L’industrie aéronautique et spatiale française veut un budget de 2% du PIB pour les armées d’ici 2022

Après le Conseil des Industries de Défense Françaises (CIDEF), qui, en mars, soutenu la nécessité de porter le budget de la Défense à 2% du PIB dès 2022, le Groupement des industries aéronautiques et spatiales (GIFAS), présidé par Marwan Lahoud, ancien dirigeant d’Airbus, s’est lui aussi invité dans les débats de l’élection présidentielle, ce 13 avril, en plaidant lui aussi en faveur d’un effort budgétaire important en faveur des armées.

Il faut dire que le GIFAS a quelques arguments à faire valoir dans la mesure où le secteur aéronautique et spatial est le premier contributeur au commerce extérieur de la France, lequel est déjà lourdement déficitaire (-6,6 milliards d’euros en février 2017) et que son chiffre d’affaires a encore progressé de 4,1% (à périmètre constant) en 2016, pour s’établir à 60,4 millards d’euros. Depuis 2010, la progression est même spectaculaire, avec une hausse de plus de 60%.

D’où l’argument avancé par Marwad Lahoud pour justifier la hausse des crédits militaires à 2% du PIB d’ici 2022, c’est à dire avant la fin du prochain quinquennat. « Si nous arrivons à faire tout ce que nous faisons aujourd’hui, si nous arrivons à livrer année record après année record, c’est le résultat d’un investissement de l’industrie sur la durée mais c’est aussi le fruit d’un investissement conjoint des pouvoirs publics, en particulier dans la Défense », a-t-il affirmé.

« Il faut retrouver des niveaux d’investissements dans la Défense qui permettent d’espérer pour les 30 prochaines années une évolution aussi favorable que celle que nous connaissons aujourd’hui », a continué le président du GIFAS.

Ainsi, par exemple, les hublots qui équipent les avions commerciaux actuels sont issus des cockpits développés dans les années 1960 pour le Mirage IV. En outre, le développement de missiles balistiques est complémentaire de la réalisation de lanceurs spatiaux, comme la fusée Ariane. Et, l’accès à l’espace revêt une importance stratégique, non seulement pour la France mais aussi pour ses partenaires européens.

Or, fait observer M. Lahoud, « depuis 1990 (…) nous avons un recul de l’effort national de défense hors pensions de 26% en euros constants ». Ce qui, selon lui, a fait plonger ce dernier de 2,86 à 1,43% du PIB (hors pensions) en 25 ans. « Si tant est que l’on peut parler d’effort de maîtrise des dépenses publiques depuis le début des années 90 en France, le seul secteur qui y a contribué, c’est la Défense », a-t-il conclu.

Parmi les candidats en lice, François Fillon s’est donné pour objectif d’atteindre les 2% du PIB pour la Défense en 2023 (soit un an de plus par rapport au souhait de Benoît Hamon). Pour Emmanuel Macron, ce palier serait atteint en 2025, mais en ne prenant pas en compte les pensions et les surcoûts des opérations extérieures. Quant à Marine Le Pen, elle propose 3% du PIB d’ici 2022, tout comme François Asselineau (UPR). Parmi les autres candidats qui abordent les questions militaires, Nicolas Dupont-Aignan parle de « sanctuariser le budget de la défense à 2% du PIB hors pensions ». Enfin, Jean Lassalle ne donne pas de chiffres, de même que Jean-Luc Mélenchon.

Ce dernier parle même de « chiffre magique » quand il est question de ces 2% du PIB. Or, il n’a rien de « magique ». S’il est en phase, il est vrai, avec l’engagement pris par la France au sein de l’Otan, il représente le seuil minimum pour garantir les capacités et la cohérence des forces françaises. C’est d’ailleurs ce que ne cesse d’expliquer le général Pierre de Villiers, le chef d’état-major des armées.

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