Un rapport déplore l’usure avancée de certains équipements de la Gendarmerie nationale
Pour 2018, la Gendarmerie nationale devrait disposer d’une enveloppe de 8,913 milliards d’euros, soit 101 millions de plus (+1,1%) par rapport à l’exercice budgétaire en cours. Mais comme l’on pouvait s’y attendre, cette progression des crédits sera insuffisante pour moderniser certains équipements usés jusqu’à la corde.
La situation la moins alarmante concerne le renouvellement des véhicules légers, indispensables pour permettre aux gendarmes d’assurer leurs missions quotidiennes.
Actuellement, les voitures en dotation au sein de la gendarmerie sont âgées, en moyenne, de 6 ans et 9 mois (contre 4 ans et 10 mois en 2010). « Au cours des dernières années, les véhicules légers n’ont pas été renouvelés de manière à assurer le maintien de leurs performances », ont ainsi relevé les sénateurs Philippe Paul et Yannick Vaugrenard, dans leur rapport pour avis sur les crédits e la Gendarmerie nationale.
« Il est à noter que le kilométrage moyen des véhicules est en légère baisse, ce qui s’explique par l’effort budgétaire consacré depuis 2 ans au renouvellement automobile et par la réforme prioritaire des véhicules présentant le double critère de réforme (8 ans et 200 000 km) », ont cependant admis les deux rapporteurs.
Mais, ont-ils fait valoir, il ne faudrait pas se fier à ces moyennes car elles « cachent des situations parfois inadmissibles, avec des véhicules […] longuement immobilisés pour réparation ou qui affichent un état de délabrement avancé. »
Pour remédier à cette situation, la Gendarmerie nationale devrait acquérir 3.000 véhicules nouveaux par an. Seulement, selon les rapporteurs, le « budget consacré au renouvellement automobile [61 millions en crédits de paiement, ndlr] ne devrait pas être tout à fait suffisant » pour atteindre cet objectif.
Mais là n’est pas le plus préoccupant. Le Livre blanc sur la Défense et la sécurité nationale (LBDSN) de 2013 indiquait que la Gendarmerie « mettra en oeuvre des capacités-pivot (hélicoptères, véhicules blindés de maintien de l’ordre, réseau national durci de transmission) qui s’inscrivent en complémentarité des moyens des armées et qui seront maintenues. »
Or, dans le domaine des véhicules blindés, la situation s’aggrave d’année en année, alors que la nécessité de remplacer les VBRG (Véhicules blindés à roues de la gendarmerie) est identifiée depuis longtemps.
« Actuellement, pour une capacité blindée de la gendarmerie qui nécessite 90 véhicules, il reste 71 VBRG, qui datent bien de 1974, complétés par 20 véhicules de l’avant blindé (VAB) rachetés à l’armée de Terre lors de l’engagement en Afghanistan », ont rappelé les deux sénateurs.
Seulement, ont-ils ajouté, les « VBRG ne sont actuellement maintenus opérationnels que grâce à la ‘cannibalisation » des matériels de réforme » alors qu’ils sont particulièrement sollicités (et ils le seront davantage lors du futur référendum d’autodétermination en Nouvelle-Calédonie, en novembre 2018).
Au-delà de l’âge de ces blindés, se pose aussi la question de leurs capacités opérationnelles. Lors de son passage devant la commission de la Défénse, à l’Assemblée, le Directeur général de la Gendarmerie nationale (DGGN), le général Richard Lizurey avait en effet évoqué le cas, en Nouvelle-Calédonie, de « tirs directs, avec des projectiles transperçant les blindages des véhicules blindés à roues de la gendarmerie (VBRG). » Un sujet de préoccupation de plus…
« Afin de pouvoir faire face aux menaces et aux risques identifiés dans le livre blanc sur la défense et la sécurité nationales d’avril 2013, un plan de renouvellement de ce parc devrait être étudié dans le prochain triennal », estiment les deux sénateurs.
Un autre sujet préoccupant concerne les hélicoptères de la Gendarmerie. Son parc de 55 appareils se répartit entre trois flottes, avec 14 EC-145, 15 EC-135 [ces deux types de machine,biturbines, étant de conception relativement récente, ndlr] et 26 AS 350 « Écureuil » monoturbine.
Ces derniers « équipent essentiellement en métropole les unités de plaine et les unités littorales ainsi que les unités ultramarines », rappellent les rapporteurs. Seulement, ils affichent un âge moyen de 32 ans, le premier exemplaire ayant été livré en 1978. « Il n’est pas envisagé de solution de remplacement pour le moment pour les plus obsolètes (les AS 350 BA) », ont-ils déploré.
« En l’absence de possibilité financière actuelle de poursuite du programme de renouvellement des Écureuils par des EC 135 (8 millions d’euros/appareil), les perspectives d’évolutions du parc de la gendarmerie apparaissent limitées à une sanctuarisation du budget de soutien des flottes permettant de garantir une réponse opérationnelle de sécurisation et d’intervention dans la troisième dimension à hauteur de 18 900 H de vol annuelles au renouvellement sur les aéronefs affectés outre-mer des moyens optroniques d’observation pour les missions de sécurité publique générale », lit-on dans le rapport.
Par ailleurs, si elle ne concerne pas directement la Gendarmerie (mais indirectement), il faudra aussi se pencher sur le renouvellement des hélicoptères Puma du Groupement interarmées d’hélicoptères (GIH), dont l’une des missions est d’assurer la projection du GIGN…
Photo : VBRG – par Domenjod, CC BY-SA 3.0, via Wikipedia