L’armée afghane a subi de très lourdes pertes lors de l’attaque d’une de ses bases par les insurgés

L’offensive que lance chaque année le mouvement taleb afghan au printemps n’a pas encore commencé. Cela étant, les insurgés prépare visiblement le terrain, comme en témoigne l’assaut donné contre une base de l’armée nationale afghane (ANA) près de Mazar-i-Sharif, le 21 avril.

Ainsi, un commando taleb d’au moins 10 hommes ayant revêtu des uniformes de l’ANA a réussi à s’infiltrer dans l’enceinte de la base du 209e Corps d’armée, implantée aux abords de la capitale de la province de Mazar-i-Sharif, située dans le nord du pays. Dans un premier temps, il a été état de plus de 50 tués parmi les soldats afghans. Puis, ce 22 avril, le ministère afghan de la Défense a avancé le chiffre de 100 tués et blessés. Et ce bilan risque encore de s’alourdir, à en croire un officier présent sur place, contacté par l’AFP.

« Je suis à l’intérieur de la base et je pense que 150 soldats ont été tués et des dizaines blessés. Il s’agissait de jeunes recrues venues pour s’entraîner, qui arrivaient des provinces du Badakhshan et de Takhar », a affirmé cette source.

L’attaque, commencé vers 14h00 (locales), a duré plusieurs heures. Elle pris fin avec l’intervention des forces spéciales afghanes, entraînées par les Occidentaux. Dans un communiqué, le général américain John Nicholson, qui commande l’opération Resolute Support conduite par l’Otan dans le pays, a indiqué que les insurgés avaient visé les soldats du 209e Corps d’armée « pendant la prière à la mosquée et d’autres au réfectoire » de la base, alors qu’ils étaient désarmés.

Le porte-parole du ministère afghan de la Défense, le général Dawlat WaziriWaziri a précisé que « au total, 10 assaillants ont conduit cette attaque », que « 7 d’entre eux ont été tués, deux se sont fait exploser et un a été arrêté par les forces afghanes ».

Cet assaut a rapidement été revendiqué par le mouvement taleb. « Vers 14H00 nos moudjahidines [combattants, ndlr] ont lancé une attaque complexe contre le corps d’armée stationné à Mazar-i-Sharif, dans la province de Balkh, tuant des dizaines de soldats », a fait savoir Zabihullah Mujahib, son porte-parole.

La dernière attaque d’une telle envergure remonte au début du mois de mars, avec un assaut coordonné contre le principal hôpital militaire de Kaboul. Cette action, qui a officiellement fait une cinquantaine de tués, avait été revendiquée par la branche afghano-pakistanaise de l’État islamique.

Par ailleurs, en octobre 2016, l’ANA avait aussi subi de lourdes pertes dans une série d’embuscades tendues le même jour par les taliban dans le secteur de Chah-e-Anjir, à une douzaine de kilomètres de Lashkar Gah, la capitale de la province du Helmand. Au moins 90 soldats et membres des forces de sécurité y avaient laissé la vie.

Quant à l’offensive de printemps des taliban, elle ne saurait trop tarder. Nul doute qu’elle se concentrera sur les provinces afghanes déjà affaiblies lors de la précédente campagne, comme celles du Helmand, de Farah, de Kunduz, de Faryab, de Baghlan et d’Uruzgan.

Par ailleurs, la rumeur sur un soutien russe aux taliban ne cesse d’enfler. Ainsi, le 12 avril, le général Ghulam Farooq Sangari, qui commande la police dans la province d’Uruzgan, a rapporté qu’au moins 5 conseillers militaires russes avaient été vus aux côtés des insurgés, à une dizaine de kilomètres de Tarin Kot, la capitale provinciale. Mais ses propos ont été ensuite démentis par les autorités afghanes, qui ont affirmé n’avoir aucune preuve sur les allégations de ce responsable.

Cela étant, le rôle de Moscou (et de Téhéran) en Afghanistan suscite des interrogations. « J’ai vu récemment l’influence de la Russie, une influence croissante en termes d’association et peut-être même d’approvisionnement des talibans », a déclaré, le 23 mars, le général Curtis Scaparrotti, commandant suprême des forces alliées en Europe (Saceur). En tout cas, cela ne manque pas de préoccuper Kaboul.

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