Suspendu au feu vert de l’Espagne, le projet de drone MALE européen est toujours au point mort

Le programme de drone MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] européen « Eurodrone » va-t-il décoller un jour? Lancé à l’issue d’une proposition faite en 2013 par Airbus, Dassault Aviation et Leonardo, ce projet aurait dû se concrétiser, au plus tard, en 2019.

Seulement, faute d’accord sur ses coûts, alors annoncés 30% plus élevés par rapport à ce qui avait été prévu initialement, les discussions entre les industriels concernés et les États clients [France, Allemagne, Espagne et Italie] traînèrent en longueur… malgré les menaces à peine voilée de la ministre française des Armées, Florence Parly, de renoncer à ce projet.

Et il fallut attendre novembre 2020 pour voir un projet de contrat enfin finalisé, sous l’égide de l’Organisation Conjointe de Coopération en Matière d’Armement [OCCAr]. Pour autant, l’affaire était encore loin de connaître son épilogue. En effet, il fallait encore obtenir le feu vert des pays clients.

Si la France le donna sans rechigner, l’Allemagne, via la commission des finances du Bundestag [chambre basse de son Parlement], prit le temps d’examiner un rapport trés critique sur ce programme, décrit comme présentant un « risque de dérapage financier », avec des « surcoûts imprévisibles » en raison d’une « répartition des risques inhabituellement unilatérale aux frais des clients. Mais l’aspect politique du dossier l’emporta… et les députés allemands donnèrent leur accord.

Il ne restait plus qu’à obtenir l’accord de l’Italie et de l’Espagne… Lors de sa dernière audition à l’Assemblée nationale, début octobre, le Délégué général pour l’armement [DGA], Joël Barre, affirma que le feu vert des Italiens était imminent, le projet de contrat étant alors en cours d’examen par le Parlement transalpin. Et d’ajouter : « Nous attendons l’accord de la partie espagnole dans les jours à venir ». Aussi, était-il optimiste pour notifier, sans tarder, le « contrat afférent à Airbus Allemagne, qui est en est le maître d’œuvre, en association avec ses deux partenaires que sont Leonardo et Dassault ».

Sauf que les mois d’octobre et de novembre 2021 sont désormais passés… Et l’Espagne n’a toujours pas donné son accord à la poursuite du programme Eurodrone.

« Nous avons le feu vert de l’Allemagne, de l’ Italie et de la France, et nous attendons encore celui de l’Espagne », a en effet affirmé Daniela Lohwasser, la responsable du projet Eurodrone chez Airbus Defence & Space, ce 30 novembre. Et une fois qu’il sera obtenu, a-t-elle continué, « il faudra peut-être encore quelques mois avant que nous soyons prêts à enfin signer les contrats complets ».

Car le choix de la motorisation qui, selon les spécifications adoptées à la demande de l’Allemagne, reposera sur deux turbopropulseurs, n’est pas encore arrêté. Deux motoristes sont en lice, à savoir le français Safran et l’italien Avio. Mais aucun des deux n’a remis une copie satisfaisante, tant du point de vue financier que des performances. C’est, en tout cas, ce qu’avait expliqué M. Barre, en juin dernier.

« Nous travaillons à la finalisation des dernières offres. Nous annoncerons le fournisseur du moteur juste après la signature du contrat. Pas avant », a par ailleurs précisé Daniela Lohwasser.

Avant ces derniers retards, la livraison du premier Eurodrone à l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] était prévue en 2028. Tout vient à point à qui sait attendre, dit-on… Mais au rythme où vont les choses, il risque bien d’avoir une guerre de retard.

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