La Belgique aurait la « volonté politique » de monter à bord du Système de combat aérien du futur

En 2018, ambassadrice de France en poste à Bruxelles, Claude-France Arnould avait prévenu : si la Belgique devait choisir le chasseur-bombardier américain F-35A aux dépens d’une offre européenne [Rafale ou Eurofighter Typhoon], alors elle ne pourrait pas participer au programme SCAF [Système de combat aérien du futur], qui venait alors d’être mis sur les rails par la France et l’Allemagne. Ce propos lui avait valu un « rappel à l’ordre » de Charles Michel, alors Premier ministre belge et le Quai d’Orsay s’était contenté de « prendre note » de la réaction de ce dernier.

Cela étant, faute de rejoindre le SCAF, la Belgique aurait pu se rallier au Tempest, le projet concurrent que venait de lancer le Royaume-Uni.

Quoi qu’il en soit, la Belgique a depuis commandé 34 F-35A [le premier exemplaire doit lui être livré en 2023]. Et l’Allemagne s’apprête à en faire de même, malgré sa participation au SCAF, par ailleurs rejoint par l’Espagne. En outre, et après bien des péripéties sur fond de désaccords entre les industriels concernés, ce projet est passé à la phase 1B, laquelle ouvre la voie à des démonstrateurs. Et, dans le même temps, devenu italo-britannique, le Tempest a fusionné avec le projet japonais F-3 au sein du programme « Global Combat Air Programme ».

Quoi qu’il en soit, en avril 2021, la ministre belge de la Défense, Ludivine Dedonder, affirma au Parlement que Bruxelles suivait de près le SCAF et le Tempest qu’une participation de l’industrie belge à l’un ou l’autre de ces projet n’étaient pas exclue. Puis, en décembre dernier, elle a mis en place un comité consultatif, chargé d’examiner l’avenir de l’aviation de combat outre-Qiévrain.

Mais d’après l’amiral Michel Hofman, le chef de la Défense belge, la préférence du gouvernement belge va vers le SCAF.

« Il y a une volonté politique très forte d’essayer de rejoindre le programme SCAF », a en effet affirmé l’amiral Hofman, lors d’une rencontre avec la presse, le 24 janvier. « Il y a des contacts au niveau politique avec l’Allemagne, la France et l’Espagne pour rejoindre le programme. C’est la ministre qui a la meilleure information sur le dosser parce que c’est elle qui entretient ce genre de contacts », a-t-il ajouté, selon des propos rapportés par le quotidien La Libre Belgique.

Une participation belge au « Global Combat Air Programme » serait-elle totalement exclue? « C’est un fait qu’il faudrait peut-être regarder les deux programmes », a estimé l’amiral Hofman, pour qui l’interopérabilité avec le F-35A sera un facteur déterminant. « Mais les flèches sont dirigées vers le SCAF pour le moment » et « politiquement, c’est le SCAF qui retient l’attention et les efforts », a-t-il insisté.

En tout cas, pour l’industrie aérospatiale belge, participer à l’un ou l’autre des programmes d’avions de 6e génération est crucial. Le Pdg de la SABCA, Thibauld Jongen, avait ainsi plaidé en ce sens dans les pages du journal économique L’Écho.

« L’industrie belge doit être à bord de quelques programmes aéronautiques militaires, pour éviter de refaire l’erreur commise il y a une vingtaine d’années avec le F-35 », avait affirmé M. Jongen, en décembre 2020.

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