Pour la Royal Air Force, l’A400M Atlas peut aussi être un avion de surveillance maritime

Avec sa sortie de l’Union européenne [Brexit], le Royaume-Uni ne sera plus partie prenante aux Règlements de Dublin, relatifs au droit d’asile, qu’il estime « inflexibles et rigide ». Ce qui, selon Boris Johnson, le Premier ministre britannique, lui permettra d’éborer une nouvelle politique en la matière.

Mais en attendant, l’immigration clandestine vers la Grande Bretagne ne faiblit pas. Ainsi, depuis le début de l’année, plus de 4.000 migrants ont réussi la traversée – extrêmement dangereuse en raison du trafic maritime – de la Manche depuis les côtes françaises. Et le phénomène s’est même accentué, entre les 6 et 9 août, avec 597 nouvelles arrivées. Un niveau record. Et c’est sans compter ceux qui ont été interceptés par les gardes-côtes britanniques.

« Ces chiffres sont honteux. La France et les autres États membres de l’UE sont des pays sûrs. Les vrais réfugiés devraient y demander l’asile, et non pas risquer leur vie et enfreindre la loi en venant au Royaume-Uni. Je travaille à rendre cette route impraticable », a affirmé Priti Patel, la ministre britannique de l’Intérieur, via Twitter, le 8 août.

« Il ne fait aucun doute qu’on assiste aux activités de gangs cruels et criminels qui risquent la vie de ces gens en leur faisant traverser la Manche, un bras de mer très dangereux sur des embarcations potentiellement inappropriées pour la navigation en mer », a commenté, deux jours plus tard, Boris Johnson. « Nous voulons y mettre fin, de concert avec la France, et nous assurer qu’ils comprennent que ce n’est pas une bonne idée, c’est une très mauvaise idée, stupide, dangereuse et criminelle », a-t-il ajouté.

Pourtant, plusieurs mesures ont déjà été prises par Paris et Londres, l’une des dernières en date étant la création d’une cellule franco-britannique de renseignement chargée d’identifier les réseaux de passeurs qui, selon Gérald Darmanin, le ministre français de l’Intérieur, « profitent de la détresse humaine des personnes qui veulent traverser la Manche et qui, sans doute aujourd’hui, ne sont pas encore assez sanctionnés. »

Ce dossier a fait l’objet d’un déplacement à Paris de Chris Philp, secrétaire d’État britannique à l’Immigration. « Nous avons réaffirmé notre engagement partagé et inébranlable de faire en sorte que cette traversée de la Manche soit impraticable », a-t-il dit, à l’issue d’une réunion avec des « homologues français ». Et d’ajouter : « Si nous pouvons rendre cette voie impraticable, ce que nous sommes déterminés à faire, alors les migrants n’auront plus aucune raison de venir en France. »

Rendre la traversée de la Manche « impraticable » : telle est la mission confiée par Mme Patel à Dan O’Mahoney, un ancien des Royal Marines. Pour cela, il a demandé le concours de la Royal Navy [déjà sollicitée en janvier 2019 pour des patrouilles « dissuasives »… mais qui compte ses navires] et de la Royal Air Force, qui y a répondu favorablement.

On aurait pu penser que cette dernière allait engager son nouvel avion de patrouille maritime P-8A Poseidon, dont la première mission opérationelle, réalisée le 7 août, a consisté à suivre le patrouilleur hauturier russe Vasily Bykov en mer du Nord. Ou encore un avion léger de renseignement comme le Shadow R1, voire un drone [les gardes-côtes britanniques y ont déjà recours].

Mais la RAF va utiliser un autre type d’appareil, en l’occurrence un A400M Atlas, conçu pour transporter jusqu’à 37 tonnes de fret et non pour faire de la surveillance maritime.

« Le déploiement de l’A400M permet d’avoir un large champ de vision sur une zone étendue », explique la RAF. Mais une autre raison tient surtout au fait qu’il « représente l’utilisation la plus efficace des ressources disponibles. » Est-ce à dire qu’aucun autre appareil n’est en mesure de faire ce travail?

Cela étant, aux îles Falklands [ou Malouines] les A400M de la Royal Air Force sont susceptibles d’être sollicités pour des missions de recherche et de sauvetage [Search & Rescue] étant donné qu’ils peuvent être amenés à larguer des kits gonflables [Air Sea Rescue Apparatus – ASRA] par leur rampe arrière. Il est même question d’en faire des plateformes, rudimentaires, de commandement et contrôle [C2].

Quoi qu’il en soit, et bien qu’il n’ait aucun capteur spécifique pour cela [sauf les yeux de son équipage], l’A400M aura donc la mission de surveiller le trafic en Manche et de transmettre tout renseignement utile directement aux gardes-côtes, ce qui « rendra les interceptions de bateaux plus rapides ». La « Border Force pourra alors prendre les mesures les mieux appropriées à la situation, tout en respectant le droit maritime », explique le communiqué de la RAF.

Photo : Royal Air Force

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