Corée du Nord : Le site de Punggye-ri serait prêt pour un sixième essai nucléaire
La Corée du Nord va-t-elle procéder à son sixième essai nucléaire le 15 avril prochain, c’est à dire à l’occasion du « Jour du Soleil », c’est à dire pour le 105e anniversaire du fondateur du pays, Kim Il-sung? En tout cas, l’hypothèse est crédible.
En mars, les analystes de l’US-Korea Institute [université américaine John Hopkins] firent état d’une activité intense sur le site de Punggye-ri, qui sert habituellement à réaliser des essais nucléaires. Et, ce 13 avril, après avoir examiné de nouvelles photographies prises par satellite, les préparatifs pour un nouvel essai nucléaire seraient terminés.
Les clichés « montrent une activité continue autour du portail nord, de nouvelles activités dans la zone administrative principale et du personnel près du centre de commandement », ont-ils affirmé. En outre, la radio Voice of America, citant des responsables américain, affirme qu’un « engin nucléaire » aurait « apparemment été placé dans un tunnel ».
Visiblement, Washington s’attend à une nouvelle provocation du régime nord-coréen pour le 15 avril. Du moins, c’est ce qui expliquerait le récent départ d’un groupe aéronaval constitué autour du porte-avions USS Carl Vinson en direction de la péninsule nord-coréen. D’après l’agence Yonhap, il arriverait sur zone d’ici autour 15 du avril.
En soi, ce déploiement n’a rien d’exceptionnel étant donné que l’USS Carl Vinson a participé à des manoeuvres avec la marine sud-coréenne en mars. Seulement, cette mission à proximité de la péninsule coréenne ne figurait initialement pas au programme dans la mesure où ce porte-avions était attendu en Australie. Interrogé sur ce mouvement du groupe aéronaval américain, le chef du Pentagone, le général James Mattis, s’est montré vague, affirmant qu’il n’avait « aucune raison particulière » mais qu’il s’agissait d’une question de « prudence ».
Même si le président Trump a assuré que, le cas échéant, les États-Unis agiraient « unilatéralement » contre Pyongyang, l’on peut penser que le déploiement de ce groupe aéronaval américain vise à dissuader la Corée du Nord de tout nouvel essai nucléaire.
D’ailleurs, le 12 avril, lors d’un entretien donné à la chaîne de télévision Fox Business Network, le chef de la Maison Blanche en a rajouté. « Nous envoyons une armada. Très puissante […] Nous avons des sous-marins. Très puissants. Bien plus puissants que le porte-avions. Ça, je peux vous le dire », a-t-il lancé à propos de la Corée du Nord.
Seulement, cette « armada » américaine n’a pas l’air d’émouvoir Pyongyang. « Notre puissante armée révolutionnaire surveille chaque mouvement de l’ennemi et notre arsenal nucléaire est tourné vers les bases d’invasion américaines, non seulement en Corée du Sud et dans le théâtre des opérations du Pacifique, mais aussi sur le territoire américain même », a ainsi fait valoir le quotidien officiel Rodong Sinmun.
Même ton pour le ministère nord-coréen des Affaires étrangères, qui a parlé de décision « imprudente » au sujet du déploiement du porte-avions USS Carl Vinson. « Nous prendrons la contre-attaque la plus dure contre les provocateurs pour nous défendre par la force puissante des armes et conserver la route choisie par nous », a affirmé un porte-parole, cité par l’agence officielle KCNA.
Cette dernière a par ailleurs rendu compte, ce 13 avril, de manoeuvres effectuées par les forces spéciales nord-coréennes, supervisées par Kim Jong-Un, le maître de Pyongyang. « Cet exercice montre à nouveau que les envahisseurs imprudents testeront le goût des balles de notre Armée populaire coréenne et de la guerre », a claironné KCNA.
Had a very good call last night with the President of China concerning the menace of North Korea.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 12 avril 2017
Mais en montrant les muscles, Washington vise sans doute à forcer la Chine à user de son influence sur la Corée du Nord, dont elle est une proche alliée. Ainsi, un éditorial du quotidien chinois Global Times a surpris par son ton virulent à l’égard de Pyongyang.
« La péninsule coréenne n’a jamais été aussi proche d’un affrontement militaire depuis que le Nord a mené son premier essai nucléaire en 2006 », a observé le journal. Et d’avertir que, si le régime nord-coréen devait procéder à un nouvel essai nucléaire ou au lancement d’un missile intercontinental, Pékin « réagira fermement » en soutenant de nouvelles sanctions aux Nations unies, voire à restreindre les importations pétrolières de son turbulent voisin.