Tentative de déstabilisation de Thales?
Selon le quotidien La Tribune, le Pdg de Thales, Luc Vigneron, aurait été « lâché » par l’Etat au cours d’un conseil sur la politique de défense, tenu à l’Elysée le 31 janvier dernier. Il y aurait plusieurs raisons à cela : le refus, pour l’instant, de Thales, de monter au capital du constructeur naval DCNS et l’échec de l’échange d’actifs avec Safran, voulu par le ministère de la Défense.
Par ailleurs, le quotidien économique a évoqué l’existence d’un « courrier » dans lequel la gestion de Luc Vigneron est descendue en flammes, en parlant d’une position « affaiblie chez les clients » du groupe, d’engagements « non honorés » et de marchés définitivement « inacessibles », ce qui ferait que Thales serait « en danger », avec de possibles suppressions d’emplois à la clé, ce qui n’est jamais porteur à la veille d’une période électorale.
Seulement, Dassault Aviation, qui détient 25,9% du capital de Thales, a d’autant plus son mot à dire que le constructeur aéronautique a imposé Luc Vigneron à la tête du groupe d’électronique de défense en 2009.
D’où la sortie remarquée de Charles Edelstenne, lors d’une audition devant la commission de la Défense nationale et des Forces armées de l’Assemblée nationale, le 2 février dernier. Et le patron de Dassault Aviation n’a pas pris de gant pour évoquer l’ancienne direction de Thales.
« J’ai été très choqué par les comportements indignes et les pratiques de délation vis-à-vis de la présidence de cette entreprise. Il faut savoir que notre entrée dans la société et la nomination qui en a résulté se sont faites contre l’avis du management de l’époqie et que celui-ci n’a pas désarmé depuis » a ainsi affirmé Charles Edelstenne.
Et d’ajouter : « Nous avons coutume d’assumer nos responsabilités dans la durée. Les personnels de Thales sont excellents, mais l’ancien management n’a pas eu la rigueur requise dans une société aussi stratégique. Il a préféré soigner son image, engranger des contrats sans mesurer les risques qu’il faisait courir à l’entreprise. »
Alors que l’année 2011 sera déterminante puisque l’on verra si le plan Probasis, mis en place il y a deux ans pour améliorer la productivité et la marge opérationnelle du groupe, donne les résultats attendus, les attaques portées contre Luc Vigneron viennent alors que ce dernier, selon la règlementation boursière, n’a pas le droit de communiquer dans les médias.
Aussi, c’est par un message interne que le patron de Thales a riposté aux attaques qui le visent et dont le quotidien Les Echos en a rapporté la teneur. Ainsi, dans ce texte au titre évocateur, « hier laxistes, aujourd’hui lâches », Luc Vigneron ne s’en laisse pas compter.
« Certains qui auraient voulu avoir ma place, d’autres qui rêvent de la prendre, une poignée de consultants coûteux autant qu’inutiles dont j’ai mis fin aux contrats, quelques cadres dirigeants écartés qui ont mis Thales dans une situations délicate s’échinent à faire croire que le groupe est en péril et que nous n’avons pas de stratégie » écrit-il.
Par ailleurs, le Pdg de Thales n’hésite pas à évoquer une tentative de « déstabilisation » et un « travail de sape ». Ce qui est tout de même grave pour un groupe de l’importance de Thales.
Le sort de Luc Vigneron devrait se jouer en mai prochain, à l’occasion de l’assemblée générale de la société. Pour l’instant, il assure, dans son courrier, avoir le soutien du conseil d’administration, lequel a » toujours approuvé » les décisions de la direction de Thales. Ce qui est certain, c’est qu’il peut compter sur celui de Dassault.