L’US Air Force voudrait hâter la mise en service du NGAD, son avion de combat de 6e génération
Quel sera le visage de l’US Air Force en 2036? Pour le savoir, il faut attendre les conclusions d’une étude « TacAir » lancée par son chef d’état-major, le général Charles Q. Brown, pour déterminer les capacités dont elle aura besoin à cette échéance. Cependant, quelques pistes de réflexion ont d’ores et déjà été avancées.
Ainsi, le 18 février, le général Brown a dit vouloir remplacer les actuels chasseurs-bombardiers F-16 par des avions de génération 4,5, c’est à dire avec des capacités se situant entre celles du F-16 et celles des appareils furtifs F-22/F-35, conçus par Lockheed-Martin.
« En fait, je veux être en mesure de construire quelque chose de nouveau et de différent qui ne soit pas le F-16 mais qui possède certaines de ses capacités », a ensuite développé le général Brown. Or, selon les plans actuels, l’US Air Force doit se doter de 1.763 F-35A pour justement remplacer ses F-16 ainsi qu’une partie de ses F-15…
Aussi, certains médias américains en ont déduit que l’US Air Force venait d’admettre que le programme F-35 était un échec… Comme l’a fait MSNBC, rapporte le site Defense One… Pour autant, le général Brown a corrigé le tir plus tard.
« Le F-35 est la pierre angulaire de notre aviation tactique et de notre capacité de combat », a-t-il assuré. Cela étant, le nombre d’exemplaires dont l’US Air Force disposera ne sera pas forcément celui qui avait été prévu au départ, c’est à dire lors d’un examen stratégique conduit en 1997.
En outre, le général Brown avait précédemment comparé le F-35 à une voiture de sport. « Vous ne conduisez pas votre Ferrari pour aller au travail tous les jours. Vous ne la conduisez que le dimanche. C’est notre chasseur haut de gamme, donc nous voulons nous assurer de ne pas avoir à l’utiser pour le combat bas de gamme », avait-il expliqué.
Quoi qu’il en soit, l’étude en cours ne manquera pas d’aborder le sort du programme NGAD [Next Generation Air Dominance], lequel repose sur un avion de combat de 6e génération, dont un démonstrateur a déjà volé, dans le plus grand secret, en 2020, après avoir été conçu selon l’approche dite « Digital Century Series initiative », car s’appuyant sur les dernières avancées en matière d’ingénierie numérique.
En janvier, Will Roper, l’ex-secrétaire adjoint à l’Air Force pour les acquisitions et la technologie, avait plaidé pour réduire la commande d’avions F-35A afin de dégager des marges de manoeuvres budgétaires supplémentaires pour le programme NGAD.
« Les coûts exorbitants du cycle de vie du F-35 signifient que l’US Air Force ne peut pas se permettre d’acheter autant d’avions dont elle a besoin pour combattre et une gagner une guerre aujourd’hui, ce qui rend d’autant plus important le programme NGAD », avait en effet expliqué M. Roper. « Je pense que le F-35 est loin d’être un avion de combat abordable que nous pouvons acheter en gros », avait-il ajouté.
Sur ce point, le chef de l’Air Combat Command, le général Mark Kelly a dit avoir une confiance mesurée sur la capacité de Lockheed-Martin à réduire le coût de l’heure de vol du F-35A de 36.000 à 25.000 dollars d’ici 2025. Pour autant, il a assuré que le rôle de cet avion demeure « inchangé », malgré les discussions sur le développement d’un nouvel appareil de génération 4,5. « Il sera toujours une pièce maîtresse de la plupart des opérations que notre force aérienne aura à mener dans les décennies à venir », a-t-il dit, le 26 février, lors du symposium annuel de l’assocation de l’Air Force.
Toutefois, le général Kelly a dit craindre que l’avion issu du programme NGAD ne soit pas mis en service suffisamment tôt dans le cas d’une éventuelle confrontation avec la Chine. « Ce que je ne sais pas […] c’est si notre nation aura le courage et la volonté de déployer cette capacité avant que quelqu’un, comme la Chine, ne l’utilise contre nous », a-t-il dit.
Pour le moment, on ne sait que très peu de chose sur le NGAD, si ce n’est qu’il s’agit d’un « système de systèmes », comme le Tempest britannique et le SCAF franco-germano-espanol. Le général Kelly n’a fait que vanter ses capacités sans les dévoiler… Si ce n’est qu’elle garantiront « la supériorité aérienne » aux forces américaines et que les adversaires qui auront à y faire face connaîtront une « guerre difficile. »
Les propos du patron de l’Air Combat Command visent sans doute à convaincre le Congrès de voter les crédits nécesssaires à la mise au point du NGAD. Or, pour l’exercice 2021, ce dernier lui a accordé une enveloppe de 904 millions, sont 140 millions de moins par rapport au budget de 1,044 milliard de dollars demandé par l’US Air Force, soit un montant équivalent à celui attribué en 2020. À titre de comparaison, le Royaume-Uni a prévu d’investir 2,5 milliards de livres sterling dans le développement du Tempest quand 220 millions d’euros ont été débloqués pour le SCAF [65 millions pour l’étude de concept commun et 155 millions pour la phase 1A, ndlr].
En tout cas, et contrairement à ce qu’avait suggéré Will Roper en janvier, le général Brown a assuré qu’il ne serait pas question de puiser dans le programme F-35 pour financer le NGAD.
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