Un fervent partisan de M. Trump a été nommé directeur national du renseignement américain

Officier du corps des Marines ayant fait preuve d’un courage certain lors de la guerre du Vietnam devenu par la suite directeur du FBI [Federal Bureau of Investigation] après une carrière d’avocat, le procureur spécial Robert Mueller ne fait pas de politique dans le sens où il se garde de dire ce que les élus de tout bord voudraient entendre. Ainsi en a-t-il été dans le cadre de son enquête sur les ingérences russes dans la course à la Maison Blanche de 2016.

Ainsi, lors d’une audition au Congrès, très attendue par les élus démocrates, M. Mueller n’a pas fait de déclaration fracassante, au grand dam de certains. Et il n’a fait que répéter ce que contient son rapport de 448 pages. À savoir que la Russie s’est ingérée dans l’élection présidentielle de 2016 « de manière généralisée et systématique » et que son enquête « n’a pas établi que les membres de la campagne [du candidat Donald Trump] ont conspiré avec le gouvernement russe dans ses activités d’ingérence. »

« Nous n’avons pas enquêté sur une ‘collusion’, qui n’est pas un terme juridique. Mais nous nous sommes concentrés sur le fait de savoir si les preuves étaient suffisantes pour inculper tout membre de la campagne [de M. Trump] pour sa participation à une conspiration criminelle. Il n’y en avait pas », a poursuivi M. Mueller. Cependant, bien que son rapport ne conclue pas que le président Trump a commis un crime, il ne l’exonère pas non plus.

Pour autant, lors de son audition, M. Mueller a eu maille à partir avec John Ratcliffe, un élu républicain du Texas d’une loyauté sans faille à l’égard du président Trump. Et ce dernier l’a d’ailleurs choisi, le 28 juillet, pour remplacer Dan Coats, alors démissionnaire de son poste de Directeur national du renseignement américain.

Bien que membre du Parti républicain, Dan Coats s’est lui aussi gardé de faire de la politique en servant sur un plateau ce que le président Trump aurait aimé entendre. Et c’est d’ailleurs pour cette raison que, à plusieurs reprises, il s’est trouvé en contradiction avec le chef de la Maison Blanche, que ce soit sur le dossier nord-coréen, l’ingérence russe dans l’élection de 2016, le programme nucléaire iranien ou encore l’état de la menace incarnée par la mouvance jihadiste [al-Qaïda et État islamique].

Et cela avait valu à la communauté américaine du renseignement une volée de bois vert de la part du président Trump.

« Les membres des services de renseignement semblent être extrêmement passifs et naïfs concernant les dangers que représente l’Iran. Ils ont tort! Méfions-nous de l’Iran. Les membres des services de renseignement devraient peut-être retourner à l’école! », s’était déchaîné le chef de l’exécutif américain, via Twitter.

En outre, Dan Coats avait publiquement désapprouvé la rencontre entre MM. Trump et Poutine à Helsinki, en juillet 2018. Les deux hommes avaient eu un entretien en tête-à-tête [hormis la présence des interprètes, ndlr]. À l’issue, le président américain avait désavoué ses propres services de renseignement, avant de faire un rétropédalage dans les règles… « S’il m’avait demandé comment cela devait être mené, j’aurais suggéré une autre manière », avait déclaré, trois plus tard, le désormais ex-DNI.

Reste maintenant à voir l’attitude qu’aura M. Ratcliffe à l’égard de la politique de M. Trump en tant que DNI… à la condition que sa nomination soit approuvée par le Congrès. En tout cas, la minorité démocrate du Sénat s’y opposera.

« Si les républicains du Sénat confirment une telle personnalité aussi partisane à un poste qui nécessite une expertise en matière de renseignemet et de l’impartialité, ce serait une grave erreur », a commenté Chuck Schumer, le chef de file des sénateurs démocrates. Et quand le politique cherche à influencer le renseignement et à lui faire dire ce qu’il n’est pas en mesure d’assurer, cela peut donner lieu à des erreurs d’appréciation tragiques

Quoi qu’il en soit, depuis que M. Trump est à la Maison Blanche, on assiste à une valse des responsables de la défense, de la sécurité, de la diplomatie et du renseignement… Notamment avec les démissions de James Mattis [Pentagone] et de Dan Coats ou encore les départs des généraux Michael Flynn et H.R MacMaster [alors conseillers à la sécurité nationale] ou encore le remplacement de Mike Pompeo [parti au département d’État pour succéder à Rex Tillerson] par Gina Haspel à la tête de la CIA.

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