Sous-marins australiens : Pour le chef de la diplomatie de l’UE, l’incident avec les États-Unis est « clos »

Dans un rapport publié en juillet, le Sénat avait identifié au moins plusieurs « risques » au sujet de la Boussole stratégique européenne, dont la France veut en faire un marqueur de sa présidence de l’Union européenne [UE]. Ainsi, un premier risque serait que ce document, qui se veut être un « livre blanc » de la défense à l’échelle des 27 États membres, soit peu ambitieux… Ou, au contraire, qu’il soit trop ambitieux pour être suivi d’effet.

Un autre écueil possible serait que la France soit perçue comme étant « à la manoeuvre » par ses partenaires. Aussi, estimèrent les rapporteurs, elle « devra se garder de suivre son penchant pour les
déclarations spectaculaires et la promotion des concepts. Ce faisant, elle n’aboutirait qu’à indisposer ses partenaires et à handicaper la démarche ».

Enfin, un autre risque évoqué est que cette « boussole stratégique » soit « calée sur les besoins de l’Otan », qui, de son côté, et dans le même temps, finalise son Agenda Otan 2030. « Il est à craindre que le niveau d’ambition de la boussole stratégique soit en partie entre les mains des États-Unis. En effet, les signaux qu’ils enverront en matière de champ laissé à une certaine autonomie de l’UE feront, jusqu’au bout du processus, l’objet d’une interprétation très suivie par les États membres les plus atlantistes », lit-on dans ce rapport du Sénat.

Qu’en sera-t-il vraiment? Il est évidemment trop tôt pour le dire… En tout cas, les réactions suscitées par l’affaire des sous-marins australiens pourraient donner quelques éléments de réponse.

Pour rappel, Canberra a rompu un accord portant sur l’acquistion de 12 sous-marins conventionnels auprès du français Naval Group pour se procurer des modèles à propulsion nucléaire auprès de Washington et de Londres, dans le cadre d’une nouvelle alliance qui, appelée « AUKUS », a été négociée dans le secret le plus absolu. Ce qui donné lieu à une brouille diplomatique – inédite – entre la France, les États-Unis et l’Australie.

Depuis, le président américain, Joe Biden, a eu un échange téléphonique avec Emmanuel Macron, son homologue français. Et si les deux hommes sont convenus d’avoir une tête-à-tête lors du prochain sommet du G20, le locataire de la Maison Blanche a déjà reconnu, comme l’a récemment rappelé Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères, la « nécessité d’une défense européenne plus forte » ainsi que « l’importance stratégique de l’engagement de la France et de l’Union européenne dans la zone indo-pacifique ». Enfin, il est question d’un renforcement de l’appui apporté par les États-Unis aux « opérations antiterroristes conduites par les États européens, notamment dans la région du Sahel ».

Est-ce à dire que le « coup dans le dos » est de l’histoire ancienne? Elle semble l’être, en tout cas, pour Josep Borrell, le Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité. Celui-ci avait déjà estimé que la décision de l’Australie de renoncer aux sous-marins français était « rationnelle ». Le 15 octobre, depuis Washington, il est allé plus loin en affirmant que « l’incident » entre l’UE et les États-Unis au sujet de cette affaire est désormais « clos ».

« Nous n’allons pas être masochistes et insister encore et encore sur nos problèmes, nous devons les surmonter et regarder vers l’avenir », a en effet déclaré M. Borell à la presse, après avoir rencontré Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine. « Il y a eu un incident, il y a eu quelques malentendus, il y a eu un manque de communication, tout cela a déjà été dit », a-t-il continué. Mais « c’est bon, c’est fini, allons de l’avant. Et commençons à travailler ensemble plus étroitement », a-t-il conclu.

Si, effectivement, Français et Américains cherchent à rétablir une confiance « torpillée » par l’annonce de l’Alliance AUKUS [Australie, Royaume-Uni et États-Unis], M. Borell a aussi estimé qu’il « est clair que la volonté de coopérer et de bâtir un partenariat plus équilibré est, pour les deux camps, la pierre angulaire de ce nouveau partenariat ».

Enfin, le Haut représentant a aussi salué le lancement à venir d’un dialogue entre les États-Unis et l’UE sur la sécurité et la défense ainsi que la décision de Washington d’organiser, d’ici la fin de cette année, des « consultations de haut niveau sur l’Indo-Pacifique.

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