Le nouvel accord de défense franco-ivoirien bientôt ratifié par Abidjan
La commission des Relations extérieures du Parlement ivoirien vient de voter, à l’unanimité des 25 députés présents en séance, le traité de partenariat de défense signé en janvier 2012 par les président Sarkozy et Ouattara. Le texte avait été définitivement adopté par Paris en décembre dernier.
Ce traité, qui révise l’accord d’assistance militaire technique qui liait les deux pays depuis 1961 (c’est à dire au lendemain de l’indépendance de la Côte d’Ivoire), devra ensuite avalisé par l’ensemble des députés pour pouvoir être ratifié par le président Ouattara. Mais cela ne devrait pas poser de problème étant donné que le Rassemblement des républicains (RDR), le parti dont il est issu, dispose de la majorité absolue et que la quasi-totalité des sièges restants sont occupés par des formations politiques alliées.
Cependant, cet accord de partenariat de défense est catégoriquement refusé par l’opposition. Seulement, comme elle n’a pas participé aux dernière élections législatives, elle ne dispose d’aucun moyen pour faire valoir ses arguments.
« C’est un accord précipité, non consensuel. Nous le refusons », a déclaré Amani N’Guessan, ancien ministre de la Défense de Laurent Gbagbo, l’ancien président ivoirien qui, malgré sa défaite à l’élection présidentielle, s’était maintenu au pouvoir en 2011 avant d’en être chassé par les troupes françaises de la Force Licorne et les casques bleus de l’ONUCI. « Il n’appartient pas à la France de penser ni le format, ni l’organisation de notre armée », a-t-il ajouté.
Quoi qu’il en soit, ce traité fixe les modalités d’un coopération militaire entre les deux pays ainsi que celles de la présence militaire française en Côte d’Ivoire. Il prévoit également des échanges d’informations relatives « aux vulnérabilités, risques et menaces à la sécurité nationale et régionale », des exercices conjoints, la mise à la disposition d’Abidjan de coopérants militaires français ainsi que des soutiens techniques et la « formation des membres du personnel ivoirien par leur accueil ou leur admission en qualité d’élève ou de stagiaire dans les écoles de formation militaires françaises ou soutenues par la France ».
À ce sujet, la Force Licorne apporte déjà un appui significatif à l’armée ivoirienne. Ainsi, au cours du mandat 33, armé principalement par le 2e Régiment d’Infanterie de Marine (RIMa) pendant 4 mois, « près de 30 détachements d’instruction opérationnelle et technique (DIO et DIT) ont été mis en œuvre au profit de 600 militaires ivoiriens dans des domaines aussi variés que complémentaires : combat, instruction sur le tir de combat (ISTC), techniques d’intervention opérationnelle rapprochée (TIOR), systèmes d’information et de communication, maintenance ou encore sauvetage au combat », a indiqué l’Etat-major des armées.
Cela étant, comme l’expliquait un rapport du Sénat rédigé par Christian Cambon, ce nouveau partenariat de défense indique que la circulation des forces françaises « est autorisée sur tout le territoire » ivoirien, « tout comme les manœuvres et exercices nécessaires à l’entraînement et conduite des activités, après autorisation préalable ».
Et le document d’ajouter : « S’agissant des installations mises à disposition, il s’agit du camp de Port-Bouët et d’une installation à Abidjan. Ces installations peuvent être reprises par la partie ivoirienne sous réserve de mettre à disposition une installation équivalente. La partie française peut procéder aux aménagements qu’elle jugera nécessaires pour ses besoins opérationnels à condition d’avoir eu l’accord préalable de la partie ivoirienne. La partie ivoirienne se réserve le droit de demander le retrait des forces françaises stationnées sur son territoire par notification avec un délai d’exécution de 6 mois minimum. »
Si, en 2008, il était question de mettre un terme à une présence militaire française importante en Côte d’Ivoire (le 43e Bataillon d’Infanterie de Marine – BIMa – a été dissous en 2009), les évènements au Mali, avec la montée en puissance de l’opération Serval, ont donné lieu à un revirement de la part des autorités françaises. Et cela d’autant plus qu’Abidjan dispose d’un port en eaux profondes et d’un aéroport, ce qui facilite la logistique, à l’heure où la France va s’engager dans la durée dans la Bande sahélo-saharienne (BSS) pour continuer à mettre la pression sur les groupes jihadistes.
Aussi, Abidjan accueillera une base opérationnelle avancée française et la Force Licorne et prendra le nom de « Forces françaises en Côte d’Ivoire ». Ses effectifs passeront de 500 à 800 personnels d’ici au 1er janvier 2015.