La marine iranienne s’aventure dans l’océan Atlantique pour la première fois

Ces dernières années, l’Iran fit part, à plusieurs reprises, de son intention d’envoyer des navires à proximité des eaux territoriales des États-Unis. En janvier 2014, la marine iranienne annonça même le départ imminent de la frégate Sabalan et du navire logistique Kharg pour une mission devant durer trois mois. Seulement, aucun de ces bateaux ne navigua dans l’océan Atlantique, leur mission ayant été finalement annulée.

Mais ce n’était que partie remise… Fin mai, il a en effet été avancé que deux bâtiments iraniens, dont la très récente frégate Sahand [entrée en service en 2018] et l’IRINS Makran, un ancien cargo reconverti en navire polyvalent pouvant être armé de missiles Abu Mahdi et Ghadir, naviguaient le long de la côte orientale de l’Afrique pour se diriger probablement vers le cap de Bonne Espérance… et donc l’Atlantique Sud.

Alors que le Kharg venait de faire naufrage après avoir été la proie des flammes, le 2 juin, des images satellite produites par Maxar et publiées par USNI News permirent de constater le présence de sept vedettes lance-missiles de type Peykaap II sur le pont de l’IRINS Makran. D’où les interrogations sur la nature de la mission de ces deux navires iraniens ainsi que sur leur destination.

De son côté, le gouvernement iranien se garda de faire le moindre commentaire au sujet de ses deux navires, si ce n’est que son porte-parole souligna le droit de la marine iranienne « à naviguer là où le droit international le permet ». Finalement, il aura attendu le 10 juin pour confirmer la présence de la frégate Sahand et de l’IRINS Makran dans l’océan Atlantique, avec des images à l’appui.

Les deux navires « ont quitté le port de Bandar Abbas le mois dernier », a ainsi déclaré l’amiral Habibollah Sayyari, le numéro deux des forces iraniennes, avant de décrire leur mission comme « le voyage le plus long et le plus difficile de la marine iranienne à ce jour. »

Et d’ajouter, avant de préciser qu’aucune escale n’était au programme des navires : « La marine améliore sa capacité de navigation et prouve sa durabilité à long terme dans les mers défavorables et les conditions météorologiques difficiles de l’Atlantique. »

En outre, dans une vidéo publiée par la chaîne iranienne Presse TV, un officier iranien a précisé, sur une carte, la route que sont supposés emprunter les deux navires. Ainsi, après avoir franchi le cap de Bonne Espérance, ils doivent longer les côtes africaines pour ensuite se diriger vers le détroit de Gibraltar… ou le golfe de Gascogne. En tout cas, il n’est a priori pas question qu’ils aillent vers le continent américain. Sauf que, cela ne repond pas à la question de savoir ce que font les vedettes de type Peykaap II à bord de l’IRINS Makran, lequel est par ailleurs susceptible de transporter d’autres types d’équipements militaires dans ses soutes.

Pour les États-Unis, l’hypothèse la plus probable est que l’objectif de cette mission iranienne est de livrer de l’armement au Venezuela, pays qui entretient des relations étroites avec l’Iran. Dont, peut-être, des missiles balistiques.

« Il existe des informations de services de renseignement internationaux qui montrent que la dictature de Nicolas Maduro est intéressée à acquérir des missiles à moyenne et longue portée auprès de l’Iran », avait accusé l’an passé, Ivan Duque, le président colombien.

Cette hypothèse a été évoqué à demi-mots par Lloyd Austin, le chef du Pentagone, lors d’une audition parlementaire, le 10 juin. « Je suis très préoccupé par la prolifération des armements, toutes sortes d’armements, dans notre région », a-t-il, en réponse à une question concernant les deux navires iraniens. Et de préciser qu’il donnerait plus de détails à huis clos…

Par ailleurs, le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price, n’a pas remis en cause le droit de la marine iranienne d’envoyer des navires dans l’océan Atlantique, au nom de la liberté de navigation. En revanche, « si l’Iran tentait de transférer des armes ou d’autres équipements illégaux, nous tiendrions l’Iran pour responsable, et nous ferions tout notre possible pour tenter de l’éviter avant même que cela se passe », a-t-il prévenu, sans plus de précisions.

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