Le Système de drone aérien pour la Marine a franchi une nouvelle étape clé

Le Système de drone aérien pour la Marine [SDAM], destiné à équiper les frégates et les porte-hélicoptères amphibie, sera-t-il confirmé par la Loi de programmation militaire 2024-30?

Lors d’une audition de Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, en juillet, le sénateur Cédric Perrin s’était fait l’écho de rumeurs selon lesquelles il pourrait être menacé. D’autant plus que son apport sur le plan capacitaire restaient à démontrer par rapport au S-100 de Camcopter [appelé SERVAL dans la Marine, ndlr], faute, par exemple, de pouvoir emporter des munitions.

« Pour une fois qu’un matériel arrive presque à maturité, le choix de la marine risque d’aboutir à son abandon pur et simple. Qu’en est-il exactement? Quelles sont les difficultés rencontrées par ce programme? », avait alors demandé M. Perrin. Et le ministre lui répondit que les « prochaines semaines seraient décisives » étant donné que des « essais de qualification déterminants » pour son avenir étaient alors « prévus à l’automne ».

En octobre, devant les députés de la commission de la Défense, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], l’amiral Vandier, avait évoqué des « difficultés techniques » au moment où le démonstrateur du SDAM devait effectuer des essais depuis une frégate. « Ce programme sera examiné dans le cadre des travaux sur la loi de programmation militaire en vue d’assurer une convergence coût-performance-délai », avait-il ensuite précisé.

Pour rappel, lancé en 2017 et notifié par la Direction générale de l’armement [DGA] à Airbus Helicopters et à Naval Group, le SDAM repose sur le VSR-700, un appareil dérivé de l’hélicoptère civil léger Cabri G2 produit par le constructeur français Guimbal. Constuit avec des matériaux composite et disposant d’une endurance de 8 heures avec deux charges utiles, celui-ci peut voler à 5000 mètres d’altitude, à la vitesse de 185 km/h.

Le développement du SDAM suppose de relever plusieurs défi, à commencer par celui de faire décoller et apponter – de manière autonome – un drone sur une plateforme en mouvement, dans une mer de niveau 5 [mer forte, avec des hauteurs de 2,5 à 4 mètres]. Or, grâce au système DeckFinder, Airbus Helicopters a pu réaliser des décollages et des appontages d’un VSR-700 depuis à bord d’un navire civil, « par différents états de mer ». Restait alors à faire valider ce résultat par la DGA.

Ce qui a été fait en décembre. « La DGA a validé en décembre 2022 les capacités techniques en phase de survol maritime du démonstrateur de drone VSR-700, dans le cadre de l’étude de levée de risques du programme SDAM », a-t-elle en effet annoncé, ce 27 janvier. « Cette capacité technique représente une avancée majeure et une première mondiale pour un drone de cette catégorie », a-t-elle souligné.

Cette évaluation a été menée depuis l’Île de Levant [Var], où est implanté un site de la DGA Essais de Missile, « en collaboration étroite avec les équipes des industriels concernés » et avec la participation des ingénieurs de la DGA Essais en vol, de la DGA Techniques navale et de la DGA Ingénierie des projets. Au total, cinq vols ont été effectués durant une semaine.

« Cette campagne d’essais porte le nombre d’heures de vol réalisées au titre de l’étude de levée de risques SDAM à plus de 240 heures réparties sur plus de 160 vols », a précisé la DGA. Et d’ajouter : « Le succès de ces essais techniques, après celui de la campagne de décollages et appontages automatiques menée en mer depuis un bateau civil au premier trimestre 2022, autorise le passage à une phase d’essais à bord d’une frégate de la Marine nationale ». Ceux-ci termineront la phase de levée de risque… et selon leurs résultats, le programme entrera [ou non] dans sa phase de réalisation. À moins que la future LPM en décide autrement.

En attendant, fait valoir la DGA, les « résultats de l’étude de levée de risques SDAM, d’un montant d’environ 100 millions d’euros, démontrent la capacité d’innovation de haut niveau du ministère des Armées et contribuent activement au développement d’une filière drones au sein de l’industrie française de Défense ».

Photo : Direction générale de l’armement

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