Affaire Mahé : Quatre (anciens) militaires renvoyés devant la cour d’assises

L’affaire avait fait grand bruit au moment de sa révélation, en octobre 2005. A l’époque, on apprenait qu’en mai de la même année, un Ivoirien de 30 ans, Firmin Mahé, blessé à la jambe lors d’un accrochage, avait été étouffé à bord d’un VBL de l’armée française qui le transportait à l’hôpital. La victime était alors considérée comme un « coupeur de routes », c’est à dire un bandit de grand chemin.

A Paris, les réactions avaient été immédiates. Le commandant de la force Licorne au moments des faits, le général Henri Poncet, avait été suspendu par le ministre de la Défense d’alors, Mme Alliot-Marie, pour « manquements graves à la loi, aux règlements militaires et aux ordres ». Il était notamment reproché à cet officier parachutiste d’avoir couvert cette affaire pour ne pas provoquer de manifestations anti-françaises, quelques mois seulement après celles de novembre 2004, consécutives au bombardement de Bouaké (9 militaires français tués).

Outre le général Poncet, quatre autres militaires ont été mis en examen dans cette affaire : le colonel Eric Burgaud, chef de corps du 13e Bataillon de Chasseurs alpins (BCA) au moment des faits, l’adjudant-chef Raugel ainsi que les brigadiers-chef Schnier et Ben Youssouf, tous les trois ayant été à bord du véhicule où Firmin Mahé avait été tué.

Finalement, et bien que le colonel Burgaud a indiqué avoir reçu un ordre implicite de la part du commandant de l’opération Licorne de tuer Firmin Mahé, le général Poncet a bénéficié d’un non-lieu. Cette décision est conforme aux réquisitions du parquet, rendues en mai dernier. Visiblement, les explications de l’ancien chef de corps du 13e BCA n’ont pas convaincu la justice. Lui et les trois autres militaires impliqués seront donc renvoyés devant la cour d’assises du Tribunal aux armées de Paris (TAP).

L’adjudant-chef Raugel et le colonel Burgaud seront jugés respectivement pour « homicide volontaire » et « complicité d’homicide volontaire ». C’est en effet le sous-officier qui est accusé d’avoir étouffé Firmin Mahé avec un sac plastique. Les brigadiers Schniel, qui occupait les fonctions de radio à bord du VBL, et Ben Youssouf, le conducteur, devront répondre de l’accusation « d’omission d’empêcher la réalisation d’un crime ».

La date du procès n’est pas encore connue. A noter que tous les protagonistes de cette affaire ont quitté l’armée.

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