Avions de combat : La Suisse examinerait une offre présentée par un Etat

Le Conseil fédéral suisse a rejeté, la semaine passée, les principales critiques qui avaient été faites par une sous-commission parlementaire chargée d’examiner le processus d’achat controversé de 22 avions de combat Gripen E/F pour 3,126 milliards de francs, en avançant que la Suède avait donné toutes les garanties nécessaires.

Pour rappel, les parlementaires suisses avaient estimé, en août dernier, que « le choix de l’appareil opéré par le Conseil fédéral », aux dépens du Rafale et de l’Eurofighter, « est celui qui comporte le plus de risques – de nature technique, commerciale, politique, financière ou en lien avec le respect du calendrier. »

Ces inquiètudes sont d’ailleurs fondées, dans la mesure où le financement du développement de la version E/F du Gripen n’est pas encore assuré (le Parlement suédois doit se prononcer prochainement).

Cela étant, et depuis le début, l’appel d’offres lancé par Berne afin de remplacer les F-5 Tiger des forces aériennes suisses, va de rebondissements en révélations. Cette fois, c’est le conseiller fédéral Ueli Maurer, en charge du département de la Défense et ardent défenseur du Gripen, qui s’est longuement expliqué au sujet de ce contrat, dans les colonnes du quotidien Le Temps.

Confiant pour la pérennité de la division aéronautique de Saab, Ueli Maurer a soutenu que « l’adaptation du Gripen coûte nettement moins cher que pour un Rafale ou un Eurofighter. Car c’est un tout autre avion. » Et pour le démontrer, le conseiller fédéral a donné un argument pour le moins curieux. « Cela est notamment dû au fait que nous n’avons, par exemple, à modifier qu’un réacteur au lieu de deux » a-t-il en effet déclaré, comme si un biréacteur était propulsé par deux moteurs différents. Sans doute est-ce là une maladresse…

Mais le plus important n’est pas là. Car dans sa plaidoirie, Ueli Maurer a livré quelques informations intéressantes. La semaine dernière, l’on apprenait que Dassault Aviation avait envoyé  aux autorités suisses une nouvelle offre dans laquelle le constructeur propose le Rafale au prix du Gripen.

« Nous avons reçu une lettre de trois pages de Dassault avec un petit tableau résumant des propositions. Nous allons l’étudier » a indiqué Ueli Maurer. Mais cette attitude du constructeur français a l’air d’énerver le conseiller national. Et sans doute les autorités suisses. A trop vouloir en faire, l’on obtient souvent le résultat opposé à celui que l’on recherchait.

« Nous avions déjà dit aux constructeurs que nous n’entrerions plus en considération pour de nouvelles offres de leur part. Nous pourrions discuter uniquement si un Etat nous faisait une nouvelle proposition, notamment dans le cadre d’une contre-affaire ou d’une négociation diplomatique » a-t-il fait valoir, avant d’indiquer avoir refusé une offre pour l’Eurofighter venant d’Allemagne, « pour des avions déjà en service dans la Luftwaffe », ce qui « ne correspond pas à notre cahier des charges ».

« Pour Rafale, je ne cache pas mon irritation d’avoir découvert une nouvelle offre par la presse » a poursuivi Ueli Maurer. « C’est comme si l’on cherchait à faire pression par le biais des médias. On ne traite pas ainsi un partenaire avec lequel on envisage de collaborer pour une trentaine d’années » a-t-il ajouté.

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