Affaire Mahé : Non-lieu requis pour le général Henri Poncet

En mai 2005, Firmin Mahé, un ivoirien soupçonné d’être un « coupeur de route » recherché pour plusieurs délits, est interpellé par des militaires français de l’opération Licorne dans la région de Man, située à l’ouest de la Côte d’Ivoire.

Blessé à une jambe lors de son interpellation, Firmin Mahé aurait dû être conduit à l’hôpital de Man pour y être soigné. Seulement, il n’y arrivera jamais puisqu’il meurt dans le véhicule blindé léger (VBL) de l’armée française qui le transportait.

Ce n’est que quelques moins plus tard que va alors éclater l’affaire « Mahé ». En octobre 2005, les circonstances de sa mort sont révélées : l’ivoirien a été étouffé avec un sac platique à bord du VBL.

A Paris, les réactions ne se font pas attendre : fait exceptionnel, le commandant de l’opération Licorne, le général Henri Poncet est suspendu par le ministre de la Défense de l’époque, à savoir Michèle Alliot-Marie, pour « manquements graves à la loi, aux règlements militaires et aux ordres ». L’officier parachutiste aurait vraisemblablement couvert cette bavure afin d’éviter de nouvelles manifestations de civils ivoiriens, quelques mois à peine après les émeutes antifrançaises qui avaient suivi le bombardement de Bouaké (9 soldats français tués).

Finalement, cinq militaires ont été mis en examen : le général Poncet et le colonel Eric Burgaud, alors chef de corps du 13e Bataillon de Chasseurs alpins au moment des faits, pour « complicité d’homicide volontaire », l’adjudant-chef Raugel et le brigadier chef Schnier pour « homicide volontaire » ainsi que le conducteur du VBL, le brigadier-chef Ben Youssouf, pour « complicité ».

Le Tribunal aux armées de Paris (TAP) s’est penché sur cette affaire la semaine passée. Ainsi, madame le procureur de la République Alexandra Onfray, a requis, le 17 mai, un non-lieu en faveur du général Poncet, lequel a toujours démenti avoir donné un ordre, même implicite, visant à « éliminer » Firmin Mahé.

Toujours est-il que cette version est contestée par le colonel Burgaud, dont le renvoi aux assises, en compagnie des trois autres militaires mis en examen, a été requis par madame le procureur. Toutefois, les charges retenues contre les brigadiers-chef Ben Youssouf et Schnier ont été requalifiées en « omission d’empêcher un crime ».

Il reste maintenant au juge d’instruction de délivrer ses ordonnances de mise en accusation devant la cour d’assises .Le procès concernant cette affaire pourrait avoir lieu au début de l’année 2011, soit presque six ans après les faits.

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