Eric Woerth, prochain ministre de la Défense?
L’actuel ministre de la Défense, Hervé Morin, qui est par ailleurs le président du Nouveau Centre, ne fait pas mystère de son intention de se présenter à la prochaine élection présidentielle.
Aussi, il y a une très forte probabilité pour qu’il y ait du changement à l’Hôtel de Brienne, à l’occasion du prochain remaniement ministériel prévu en octobre prochain. Les récentes prises de position d’Hervé Morin et surtout ses relations tendues (paraît-il) avec le président de la République sont autant de motifs à son départ de la rue Saint-Dominique. A moins que le chef de l’Etat décide de le garder au sein du gouvernement afin de calmer ses ardeurs présidentielles…
Et puis l’intéressé lui-même souhaiterait quitter ses fonctions à cette occasion, au grand soulagement, sans doute, de quelques uns de ses proches qui auraient voulu que cela soit fait plus tôt. D’ailleurs, autre signe tangible qu’il y aura un changement de titulaire à la Défense, le livre autobiographique du président du Nouveau Centre retraçant ses trois années à l’Hôtel de Brienne devrait sortir à la fin de l’année.
Reste maintenant à savoir qui sera le prochain ministre de la Défense. Sera-t-il de la même couleur politique qu’Hervé Morin? Ce n’est pas une certitude. L’on sait que les noms de deux députés du Nouveau Centre circulent pour une entrée au gouvernement : Maurice Leroy et Jean-Christophe Lagarde.
Autre possibilité, le ministère de la Défense est confié à un membre de l’UMP. Plusieurs personnes sont évoquées. Ainsi, le nom de Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM), actuellement secrétaire d’Etat en charge de la Prospective et du Développement de l’économie numérique, est avancé, pour ne pas dire murmuré. Cette hypothèse ne manque pas de sens : polytechnicienne, elle a été auditrice à l’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale (IHEDN). Seulement, si « la valeur n’attend pas le nombre des années », son jeune âge (36 ans) pourrait être un handicap.
Parmi les autres candidats possibles, l’on peut penser à Pierre Lellouche, actuellement secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, après avoir été un éphèmere représentant spécial de la France pour la région Afghanistan/Pakistan. L’élu parisien connaît bien les affaires militaires et internationales, et encore mieux les arcanes de l’Otan puisqu’il en a été le président de l’Assemblée parlementaire entre 2004 et 2006.
Actuellement en charge des questions de défense à l’UMP, le député Hervé Mariton pourrait être aussi sur les rangs. Comme NKM, il est polytechnicien, qui est une école militaire, faut-il le rappeler. Et comme Pierre Lellouche, il est atlantiste. Enfin, c’est aussi un ancien partisan de Dominique de Villepin, avec lequel il a rompu en 2007. D’ailleurs, il a refusé de rejoindre le nouveau parti créé par le dernier Premier ministre de Jacques Chirac, estimant qu’il n’est « plus sur la même ligne que lui ».
Enfin, selon le Nouvel Observateur, une rumeur selon laquelle Eric Woerth serait désigné pour succéder à Hervé Morin circule depuis cet été. Le ministre du Travail conduit actuellement la réforme des retraites et doit faire face à des accusations portant sur ses relations avec l’entourage de Liliane Bettencourt. Or, si l’on en croit l’hebdomadaire, le président Sarkozy aurait l’intention de le nommer au ministère de la Défense, à la faveur du remaniement ministériel annoncé, afin de « ne pas le lâcher aux chiens ».
« Les militaires risquent de ne pas goûter la plaisanterie » estime le Nouvel Observateur. Mais une accusation n’est pas une condamnation et ce n’est pas parce qu’Eric Woerth a quelques ennuis sur le front médiatique et judiciaire qu’il ferait un mauvais ministre de la Défense.
En revanche, les plus superstitieux pourraient redouter une telle nomination. Le nom de celui qui pourrait devenir le prochain ministre de la Défense rappellera alors la bataille de Frœschwiller-Wœrth, qui, menée le 6 août 1870, s’est soldée par une défaite française, en dépit des charges héroïques des cuirassiers et des lanciers de l’armée impériale face aux Prussiens. Mais nous n’en sommes pas encore là.