Le nouveau char russe T-14 Armata aurait été engagé en Ukraine
En novembre 2022, une vidéo montrant un T-14 Armata en train de manoeuvrer sur un terrain d’entrainement situé dans la région de Kazan [Volga] avait suggéré que les forces russes s’apprêtaient à engager dans les combats en Ukraine quelques exemplaires de leur dernier char, censé marquer une rupture technologique avec les modèles encore en service. Puis, un mois plus tard, le journaliste russe Vladimir Soloviev prétendit avoir pris des images de ce char alors qu’il se trouvait dans le Donbass… ce qui se révéla faux par la suite.
Cela étant, dans son évaluation quotidienne de la sitation en Ukraine, le renseignement britannique affirme qu’au moins deux T-14 Armata avaient été repérés au camp d’entraînement de Kouzminka [sud de la Russie], généralement utilisé comme site de « pré-déploiement » en Ukraine. Cependant, il estima que l’engagement au combat de ce nouveau char serait à « haut risque » pour les forces russes étant donné que son développement fut l’objet de retards et de surcoûts. Et que d’une telle décision serait prise à des ‘fins de propagande ».
Et, effectivement, aucun T-14 Armata ne fut signalé dans les zones de combat en Ukraine par la suite… Contrairement à d’autres vieux chars, comme les T-62 [contemporains des Leopard 1 que doit prochainement recevoir l’armée ukrainienne], les T-54/55, conçus peu après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, et les récents T-90M Proryv-3.
Mais la situation a sans doute évolué… Du moins si l’on en croit l’agence officielle Ria Novosti. « Les troupes russes ont commencé à utiliser des chars Armata pour tirer sur les positions ukrainiennes » mais « ils n’ont pas encore participé à des opérations d’assaut direct », a-t-elle en effet affirmé, ce 25 avril. Ce qui suggère qu’ils sont relativement proches des lignes ukrainiennes, au regard de la portée de leurs armes [entre 4 et 5 km, voire 8 km avec le missile antichar 3UBK21 « Sprinter »]
Selon les confidences d’une source au fait de cette affaire, Ria Novosti avance que les équipages de T-14 ont suivi une préparation sur des « terrains d’entraînement » situés dans « l’une des républiques populaires du Donbass » [Donetsk ou Louhansk].
Par ailleurs, elle précise également que les T-14 Armata en question ont été dotés de « protections latérales supplémentaires contre les munitions antichars ».
À noter que, même s’ils n’ont pas pris part à des « assauts directs », ces T-14 Armata seraient cependant relativement proches des lignes ukrainiennes, la portée de leur canon 2A82 étant de 4 à 5 km.
S’il est confirmé [probablement que des images circuleront tôt ou tard sur les réseaux sociaux], cet engagement du T-14 en Ukraine peut être vu comme une réponse à la livraison à l’armée ukrainienne de chars Leopard 2, Challenger 2 et Abrams.
Pour rappel, dévoilé officiellement lors de la « Grande parade patriotique » du 9 mai 2015, le T-14 Armata a déjà été déployé en Syrie, à des fins d’essais. D’une masse de 57 tonnes et doté doté d’un groupe motopropulseur de 1500 ch, il est mis en oeuvre par trois hommes, logés dans une capsule blindée à couches multiples, séparée des munitions. Sa tourelle téléopérée est munie d’un canon de 125 mm, d’un autre de 30 mm et d’une mitrailleuse de 12,7 mm. Il est équipé de capteurs radars, équipements optronoiques, caméras, etc] ainsi que du système de protection active Afganit.
Ce n’est pas la première fois que les médias russes annoncent le l’engagement au combat d’un équipement récemment mis au point. Tel a déjà le cas des chasseurs-bombardiers Su-57 « Felon ». Engagement qui a récemment été confirmé par le renseignement britannique. « Les missions [des Su-57] se sont probablement limitées à survoler le territoire russe et à lancer des missiles air-sol ou air-air à longue portée contre des objectifs situés en Ukraine », a-t-il toutefois estimé.