Près de 2.700 emplois supplémentaires seront créés pour renforcer la lutte contre le terrorisme

Le dernier Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale (LBDSN), publié en 2013, avait conforté les moyens de la communauté française du renseignement, notamment en prônant un renforcement de ses capacités techniques ainsi que le cadre juridique de l’action de ses services.

Seulement, les récents attentats commis en France ont quelque peu changé la donne. Et, le Premier ministre, Manuel Valls, a annoncé une série de mesures visant à renforcer la lutte contre le terrorisme, et donc à accorder davantage de moyens aux services de renseignement.

Tout d’abord, le chef du gouvernement a annoncé que 2.680 emplois supplémentaires vont être créés au cours des trois prochaines années pour renforcer la lutte contre le terrorisme.

« La première urgence, la première exigence, c’est de renforcer encore les moyens humains et techniques des services de renseignement », a affirmé le M. Valls. Dans le détail, 1.100 « seront directement affectés au sein des unités de renseignement chargées de lutter contre le terrorisme, dont 500 à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), 500 au sein des services centraux territoriaux du renseignement territorial (350 policiers et 150 gendarmes) et 100 à la direction du renseignement de la préfecture de police de Paris », a-t-il précisé.

Le ministère de la Défense va gagner 250 emplois (probablement pour renforcer les services de renseignement qui dépendent de lui, comme la Direction générale de la sécurité extérieure). Celui des Finances (qui compte la Direction nationale du Renseignement et des Enquêtes douanières) bénéficiera de 80 postes. L’autre gagnant est le ministère de la Justice, qui sera autorisé à recruter 950 personnels.

S’agissant plus précisément de la DGSE (dont il est plus que probable qu’elle soit concernée par les mesures annoncées par M. Valls, de même que la Direction de la protection et de la sécurité de la défense), la dernière Loi de programmation militaire (LPM)  a prévu 284 recrutements « nets » sur la période 2014-2019. À ce titre, pour 2015, la « Piscine » devait déjà bénéficier d’une cinquantaine de recrutements en plus.

Cependant, comme l’a souligné un récent rapport du Sénat, « la répartition des emplois du ministère de la défense par gestionnaire fait apparaître, au sein du programme 212, un plafond d’emplois de 5.302 équivalents temps plein travaillés pour la DGSE, qui se traduisent, de fait, pour le service, en termes d’effectifs réels, à 5.161 équivalents temps plein travaillés. Il faut noter que le service n’atteint donc pas totalement son plafond d’emploi autorisé par la loi de finances ». Aussi, est-il écrit dans ce document, « certaines spécialités techniques pointues, en particulier chez les militaires, sont devenues des ressources rares, à la DGSE comme dans le reste des armées, ce qui peut impliquer des difficultés de recrutement ».

Ce plan de renforcement de la « lutte contre le terrorisme » prévoit, sur 3 ans, une enveloppe de 425 millions d’euros destinée à financer des dépenses d’investissement, d’équipements et de fonctionnement. Selon l’AFP, 310 millions supplémentaires seront débloqués pour les frais de personnels. Ces dépenses « seront compensées par des économies (…) sur l’ensemble du champ de la dépense publique, année après années », a  indiqué M. Valls.

Parmi les autres mesures annoncées, il est question de recruter 60 aumôniers de plus pour les prisons (ils sont déjà 182) et créer « cinq quartiers » destinés à regrouper les détenus radicalisés, de mettre en ligne un site internet visant à informer le public sur les moyens de lutte « contre l’embrigadement jihadiste » et d’instaurer un fichier spécial de « personnes condamnées pour terrorisme » (dont on peut s’étonner qu’il n’ait pas été mis en place plus tôt). Enfin, 60 millions d’euros seront alloués à la « prévention de la radicalisation ».

Ces mesures vont faire l’objet d’un projet de loi qui « sera présenté le plus vite possible en Conseil de ministres et transmis au Parlement début mars », a affirmé M. Valls.

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