La Belgique envisage d’acquérir entre 35 et 55 avions F-35

Acquis dans les années 1980, les F-16 de la composante aérienne de la Défense belge encore en service et modernisés à mi-vie, ont encore assez de potentiel pour voler jusqu’en 2023. Aussi, la question de leur remplacement se pose dès à présent.

Sans surprise, le ministre belge de la Défense, Pieter De Crem envisagerait l’acquisition de l’avion dit de 5e génération F-35, du constructeur américain Lockheed-Martin.  Pourquoi cela n’est-il guère surprenant? Tout simplement parce que ce responsable a de la suite dans les idées.

En 2010, il avait critiqué la décision du gouvernement belge, prise quelques années plus tôt, de ne pas participer au programme F-35, encore appelé Joint Strike Fighter. Et, d’après les fameux câbles diplomatiques américains révélés par WikiLeaks, il est un partisan résolu d’un « achat sur étagère » de l’appareil de Lockheed-Martin, et cela malgré l’inflation astronomique de ses coûts de développement.

Selon le quotidien De Tijd, il serait ainsi question de débloquer une enveloppe de 6 milliards d’euros pour financer cette acquisition ainsi que les services associés. Quant au nombre d’appareils commandés, il devrait être « inévitablement » inférieur à celui des F-16 actuellement en service. Et le prix unitaire des F-35 serait supérieur à 62 millions d’euros.

Cela étant, d’après Reuters, qui s’appuie sur les confidences d’un responsable américain,  la commande belge pourrait porter sur 35 à 55 avions.

Cependant, ce projet n’est pas du goût de tout le monde en Belgique, surtout dans les rangs de l’opposition. Et cela même si les voisins néerlandais ont récemment décidé de commander 37 exemplaire du F-35 pour remplacer, aussi, leur F-16.

Curieusement, les critiques ne portent pas tellement sur le choix du F-35, ni sur la procédure d’achat mais plutôt sur la nécessité pour la Belgique de disposer d’une aviation de combat. On est là outre-Quiévrain…

Ainsi, pour le député PS Christophe Lacroix, « c’est clairement njet ». Et d’ajouter : « A l’heure où nos citoyens souffrent de la crise, que l’on discute d’un plan de relance, on ne peut pas se lancer dans une telle aventure aux coûts pharaoniques. »

Mais le parlementaire est allé encore plus loin dans sa critique. Il a en effet reproché à Pieter De Crem, par ailleurs candidat au poste de secrétaire général de l’Otan, de manquer de « vision stratégique » pour l’armée belge et de pas penser son rôle au sein de l’Europe de la Défense. « Dans ce cadre, faut-il encore une chasse belge? Peut-être a-t-on besoin d’une chasse européenne? », s’est-il demandé. Les aviateurs belges devraient apprécier…

Pour les écologistes, le ton est identique. « Alors que le domaine où la Défense belge excelle, à savoir le déminage, réclame à cor et à cri une modernisation de son matériel, dont ses chasseurs de mines et ses frégates, pourquoi le ministre De Crem choisit-il de remplacer l’ensemble des F-16 pour un budget total de 6 milliards d’euros? Une dépense qui représenterait le double du budget annuel global de la Défense, soit 25 fois plus que l’ensemble des dépenses en matériel militaire en 2012 (250 millions d’euros)! « , a fait valoir le sénateur Benoît Hellings.

Quoi qu’il en soit, l’on va tout droit vers une réédition du « contrat du siècle » qui avait vu, dans les années 1970, la Belgique, les Pays-Bas, la Norvège et le Danemark opter, pratiquement en même temps, pour le F-16 de Lockeed-Martin. Sauf que, pour le moment, Copenhague n’a pas encore annoncé de décision au sujet du renouvellement de ses avions de combat. Mais a priori, le F-35 aurait de bonnes chances de l’emporter.

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