ce qui n’était pas le cas au départ », a en effet affirmé le général Meyer.

« L’amélioration de la disponibilité des hélicoptères résulte de la conjonction de plusieurs facteurs. Nous avons ainsi également mis en place une nouvelle organisation en travaillant en plateau et regroupant la direction de la maintenance aéronautique [DMAé], le commandement de l’ALAT, les forces et l’industriel. Cette organisation en plateau nous permet d’anticiper les crises, par exemple celles liées aux pièces de rechange, et apporte une fluidité dans nos interactions », a expliqué le COMALAT.

Cependant, d’autres flottes connaissent encore des difficultés. Tel est le cas de celle des Gazelle, qui est « pénalisée par des problèmes d’approvisionnement de plus en plus prégnants ». D’où la récente notification à Airbus Helicopters par la DMAé du contrat verticalisé VEGA. D’une durée de 16 ans, ce marché « fait de la disponibilité une priorité pour répondre aux besoins de l’armée de Terre. Il engagera l’industrie sur un niveau de performance tout en améliorant la maîtrise des coûts via une forfaitisation accrue des prestations de soutien », a fait valoir le ministère des Armées.

Dans les pages de La Tribune, le général Meyer a fait état de problèmes affectant les NH-90 Caïman TTH. Mais selon lui, « compte tenu des progrès sur le Tigre, il n’y a aucune raison que la disponibilité du Caïman ne s’améliore pas de la même manière », notamment avec la suppression de « quelques interventions préventives trop pesantes » sur ce type d’appareil.

Par ailleurs, le COMALAT est convaincu que l’hélicoptère d’attaque a encore un avenir… ce que les déboires qu’ont connus les Kamov Ka-52 russes en Ukraine pourraient contredire.

« J’affirme que le Tigre est bien l’arme de la haute intensité dès lors qu’on l’emploie correctement » et « il est clair que si nous avions employé nos hélicoptères comme les Russes l’ont fait au début de la guerre en Ukraine, nous aurions perdu nos appareils », a fait valoir le général Meyer, pour qui la « guerre de haute intensité impose de retrouver une certaine masse critique » pour permettre à l’ALAT de réaliser ses missions.

Aussi, aligner « seulement » 67 Tigre, dont le standard Mk3 a été finalement abandonné, est-il suffisant? Ils constituent déja une « belle capacité de destruction » et « l’engagement se ferait plus vraisemblablement dans le cadre d’une coalition », a souligné le COMALAT, qui exclut une éventuelle reprise des Tigre que l’Australie remplacera par des AH-64E Guardian/Apache américains. Et cela en raison des coûts trop élevés. Aussi, il « peut être plus important d’investir dans le développement des briques technologiques qui équiperont les systèmes futurs », comme la coopération drones/hélicoptères », a-t-il conclu.

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