Le président Macron assure que la France maintiendra « fortement » son effort militaire au Sahel
Traditionnellement, avant les fêtes de l’année, le chef de l’État (et des armées) rend visite aux troupes françaises engagées sur un théâtre d’opérations extérieures. Le 22 décembre, le président Macron est ainsi allé à la rencontre des militaires affectés à Niamey (Niger), où sont concentrés une grande partie des moyens aériens de l’opération Barkhane.
À cette occasion, M. Macron a salué « la force et le courage de femmes et d’hommes qui ont décidé de servir » ainsi que leur détermination à « remplir les missions » qui leur sont confiées. Mais au-delà de ces marques de reconnaissance, il a rappelé les principes qui guident l’action de la France dans la bande sahélo-saharienne (BSS).
« Le Sahel est une priorité. C’est là que se joue notre sécurité. C’est là que se joue une partie de l’avenir du continent africain mais également sans doute une partie de notre avenir. Nous ne devons pas laisser le Sahel aux organisations terroristes que nous sommes en train, en ce moment même, de défaire au Levant », a dit M. Macron, après avoir de nouveau exprimé sa confiance aux militaires.
« Et alors que dans quelques mois, je l’espère, nos armées, dans le cadre de la coalition internationale, gagneront sur le terrain, en zone irako-syrienne face à Daesh, je ne veux pas que nous cédions la moindre once de territoire aux forces terroristes jumelles dans le Sahel et le Sahara », a continué le président.
Pour cela, l’action française dans la BSS repose sur la coordination des opérations militaires, en lien avec la mission des Nations unies au Mali (MINUSMA), la mission européenne EUTM MAli et la Force conjointe du G5 Sahel, avec l’aide au développement et les efforts diplomatiques.
« Ce triptyque est la condition même de notre réussite. C’est ce qui nous permettra de gagner dans la durée. […] S’il n’y a pas de ligne claire sur le plan militaire et diplomatique, il n’y a pas d’action durable », a souligné M. Macron.
Avec l’opération Serval, puis Barkhane, des « coups d’arrêts significatifs » ont été portés aux groupes jihadistes, lesquels ne sont désormais « plus capables d’ébranler un État », a affirmé le président. Mais, « dispersés en bandes mobiles », ces derniers « cherchent à frapper demanière asymétrique » dans un territoire désertique aussi vaste que l’Europe, où « le moindre acacia est une cache potentielle », a-t-il ajouté.
Aussi, en 2018, « notre engagement ici sera plein et entier », a assuré M. Macron. « Parce que l’opération Barkhane est essentielle pour notre stratégie dans le Sahel et plus largement, l’année 2018 sera marquée par des priorités que nous redonnerons en fonction des évolutions de l’ennemi, de nos choix stratégiques et des évolutions politiques, a-t-il poursuivi. « Mais l’effort sera maintenu, fortement », a-t-il insisté.
« Les choix que j’aurai à prendre seront guidés par nos objectifs de sécurité et avec une volonté pour l’année qui s’ouvre d’obtenir des victoires claires [et] importantes face à l’ennemi. Nous devons lui montrer que nous sommes là et que nous gagnons à nouveau du terrain », a encore lancé M. Macron, pour qui il est important de « redonner confiance » aux armées partenaires [celles du G5 Sahel, ndlr] en leur permettant durablement de se réétablir dans plusieurs zones de la région. »
La fraternité d'armes ne se décrète pas. C'est vous qui la construisez pas à pas dans l'accomplissement de votre devoir. pic.twitter.com/3qvbsZcD7K
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 22 décembre 2017
Par ailleurs, e président n’a évidemment pas évoqué les difficultés budgétaires en cours (700 millions d’euros du budget des armées étant, aux dernières nouvelles, toujours gelés). Mais il a réaffirmé son intention d’augmenter l’effort en matière de défense en témoignant de l’attention qu’il porte aux militaires et aux opérations dans lesquelles ils sont engagés, après avoir évoqué la condition militaire et mis en avant la « fraternité d’arme
« Je voudrais enfin vous dire toute l’attention que je porte à ce que vous représentez ici, à ce que vous faites. Ainsi qu’à vos camarades engagés dans tout le Sahel et au Levant, sur terre, sur mer, partout où flotte un drapeau ou un pavillon français », a dit M. Macron aux militaires basés à Niamey.
« Ne réduisez pas cette attention à ma seule présence ou à un dîner préparé par le chef cuisinier de l’Élysée (*). Mon attention, vous l’avez tout au long de l’année, que vous soyez en opération dans vos garnisons. Vous l’avez au travers de l’importance que j’accord aux comptes-rendus qui me sont faits quotidiennement, au travers des messages que, chaque jour, le chef d’état-major particulier me porte. Vous l’avez au travers de ma volonté de redresser l’effort de défense du pays et des engagements clairs que je vous présenterai lors des voeux prochains. Vous l’avez parce que vous la méritez », a conclu M. Macron.
(*) Le chef cuisinier de l’Élysée, Guillaume Gomez, a préparé un repas de fête avec des produits offerts (et il faut le souligner) par les grossistes du marché de Rungis, près de Paris. Pour l’anecdote, au menu, il y avait un pâté en croûte Elysée veau-foie gras, une volaille des Hautes-Pyrénées rôtie aux morilles, un plateau de fromages de toutes les régions françaises et un grand gâteau bleu-blanc-rouge.
Photo : Le président Macron auprès des militaires français au Niger (via Twitter)