L’ex-Varyag, le premier porte-avions chinois, a pris la mer

Initialement, le porte-avions Varyag aurait dû équiper la marine soviétique. Mais la chute du mur de Berlin va redistribuer les cartes : acheté par l’Ukraine, il est revendu ensuite en 1999 pour être transformé en casino flottant à Macao. C’est du moins ce qui avait été officiellement dit à l’époque.

Car finalement, ce bâtiment a pris la direction du chantier naval de Dalian, dans le nord-est de la Chine, afin de devenir le premier porte-avions de la marine chinoise sous le nom de Shi-Lang. Pendant longtemps, Pékin a nié qu’il était dans ses intentions de se doter d’un tel navire et ce n’est que très récemment que l’existence de ce projet a été officiellement confirmée et la télévision d’Etat en a même diffusé des images.

Cela étant, les premiers essais en mer de ce navire de 300 mètres de long pour 65.000 tonnes étaient attendus dans le courant de l’été. Et l’agence Chine Nouvelle a effectivement indiqué, ce 10 août, que le Shi-Lang a appareillé pour mener une courte campagne de tests. Par la suite, le porte-avions devrait revenir à Dalian pour d’autres travaux.

L’ex-Varyag devrait être employé à des missions d’entraînement et à la recherche scientigfique. C’est ce qu’a indiqué, en tout cas, Pékin, qui répéte à l’envi que ses programmes militaires ne visent personne en particulier. Cela étant, le navire sera basé dans la province du Hainan, non loin des voies commerciales et des territoires contestés par d’autres pays en mer de Chine méridoniale.

Ce n’est pas tant Taïwan qui doit redouter les capacités aéronavales chinoises. A vrai dire, la Chine n’aura pas besoin de porte-avions si jamais elle prend la décision de s’attaquer à l’ancienne Formose, sur laquelle elle revendique sa souveraineté et dont elle est proche géographiquement.

En revanche, un porte-avions chinois modifie la donne en mer de Chine, dont les riverains s’inquiètent des programmes militaires chinois et se lancent, eux-aussi dans une course à l’armement, comme par exemple la Malaisie, qui s’est dotée, pour la première fois de son histoire, de sous-marins.

Seulement, il ne faut pas donner plus d’importance qu’il n’en faut à l’annonce de la mise en service prochaine d’un porte-avions chinois (ce qui devrait être fait en 2015). Du moins pour le moment.

Le Shi-Lang est d’abord un bateau de conception ancienne, avec un pont d’envol incliné qui utilise par conséquent la technique STOBAR (Short Take-Off But Arrested Recovery), différente de celle utilisée par les bâtiments similaires de l’US Navy et de la Marine nationale. En second lieu, il faudra à la Chine se doter d’appareils embarqués. Le chasseur J-15, dérivé du SU-33, qui est lui même la version navalisé du SU-27 russe, est en cours de développement. Mais il reste encore à mettre au point un appareil de guêt aérien, comme le Hawkeye. Et puis c’est sans compter sur le temps nécessaire pour la formation des aviateurs et de l’équipage.

Enfin, avec le Shi-Lang, la Chine ne disposera que d’un seul porte-avions, ce qui signifie qu’elle n’aura pas de capacité aéronavale pendant les période d’entretien. Et l’on connaît trop bien ce problème en France, qui limite la portée d’un tel outil. D’où la déclaration récente du général chinois Luo Yuan, de l’académie militaire et scientifique de Pékin. « Si l’on considère nos voisins, l’Inde en aura trois d’ici 2014, le Japon aura trois équivalents de porte-avions d’ici à 2014, donc j’estime que le nombre (pour la Chine) ne devrait pas être de moins de trois si nous voulons défendre nos droits et nos intérêts maritimes avec efficacité » a-t-il affirmé au quotidien « Nouvelles de Pékin ».

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