Face aux menaces nées de la crise, le président Macron n’entend pas baisser la garde et fait l’éloge du « temps long »

Très prochainement, le ministère des Armées dévoilera une nouvelle version de la Revue stratégique publiée en 2017, sur laquelle a été élaborée la Loi de programmation militaire 2019-25. Cette actualisation fera certainement le constat que les tendances qui avaient été identifiées il y a un peu plus de trois ans se sont vérifiées… et accentuées, notamment sous l’effet de la crise provoquée par l’épidémie de covid-19.

C’est d’ailleurs ce qu’a expliqué le président Macron, lors de ses voeux aux Armées, ce 19 janvier. « Le nouveau jeu de puissances que nous avions identifié […] s’est non seulement confirmé mais encore durci. […] La crise sanitaire, sociale et économique a favorisé les réflexes de repli, les peurs obsidionales, attisé les braises des nationalismes, aiguisé les ambitions, accentué l’opposition des volontés », a-t-il en effet déclaré depuis la préfecture maritime de Brest.

« Nous avons vu des positions se durcir, l’escalade des armements s’accélérer, l’hybridité se renforcer, les actions grises se multiplier dans tous les espaces de conflictualité », a poursuivi M. Macron. Aussi, a-t-il estimé, « ceci doit conduire très clairement à ne rien changer de nos objectifs, de notre ambition, mais à accélérer certains mouvements, à nous adapter à cette évolution du cours du monde. »

Alors que la LPM 2019-25 comporte une clause de « revoyure » à la fin de cette année, notamment pour préciser les montants du budget des armées pour les années 2024 et 25, le président Macron entend poursuivre l’effort. « Je le réaffirme solennellement aujourd’hui : les engagements que j’ai pris seront tenus », a-t-il dit.

Après avoir souligné que la présente LPM a été jusqu’à présent « mise en oeuvre » à l’euros près, avec des hausses successives du budget des armées de 1,7 milliard d’euros, le président Macron a assuré que, « malgré la période difficile que nous traversons, cet effort de remontée en puissance sera maintenu dans les conditions prévues jusqu’en 2023 par la LPM, avec pour objectif l’ambition opérationnelle […] fixée pour l’horizon 2030. »

Pour rappel, la LPM prévoit de porter le budget des armées à 44 milliards d’euros en 2023, contre 39,2 milliards d’euros cette année. Ce qui signifie que la loi de finances 2023 devra prévoir une hausse de l’effort de défense de 3 milliards d’euros. Mais cela dépendra de la majorité qui sera sortie des urnes en… 2022.

Quoi qu’il en soit, la France ne sera pas la seule à augmenter ses dépenses de défense pour donner à ses armées les moyens de leurs missions. En décembre, le cabinet Deloitte a estimé que les budgets militaires au niveau mondial devraient progresser de 2,1% en 2021. Justement en raison des tensions géopolitiques exacerbées par la pandémie de covid-19.

Pour conclure son propos, Emmanuel Macron a fait l’éloge du « temps long ». Une expression qui revient régulièrement dans ses discours [du moins dans ceux destinés à la communauté de défense].

« N’oublions jamais de regarder au-delà de l’écume des jours », a-t-il dit. « Par les temps que nous vivons, quand l’angoisse saisit la Nation, quand les impatiences se font jour, la tendance [sic] est grande que de s’occuper que du quotidien », a-t-il continué. Et cela alors que « la force de nos armées, de nos choix, de notre Nation, c’est de savoir embrasser le temps long », a poursuivi M. Macron.

« On ne gagne aucune guerre si on ne la prépare pas », a encore dit le chef de l’État. Aussi, a-t-il insisté, « ne cédons à aucun court-termisme, à aucune impatience, à aucune mode des temps » et « gardons cette capacité à regarder le grand large, à avoir cette vision stratégique qu’ont eu certains de nos prédécesseurs, qui ont bâti notre indépendance et les instruments de celle-ci. »

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