Incident naval dans les eaux chypriotes

Selon des études géologiques, les fonds du bassin du Levant, situé entre Israël et Chypre, recèleraient près de 3.500 milliards de mètres-cube de gaz naturel. Ce qui a été confirmé par de récents forages. Et comme l’on peut s’y attendre, un tel pactole a de quoi susciter des convoitises et relancer des disputes territoriales.

Aussi, Nicosie et Tel-Aviv ont signé des accords de coopération, notamment dans le domaine militaire, afin de protéger ces gisements prometteurs. En effet, une partie de la zone économique exclusive chypriote est revendiquée par l’Egypte.

Quant à la Turquie, qui ne reconnaît que la République turque de Chypre-Nord, elle n’admet pas une éventuelle exploitation de ces ressources dans des eaux qu’elle considère comme sienne. D’où l’organisation d’exercices militaires turcs près de la zone contestée et la menace brandie par Ankara, d’exclure les majors de l’énergie tentée de faire affaire avec Nicosie.

C’est donc dans ce contexte qu’un incident naval s’est produit le 1er février, impliquant le navire norvégien de prospection « Princess », affrêté par le groupe français Total, et la frégate turque Giresun.

Selon le ministre chypriote des Affaires étrangères, Ioannis Kasoulides, le Princess s’est vu donner l’ordre par radio de quitter immédiatement sa position au prétexte qu’il se trouvait dans les eaux territoriales turques. Sauf que le navire norvégien naviguait près des blocs 10 et 11, au sud de Chypre, et donc, dans les eaux territoriales de l’île, et à 16,5 miles nautiques de la frégate turque.

Seulement, Ankara a donné une autre version de l’affaire. En fait, le Giresun, qui accompagnait un autre navire de prospection, le Barbaros Hayreddin Pasha, aurait ordonné au Princess de pas pénétrer dans les blocs 5 et 6 alors qu’il se serait trouvé dans le secteur 7. Tous sont situés au nord des blocs 10 et 11 et ils sont traversés par la ligne qui délimite les eaux territoriales de la république turque de Chypre-Nord de celle de Chypre.

Cela étant, le ministre chypriote de la Défense, Fotis Fotiou, n’a pas caché son exaspération. « Ce que je veux dire une fois de plus clair, c’est que la Turquie tente de créer une crise dans la région par des menaces et des actes de provocation », a-t-il lancé. « Nous n’allons pas tomber dans leur piège . Je crois que la meilleure réponse aux provocations de la Turquie est de continuer à mettre en œuvre nos plans pour l’exploitation de gisements d’hydrocarbures », a-t-il ajouté.

« La provocation verbale d’Ankara ne va pas nous empêcher d’exercer notre souveraineté, a insisté Victoras Papadopoulos, le porte-parole du gouvernement chypriote. « La république de Chypre, avec une confiance constante donnée par le droit international, poursuivra ses efforts pour trouver des hydrocarbures dans sa ZEE », a-t-il poursuivi. L’incident devait faire l’objet d’une communication après des Nations unies et des Etats-Unis.

Reste que les capacités militaires chypriotes sont proches du néant. Le pays ne dipose pas, par exemple, de patrouilleurs hauturiers, ni d’avions de patrouille maritime. En clair, Chypre n’a pas les moyens de faire respecter sa souveraineté dans ses eaux territoriales. En juillet dernier, le Cyprus Mail avait fait part de l’intention d’acquérir 2 frégates multimissions (FREMM) françaises. Mais en fait, il est plutôt question de 2 corvettes de classe Gowind, développées par DCNS. Une offre a été faite en ce sens par le groupe de construction navale, d’après les propos tenus par son Pdg, Patrick Boissier, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, en septembre dernier.

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