Mali : La force Barkhane élimine un important cadre jihadiste lors d’une action de combat à Aguelhoc

Après les annonces faites le 10 juin par le président Macron au sujet de l’avenir de l’opération Barkhane, le ministère des Armées a tenu à insister sur le fait que la France « restera fortement engagée aux côtés des États du G5 Sahel dans leur lutte contre les groupes armés terroristes [GAT], qui reste une priorité absolue » et qu’elle « conservera un dispositif militaire significatif pour, avec ses partenaires européens et américain, accompagner, appuyer et soutenir les forces sahéliennes. »

« L’état final recherché, c’est de réduire nos emprises, de réduire la logique opération extérieure, de garder un pilier de lutte contre le terrorisme avec des forces spéciales et un pilier de coopération avec nos partenaires, nous avons déjà des structures existantes que nous allons compléter », avait expliqué, la veille, M. Macron.

Le calendrier et les modalités de cette « transformation » du dispositif militaire français au Sahel devraient être précisés par le locataire de l’Élysée d’ici la fin du mois. Mais d’après une source citée par l’AFP, l’effectif des forces françaises pourrait être divisé par deux, soit à environ 2.500 hommes en 2023. Ce qui permettra de garder des « moyens de réassurance » sur le terrain [c’est à dire des chasseurs-bombardiers, des hélicoptères et des drones], de mener des missions de renseignement, de continuer l’accompagnement des forces locales [via le groupement européen Takuba] et d’assurer les fonctions cruciales liées au soutien.

Cela étant, cette évolution ne sera pas sans conséquence sur la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali [MINUSMA], dont les Casques bleus sont régulièrement pris pour cibles par les groupes jihadistes, comme cela aurait pu être le cas le 5 juin dernier, à Aguelhoc [nord du Mali] si la force Barkhane n’était pas intervenue à temps pour la déjouer.

En effet, raconte l’État-major des armées [EMA] dans son dernier compte-rendu des opérations, lors d’une opération visant à dégrader les capacités d’action du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM] dans le secteur, les militaires français ont « mené une action de combat » avec l’appui d’hélicoptères contre un rassemblement de combattants jihadistes qui s’apprêtaient à donner un nouvel assaut contre la base de la MINUSMA.

« Quelques » jihadistes ont été « neutralisés ou capturés », précisé l’EMA. En outre, deux mortiers de 120 mm, des obus, un lance-roquettes, des armes légère, trois motos, un pick-up, des composants pour confectionner des engins explosifs improvisés [EEI] et du matériel de communication ont été saisis.

Or, parmi ces jihadistes mis hors d’état de nuire se trouvait un certain Baye ag Bakabo. Son identité a été confirmée ce 11 juin par le ministère des Armées, qui rappelle que cet individu était un « cadre terroriste considéré comme le responsable de l’enlèvement et de l’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, journalistes de RFI, à Kidal le 2 novembre 2013. »

Cependant, Baye ag Bakabo n’était a priori pas le seul commanditaire de l’enlèvement des deux journalistes de RFI. Le nom de Sedane Ag Hita, alias Abou Abdel Hakim al-Kidali, est également cité. Cet ancien sous-officier des forces armées maliennes [FAMa], porté déserteur depuis 2006, est probablement le second d’Iyad Ag Ghali, le chef du GSIM, dont la capture [ou la neutralisation] est la priorité n°1 des forces françaises, comme l’a rappelé récemment le général Éric Vidaud, le commandant des opérations spéciales [COS].

Pour rappel, le 2 avril dernier, des combattants du GSIM tentèrent d’attaquer ce camp, défendu par des soldats tchadiens. La réaction de ces derniers a permis de mettre en échec les assaillants, qui laissèrent une quarantaine des leurs sur le terrain, dont Abdallaye Ag Albaka, l’un des principaux lieutenants d’Ag Ghali.

Puis, le 6 juin, près de la localité de Tin Zaoutène [ou Ti-n-Zaouâtene], situé à l’est d’Aguelhoc, à la frontière avec l’Algérie, une nouvelle action de combat conduite par Barkhane a permis de « capturer » des jihadistes « proches de la structure de commandement » du GSIM. C’est à dire des cadres importants de cette organisation. Pour le moment, aucune information sur leur identité n’a été donnée.

« Je salue les militaires de l’opération Barkhane qui ont mené cette mission de réassurance au profit des forces partenaires, et dont le résultat illustre l’une des principales priorités de la France au Sahel : faire tomber les principaux chefs des groupes terroristes qui sévissent dans la région, le RVIM [ou GSIM] lié à Al Qaïda, et l’EIGS [État islamique au grand Sahara, ndlr] lié à Daesh », a réagi Florence Parly, la ministre des Armées, dans le communiqué annonçant la mort de Baye ag Bakabo.

Photo : État-major des armées

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