Le général Vang Pao n’a pas eu droit aux honneurs militaires
Le 6 janvier dernier, le général hmong Vang Pao s’éteignait à l’âge de 81 ans en Californie. Ce nom, qui doit être inconnu pour beaucoup, est lié aux opérations secrètes menées lors des guerre d’Indochine et du Vietnam.
Recruté par l’armée française en 1947, Vang Pao devient officier en 1951 après concours. En pleine guerre d’Indochine, il fait partie du Groupement commandos mixtes aéroportés (GCMA), créé par le SDECE (aujourd’hui, la DGSE) et à l’instigation du colonel Déodat du Puy-Montbrun afin de mener des opérations de guérilla sur les arrières des forces vietminh.
Après la chute de Dien Bien Phu et le retrait français de l’Indochine, qui deviendra le Vietnam, Vang Pao poursuit sa carrière militaire et devient le premier général d’origine Hmong de l’armée royale laotienne.
Au cours de la guerre civile laotienne, et alors que le conflit vietnamien déborde au Laos, il est remarqué par la CIA, laquelle va le mettre à la tête d’une armée secrète hmong afin de mener des opérations clandestines, avec l’aide d’anciens membres des forces spéciales américaines. Ces actions de guérilla sont financées par le trafic de d’opium, comme les services français l’avait d’ailleurs fait quelques années auparavant (*).
En 1975, les Etats-Unis, vaincus au Vietnam sans pourtant avoir perdu une seule bataille contre le vietcong, abandonnent l’armée secrète hmong à son sort. Condamné à mort par contumace par le régime communiste de son pays contre lequel il a combattu, Vang Pao est cependant accueilli par les Américains. Près de 300.000 laotiens, dont 50% de Hmongs, fuient également.
Depuis, l’on prête au général Vang Pao d’avoir soutenu et financé la guérilla hmong au Laos. En juin 2007, d’ailleurs, il sera arrêté en Californie pour avoir tenté de se procurer tout un arsenal (fusils kalachnikov, missiles Stinger, mines antipersonnel, etc…) afin de le livrer aux opposant du gouvernement communiste du Laos. Mais en 2009, la justice fédéral américaine abandonne les poursuites.
Bien que l’administration américaine a salué la contribution du général Vang Pao, par ailleurs naturalisé américain, « à la cause de la liberté », elle n’a pas souhaité que soit accompli sa dernière volonté, qui consistait à être inhumé, avec les honneurs, au cimetière national militaire d’Arlington (Virgine).
Le Pentagone a justifié son refus en faisant valoir que seuls les anciens combattants américains pouvaient prétendre à cette dernière faveur et que les places au cimetière d’Arlington sont « limitées ».
Cette demande avait été faite par ses partisans, lesquels en ont appelé au président Obama, le 5 février, pour que le dernier souhait du général Vang Pao soit exaucé. Peine perdue. L’ancien guérillero a finalement été enterré dans un cimetière privé de Los Angeles, plus d’un mois après son décès.
Mais ce refus du Pentagone a suscité un certain malaise outre-Atlantique. Ainsi, quatre membres du Congrès ont écrit au président Obama pour lui demander de revenir sur cette décision, en faisant valoir que les funérailles du général Vang Pao à Arlington auraient été une occasion de témoigner de la « reconnaissance » à l’égard des Hmongs.
« Epaule contre épaule avec des soldats américains, de nombreux Hmongs ont fait le sacrifice ultime pour notre pays. Les Etats-Unis ont envers eux une dette et leurs services doivent être dûment reconnus » ont ainsi écrit les parlementaires, dont deux sont élus de Californie. Seulement, il est désormais trop tard.
(*) Histoire des services secrets français. Documentaire à regarder sur Theatrum Belli