M. Le Drian : « Nous sommes au taquet »

Au printemps 2014, et alors que des menaces de coupes budgétaires planaient sur le budget du ministère de la Défense (au point que les chefs d’état-major menacèrent de démissionner), le Premier ministre, Manuel Valls, avaient assuré à la tribune de l’Assemblée nationale qu’il n’était « pas question de demander aux armées de payer deux fois ».

Et de rappeler que la Loi de programmation militaire (LPM) « prévoit des économies structurelles particulièrement importantes qui constituent la contribution de la Défense au redressement » des comptes publics et qu’elle « définit un nouveau modèle d’armée et de nouveaux contrats opérationnels », avec une diminution des effectifs (34.000 postes en moins), une baisse de la masse salariale de 4,4 milliards d’euros, des renégociations industrielles sur les grands contrats d’armement et une « transformation du ministère qui se traduit par de nouvelles restructurations et plus de 30 réformes ».

Telle est, sans doute, la définition que l’on doit donner à un « budget sanctuarisé », dont le montant de 31,4 milliards d’euros, n’a pas bougé depuis 2012. Si la somme reste la même (ce qui signifie que l’inflation n’est pas prise en compte), on ne peut pas en dire autant des moyens.

Depuis les déclarations du Premier ministre, les forces françaises ont lancé trois opérations : en Guinée, avec 120 militaires, dont 70 du Service de santé des armées (SSA), pour lutter contre le virus Ebola, en Irak (Chammal) et en France (Sentinelle, avec 10.500 personnels). Sans oublier les missions toujours en cours, comme dans la bande sahélo-saharienne (Barkhane) ou encore au Liban (Daman) et en Centrafrique (Sangaris).

« Nous remplissons les missions prévues dans le Livre blanc et la Loi de programmation militaire », a assuré M. Le Drian, lors de son passage au Grand Rendez-vous  Europe1/Le Monde, le 8 février. « Mais, a-t-il admis, aujourd’hui, nous sommes au taquet ».

D’où la décision du président Hollande de revoir le rythme des suppressions de postes prévues par la LPM 2014-2019… Décision dont on ignore encore comment elle sera financée puisque, dans le même temps, il n’est pas question de remettre en cause les programmes d’armement et qui montre que le format des forces s’est finalement révélé insuffisant pour faire face à l’ensemble des missions.

Lors de cette émission, la question des moyens financiers des armées a été vite évacuée, alors que les recettes exceptionnelles prévues ne seront pas au rendez-vous en 2015 et que les « sociétés de projet » (ou de leasing) sont loin de faire l’unanimité.

« Le budget de la Défense est le seul budget qui ne diminue pas, c’est déjà une garantie. C’est le seul budget qui soit sanctuarisé », a prétendu M. Le Drian. « J’ai mes 31,4 milliards tous les ans. Il ne me manque rien », a-t-il insisté, estimant qu’il n’y a pas plus de conflits maintenant qu’avant son arrivée à l’Hôtel de Brienne.

Sauf que les dernières opérations lancées par l’armée française s’inscrivent dans la durée… Ce qui n’était pas le cas de celles menées en 2011 : le renforcement des moyens français en Côte d’Ivoire a été ponctuel (4 mois environ) et l’opération Harmattan, en Libye, a duré un peu plus de 6 mois (de mars à octobre). Et déjà, il y avait des tensions, la Marine ayant été contrainte à renoncer temporairement à certaines missions.

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