En quête d’avions de combat occidentaux, l’Ukraine lorgne sur les F-16 polonais

Après avoir obtenu des pièces d’artillerie en quantité et l’assurance de recevoir des chars Leopard et Abrams [mais pas dans l’immédiat s’agissant des seconds], l’Ukraine réclame désormais, et avec insistance, des « missiles à longue portée » ainsi que des avions de combat de conception occidentale afin d’être en mesure de chasser les troupes russes de son territoire.

« Dans ma liste au Père Noël, les avions de chasse figurent en bonne place mais j’ai compris au début du conflit qu’il était prématuré de mettre cette demande en avant », a d’ailleurs récemment confié Oleksiy Reznikov, le ministre ukrainien de la Défense ukrainien, dans les pages du Figaro.

Ainsi, dans un entretien publié par le quotidien espagnol El Pais, le porte-parole de la force aérienne ukrainienne, le colonel Yuri Ignat, a affirmé que la priorité de Kiev est d’obtenir au moins vingt-quatre chasseurs-bombardiers F-16, voire des Rafale ou des JAS-39 Gripen. Et cela, après avoir assuré, la semaine passée, que des pilotes et des techniciens ukrainiens se trouvaient aux États-Unis pour y suivre une formation… Ce que le Pentagone n’a pas confirmé.

S’agissant de la France, la cession de Rafale à Kiev étant totalement exclue, la rumeur dit que des Mirage 2000 récemment retirés du service pourraient prendre le chemin de l’Ukraine. C’est, du moins, l’interprétation faite par la presse britannique des propos tenus par le député Thomas Gassilloud, le président de la commission de la Défense, lors d’une visite à Londres, la semaine passée. « Concernant les livraisons à l’Ukraine, nous devons étudier les demandes au cas par cas et laisser toutes les portes ouvertes », aurait-il déclaré, selon The Telegraph.

Pour l’Allemagne, et comme on pouvait s’en douter [et il n’était pas besoin d’interroger le chancelier Scholz à ce propos], il n’est pas question de livrer des avions de combat à l’Ukraine. D’ailleurs, même si elle le voulait, la Luftwaffe ne pourrait pas se le permettre.

Évidemment, le regard de Kiev se tourne vers les États-Unis… Mais pas seulement. Alors que les Pays-Bas ont dit qu’ils étudieraient toute demande ukrainienne concernant leurs anciens F-16MLU avec un « esprit ouvert », Andrii Yermak, le chef de cabinet de Volodymyr Zelenski, le président ukrainien, a affirmé avoir reçu des « signaux positifs » de Varsovie.

« Des travaux sont en cours pour obtenir des F-16. Nous avons des signaux positifis de la Pologne, qui est prête à nous en donner, en accord avec l’Otan », a en effet indiqué M. Yermak, via Telegram.

Si la Pologne était prête à se séparer de ses MiG-29 « Fulcrum », hérités de la période soviétique, pour les céder à l’Ukraine [ce qui n’a pas pu se faire, les États-Unis ayant été alors réticents], la déclaration du chef de cabinet de M. Zelenski est surprenante… dans la mesure où le F-16 C/D Block 52+ « Advanced » est l’avion de combat le plus récent actuellement en service au sein de la force aérienne polonaise… et que celle-ci n’en compte que 48 exemplaires.

D’où la réaction prudente de Mateusz Morawiecki, le Premier ministre polonais. « Nous coordonnons toutes les actions visant à renforcer les forces ukrainiennes avec nos partenaires de l’Otan, comme cela a été le cas lorsqu’il a été décidé de transférer les systèmes de défense aérienne Patriot ou de créer une coalition internationale pour envoyer des chars Leopard 2 en Ukraine », a-t-il dit, ce 30 janvier, lors d’une visite du camp militaire de Siedlce, ce 30 janvier. « Tout comme il y a quelques mois avec les MiG, tout transfert sera mis en oeuvre en consultation avec les pays de l’Otan », a-t-il insisté.

La cession à l’Ukraine de Leopard 2, de PT-91 Twardy et de T-72 par la Pologne n’était pas un problème en soi étant donné que le remplacement de ces chars est déjà en cours, des M1A2 Abrams et des K-2 Black Panther [sud-coréens] ayant été commandés l’an passé. Ce qui n’est pas le cas pour les F-16C/D…

Par ailleurs, M. Morawiecki a indiqué que les dépenses militaires polonaises augmenteraient encore significativement – et plus rapidement que prévu – dans les mois à venir. « La guerre en Ukraine nous oblige à nous armer encore plus vite. C’est pourquoi cette année, nous ferons un effort sans précédent, avec 4% du PIB pour l’armée polonaise », a-t-il assuré.

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