L’US Air Force améliore encore les capacités de ses avions espions U-2 « Dragon Lady »

Pendant un temps, le sort de l’avion espion U-2 « Dragon Lady », dont la conception remonte aux années 1950, semblait scellé : pour l’US Air Force, qui cherchait des économies en voulant retirer du service ses appareils les plus anciens, avait estimé que le drone HALE [Haute Altitude Longue Endurance] RQ-4 Global Hawk pouvait très bien rependre ses missions. En conséquence, son retrait était programmé pour 2019.

Seulement, les élus du Congrès ne furent pas de cet avis. Certes, un U-2 ne pouvait pas rivaliser avec le RQ-4 Global sur le plan de l’autonomie, le drone conçu par Northrop-Grumman pouvant voler pendant plus de 30 heures.

En revanche, cet avion espion emblématique avait d’autres atouts, comme celui de pouvoir emporter une charge utile deux fois plus importante. Ou encore celui d’être en mesure de faire fonctionner plusieurs capteurs – qui plus est plus performants que le RQ-4 – à la fois. Et, surtout, il n’était pas dépendant d’une liaison satellite pour fonctionner, ce qui lui permettait de voler par n’importe quel temps. Quant à ses performances, elles lui étaient suffisantes pour évoluer au-dessus d’environnements contestés [à plus de 70.000 pieds].

Finalement, en 2017, le Congrès fit entendre raison aux responsables de l’aviation américaine. D’autant plus que la perspective d’une hausse sensible du budget alloué au Pentagone allait faciliter le maintien de cet appareil. « Nous prévoyons de garder cette plate-forme dans le futur » car « c’est une capacité dont nous avons besoin » étant donné que « le monde a changé depuis 2014 », avait annoncé le général James Martin, alors sous-secrétaire adjoint de l’US Air Force pour le budget.

Désormais, il est question de conserver 31 U-2 [dont quatre d’entraînement] au moins jusqu’en 2025. Et ces appareils continueront d’être mis à niveau, tant au niveau de leur avionique que de leurs capteurs.

Justement, s’agissant de leurs capacités, Lockheed-Martin, en collaboration avec Collins Aerospace Systems, a indiqué avoir terminé les essais et le déploiement d’une nouvelle version de sa caméra électro-optique, appelée SYERS-2C [Senior Year Electro-Optical Reconnaissance System].

Le U-2 était déjà très performant avec les versions précédentes de cette caméra, capable de prendre des images à très longue distance en combinant des capteurs électroniques lui permettant de « voir » à la fois dans la bande infrarouge à ondes moyennes [MWIR] et dans la bande infrarouge à ondes courtes [SWIR]. Avec le SYERS-2C, ses capacités seront donc encore significativement accrues.

« Premier capteur d’imagerie de renseignement, de surveillance et de reconnaissance, le SYERS-2C améliore encore la capacité de l’U-2 Dragon Lady à fournir des renseignements stratégiques inégalés à nos combattants », a fait valoir Irene Helley, directrice du programme U-2 au sein de l’unité Skunk Works de Lockheed Martin. « Cette étape continue notre engagement à accroître la flexibilité de l’avion en utilisant des systèmes de mission ouverts pour soutenir l’espace de combat multi-domaines », a-t-elle ajouté.

Les performances exactes du SYERS-2C n’ont pas été dévoilées. Si ce n’est que Collins Aerospace a précisé qu’il s’agit d’un « capteur à haute résolution spatiale à dix bandes [spectrales?] » qui offre une « capacité inégalée pour trouver, suivre et évaluer les cibles mobiles et fixes. » Et qu’il a été développé « avec des normes de systèmes de mission ouvertes pour permettre […] l’échange de données avec des plates-formes de 5e génération. »

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