Grâce à un meilleur taux de renouvellement de contrats, l’armée de Terre va réduire son recrutement en 2022

En 2021, l’armée de Terre devait trouver 15’500 recrues. Et elle est visiblement en passe d’atteindre cet objectif, comme l’a laissé entendre le général Pierre Schill, son chef d’état-major [CEMAT], lors d’une audition à l’Assemblée nationale.

« Davantage de jeunes se sont présentés par rapport aux années précédentes », a ainsi dit le CEMAT. Ainsi « pour les militaires du rang, nous avons 1,7 candidat pour une place, 3 candidats pour nos sous-officiers, et 10 candidats pour nos officiers », a-t-il détaillé.

Or, s’agissant des militaires du rang, la sélectivité du recrutement s’érodait de manière continue depuis quelques années, s’approchain ainsi des [faibles] niveaux constatés au début des années 2000, lors de la professionnalisation. En outre, et comme l’avait relevé le Haut comité d’évaluation de la condition militaire [HCEM] dans son 11e rapport, une difficulté en matière de recrutement est la hausse continue du taux n’inaptitude temporaire ou définitive parmi les candidats.

« Pour la seule armée de Terre, la proportion des candidats médicalement aptes est ainsi passée de 83 % à 76 % entre 2011 et 2016. Un mode de vie de plus en plus sédentaire, une surconsommation d’écrans susceptible de favoriser surpoids et myopie, sont des facteurs susceptibles de conforter cette tendance », avait ainsi résumé le Sénat dans l’un de ses avis budgétaires, en 2020.

Recruter est une chose… Éviter que les recrues dénoncent leur contrat durant leur période probatoire en est une autre. C’est ce que l’on appelle « l’attrition initale ». En 2019, 31% des jeunes engagés ont quitté les rangs de l’armée de Terre durant leur formation initiale. Là encore, les chiffres donnés par le CEMAT pour cette année sont encourageants.

« Le moment crucial reste la formation initiale. Pendant une période de six mois, les deux parties peuvent rompre unilatéralement le contrat. Nous devons réduire l’attrition initiale mais l’écart est tel entre la perception par un jeune civil – même bien informé – de la vie dans l’armée de Terre et sa réalité dans toutes ses dimensions, y compris l’engagement personnel complet, qu’il y a un seuil incompressible. Nous souhaiterions que pas plus de 20 % des jeunes partent avant ces six mois ; nous nous situons plutôt à 25 %, mais cela reste correct », a indiqué le général Schill.

Mais pour le CEMAT, « ce qui compte le plus, c’est le rapport entre le nombre de jeunes qui renouvellent leur contrat au-delà de la première période de cinq ans et ceux ayant intégré l’armée de Terre ». Et « si un peu plus d’attrition initiale se traduit par des renouvellements nombreux – ils sont aujourd’hui à 80 % – le système est à l’équilibre. Pour nos militaires du rang, nous souhaiterions une durée moyenne de service de sept ans. Nous en sommes à six ans et demi », a-t-il expliqué.

Cela étant, davantage de contrats renouvelés signifie mécaniquement des besoins moins importants en matière de recrutement. Et c’est ce qu’il va se passer l’an prochain. « Une meilleure fidélisation et un plus grand nombre de renouvellements de contrats par nos militaires du rang et nos sous-officiers nous permettront, l’an prochain, de réduire de 1500 le nombre des recrutements, qui s’élèvera à 14’000 », a en effet indiqué le général Schill.

Et « sur ces 1500 recrutements en moins, on estime que 1000 sont liés aux effets bénéfiques de la prime de lien au service et 500 à l’effet COVID. Nous ferons tout pour que celui-ci se transforme en une véritable adhésion », a précisé le CEMAT, pour qui « l’armée de Terre est […] à la fois jeune et expérimentée, c’est-à-dire dynamique et solide », avec une moyenne d’âge de 32 ans [et de 28 ans eu sein des régiments].

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