Le satellite militaire français de télécommunications Syracuse 4A a été lancé avec succès par une fusée Ariane 5

C’est avec un léger retard de 24 heures, dû à des vérifications complémentaires sur l’équipement de soutien au sol, le vol VA255 de la fusée Ariane 5 a décollé avec succès du Centre spatial de Guyanais [CSG] dans la nuit du 23 au 24 octobre, avec à son bord deux satellites de télécommunications fabriqués par Thales Alenia Space, dont le SES-17 et le Syracuse 4A [*], ce dernier devant être mis en oeuvre par le ministère des Armées.

« J’adresse mes félicitations aux équipes étatiques et industrielles qui ont fait de ce lancement un succès. Syracuse 4 est un programme majeur qui participe à la modernisation de nos capacités spatiales françaises de défense, déterminante pour notre souveraineté. La France tient son rang de nation spatiale », a commenté Florence Parly, la ministre des Armées.

Actuellement, les communications des forces françaises reposent en partie sur les satellites Syracuse 3A et 3B, mis en service dans les années 2000. Ils seront donc remplacés par ceux de la constellation Syracuse 4, qui comptera, à terme, trois satellites d’ici 2030, le dernier devant être optimisé pour les plateformes aéronautiques.

Pour rappel, le coup d’envoi de ce programme, alors appelé COMSAT NG [Communications par satellites de nouvelle génération], avait été donné en décembre 2015 par la Direction générale de l’armement [DGA], laquelle notifia deux marchés à Thales Alenia Space et à Airbus Defence & Space pour la réalisation des satellites Syracuse 4A et 4B, des prestations de soutien pendant 17 ans à compter de la mise sur orbite du premier engin et la conception du « segment sol de contôle » ainsi que celle des « antennes principales au sol nécessaires à leur utilisation ». Le tout pour un coût total de 3,6 milliards d’euros.

D’une masse de 3850 kg, Syracuse 4A est le premier satellite militaire à propulsion électrique en Europe. « Ce mode de propulsion
innovant, basé sur des moteurs électriques à plasma, est issu d’un savoir-faire français et représente une avancée technologique majeure pour l’industrie spatiale », explique la DGA.

Et d’ajouter : « Ses atouts sont nombreux : utilisée en remplacement de la propulsion chimique, la propulsion électrique, nécessitant moins de carburant à bord pour une même durée de vie, permet d’augmenter significativement la capacité d’emport du satellite, et donc sa charge utile de communication. C’est en particulier grâce à cette technologie que les satellites pourront émettre dans deux bandes de fréquence différentes ».

Les satellites Syracuse 4A et 4B offiront en effet un débit en bande X et bande ka militaire de l’ordre de 3 à 4 Gb/s [soit un débit trois fois plus élevé que celui offert par Syracuse 3A et 3B, ndlr] ainsi qu’une meilleure résistance aux menaces cybernétiques, aux impulsions électromagnétiques et au brouillage. Celui qui vient d’être lancé est d’ailleurs doté d’équipements de surveillance de son environnement et d’une capacité de déplacement pour contrer une éventuelle agression.

En 2016, lors d’une audition parlementaire, le général Jean-Daniel Testé, qui était alors à la tête du Commandement interarmées de l’Espace, avait révélé que l’un des deux satellites Syracuse 3 avait été approché par un autre engin de « plus petite taille ». Deux ans plus tard, Mme Parly révéla que le satellite militaire franco-italien Athena-Fidus avait connu une aventure similaire, celui-ci ayant été espionné par Loutch-Olimp, un « satellite butineur » russe.

Au-delà des possibles « agressions » en orbite, le débit offert par cette nouvelle constellation de satellites est capital, compte-tenu de l’évolution des modes d’engagements [déploiements rapides sur des zones très étendues] et la numérisation de l’espace de bataille.

La mise en orbite de ces satellites n’est qu’une partie de ce programme… Car, pour exploitement pleinement les capacités qu’ils offriront, il faut disposer de stations au sol [ou utilisateurs] performantes. Aussi, 400 équipements de ce type seront déployés au sein des trois armées. « Plus puissantes, plus sécurisées et mobiles, elles offriront la possibilité de connecter un plus grand nombre d’utilisateurs en simultané et permettront aux forces de communiquer dans les zones les plus isolées », explique le ministère des Armées.

La Marine nationale et l’armée de Terre seront les premières servies, afin d’équiper, d’ici 2023, les « principaux navires de surface, les sous-marins de type ‘Suffren’ et de nombreux véhicules du programme SCORPION ». Et « pour la première fois, des aéronefs disposeront d’une capacité de communication militaire souveraine par satellite, à commencer par l’avion ravitailleur MRTT Phénix », souligne le ministère.

Cela étant, il faudra patienter un peu pour que le satellite Syracuse 4A soit déclaré pleinement opérationnel. Il faudra en effet sept mois pour atteindre son orbite géostationnaire à 36’000 km d’altitude, puis il sera soumis à des tests pendant deux autres mois. Il sera rejoint par Syracuse 4B l’an prochain. Quant au troisième prévu – Syracuse 4C – sa commande est prévue par la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25. À noter que la durée de vie minimum de ces engins est de 15 ans.

« Ce lancement est une illustration concrète du renforcement de nos moyens spatiaux militaires porté par la Loi de programmation militaire 2019-2025. Cette ambition a été réaffirmée par la nouvelle stratégie spatiale de défense annoncée […], avec 700 millions d’euros supplémentaires d’ici à 2025, portant à 4,3 milliards les investissements […] dans le domaine spatial. Elle s’est d’ores et déjà traduite par le lancement du programme ARES dédié aux systèmes de surveillance de l’espace et de défense de nos satellites, et la mise en place du nouveau Commandement de l’espace », rappelle le ministère des Armées.

[*] SYRACUSE : SYstème de RAdioCommunication Utilisant un SatellitE

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