Le navire de recherche R/V Petrel a retrouvé l’épave du porte-avions USS Wasp, coulé en septembre 1942

Après avoir récemment retrouvé les restes du porte-avions américain USS Hornet, coulé le 27 octobre 1942 par l’aéronavale japonaise près des îles Santa Cruz, dans le Pacifique, le navire de recherche R/V Petrel, affrété par Vulcan, une structure fondée par Paul Allen, le co-fondateur de Microsoft, a annoncé, la semaine passée, une autre découverte : celle de l’épave de l’USS Wasp, gisant à 4.200 mètres de profondeur, en mer de Corail, au nord-est de l’Australie.

Mis en service en 1940 malgré des soucis récurrents au niveau de ses turbines, ce porte-avions de 20.000 tonnes a la particularité d’avoir été engagé sur le théâtre européen avant d’aller affonter la marine impériale japonaise après l’attaque de Pearl Harbor, le 7 décembre 1941.

En effet, dans un premier temps, ce navire fut sollicité pour acheminer des chasseur Curtiss P-40 en Islande. Ses dirigeants étant réticents à s’engager contre les forces de l’Axe [Allemagne et Italie], le Royaume-Uni décida d’occuper ce pays stratégique pour la suite des opérations [« celui qui contrôle l’Islande a dans les mains un revolver pointé sur l’Angleterre, les États-Unis et le Canada », avait affirmé le géopoliticien allemand Karl Haushofer, ndlr]. Puis, dans le cadre d’un accord passé avec Washington en juillet 1941, Londres accepta de voir ses troupes y être relevées par des forces américaines. D’où la mission de l’USS Wasp.

Puis ce porte-avions fut à nouveau mobilisé pour transporter des avions Spitfire de la Royal Air Force à Malte, alors sous la menace allemande. Une mission délicate car le passage via le détroit de Gibraltar devait se faire en toute discrétion, afin d’éviter les espions. Il dut s’y reprendre à deux fois, un premier lot d’appareils ayant été détruit par un bombardement de la Luftwaffe dès son arrivée sur l’île.

Après l’affaire de Pearl Harbour, l’US Navy fut contrainte de redéployer l’USS Wasp dans le Pacifique. Avec ses F-4F Wildcat, TBF-1 Avenger et SBD-3 Dauntless, le porte-avions, toujours aux prises avec des problèmes de propulsion, prend part aux opérations de Guadalcanal [août 1942-février 1943]. Mais il n’en verra pas la fin.

Le 15 septembre 1942, l’USS Wasp fut en effet touché par deux ou trois torpilles lancées par le sous-marin japonais I-19. Devant les dégâts causés par les incendies qui s’étaient déclarés à bord, il fut décidé d’évacuer le navire. Son pacha, Forrest Sherman, n’abandonna la passerelle qu’après s’être assuré que tous les marins survivants avaient bel et bien quitté le bâtiment. Sur ses 2.162 hommes d’équipage, 176 y laissèrent cependant la vie.

Plus tard, le destroyer USS Lansdowne mit un terme à l’agonie de l’USS Wasp en l’envoyant par le fond. Il aura donc fallu près de 77 ans pour retrouver son épave.

Actuellement, le nom d’USS Wasp est porté par un navire d’assaut amphibie. Son commandant, Colby Howard, a salué le travail du R/V Petrel et rendu hommage aux marins du porte-avions coulé.

« Pendant la Seconde Guerre Mondiale, l’équipage de l’USS Wasp a fait preuve d’une bravoure, d’une ténacité et d’une détermination que nos marins s’efforcent aujourd’hui d’imiter. […] Nous espérons que cette découverte permettra aux survivants et à leurs familles de rester proches. Je tiens à remercier sincèrement l’ensemble de l’équipage du R/V Petrel, dont l’engagement et la persévérance ont conduit à cette découverte », a-t-il déclaré.

Le navire affrété par les équipes de Paul Allen [décédé en octobre 2018, ndlr] a déjà retrouvé bon nombre d’épaves de navires ayant tenu un rôle important durant la Seconde Guerre Mondiale. La marine américain y trouve un intérêt étant donné leur étude lui permet d’évaluer les dommages subis afin d’en tirer des leçons pour la conception de ses futurs bâtiments. La Marine nationale fait exactement la même chose, comme avec le cuirassé Bouvet, coulé en mars 1915

Pour l’anecdote, le lieutenant David McCampbell, qui se trouvait à bord de l’USS Wasp lors de son torpillage, établira le record de victoires obtenues en combat aérien en une seule mission, avec 9 avions ennemis abattu [le 24 octobre 1944, lors de la bataille du golfe de Leyte].

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